
Le ministre des Finances britannique a démissionné

Le temps semblait compté pour Kwasi Kwarteng. Il est remplacé par Jeremy Hunt, une figure du parti Conservateur et ancien ministre des Affaires étrangères qui a soutenu Rishi Sunak pour la succession de Boris Johnson. Le désormais ex-ministre des Finances britanniques, qui est rentré en urgence des réunions du Fonds monétaire international avec un jour d’avance pour rencontrer Liz Truss, la Première ministre, a annoncé vendredi sa démission sur Twitter. L’information avait été révélée plus tôt par la BBC.
«Vous m’avez demandé de me mettre de côté en tant que Chancelier (de l'échiquier). J’ai accepté», a écrit Kwasi Kwarteng dans sa lettre de démission, publiée sur son compte Twitter.
Ce dernier était sous pression depuis la chute des marchés de taux britanniques et de la livre provoquée par l’annonce d’un projet de budget marqué par d’importantes baisses d’impôts financées par endettement. Les dégâts provoqués par la forte volatilité des Gilts sur les fonds de pension britanniques ont contraint la Banque d’Angleterre à agir en urgence par des achats de titres qui s’achèvent ce vendredi. Le secrétaire au Trésor Chris Philip Trésor a également démissionné et sera remplacé par Ed Argar.
Deuxième mandat le plus court
Parti moins de six semaines après sa désignation à ce poste, Kwasi Kwarteng a désormais à son actif le deuxième mandat à la tête du ministère des Finances britannique le plus court après celui de Iain Macleod, en 1970, qui succomba à une attaque cardiaque après 30 jours en fonction. Kwasi Kwarteng était le quatrième chancelier de l’Echiquier depuis 2019.
L’abandon de la baisse de la tranche marginale d’impôts sur le revenu en début de semaine passée n’a pas suffi à calmer la colère des investisseurs et des membres du parti Conservateurs au pouvoir. Liz Truss, qui est à l’origine de ce budget, a annoncé lors d’une conférence de presse vendredi renoncer au gel du taux d’impôt sur les sociétés. Il augmentera bien de 19% à 25% en avril prochain, comme prévu par Boris Johnson.
Sur le marché, les rendements des Gilts sont repartis à la hausse après s'être détendus jusqu’en début d’après midi. Celui à 30 ans monte de 12 pb, à 4,67% et celui à 10 ans de 6 pb, à 4,26%. La livre sterling recule, à 1,119 dollar.
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Katmandou - Au moins 16 personnes ont été tuées et une centaine blessées lundi dans la capitale népalaise Katmandou, lorsque la police a dispersé une manifestation contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. «Seize personnes sont malheureusement décédées selon un décompte auprès des hôpitaux. Une centaine d’autres ont été hospitalisées, dont des policiers», a annoncé à l’AFP un porte-parole de la de la police, Shekhar Khanal. Des affrontements étaient toujours en cours en fin d’après-midi dans les rues de Katmandou, où la police tentait de disperser le dernier carré des protestataires, selon des journalistes de l’AFP. Le gouvernement du Premier ministre KP Sharma Oli devait se réunir en urgence en soirée pour faire le point de la situation. Les forces de l’ordre sont intervenues lorsqu’une foule de plusieurs milliers de personnes s’est rapprochée du Parlement, dont elles avait bloqué l’accès, notamment avec des barbelés. Certains manifestants ont alors tenté de franchir le cordon de sécurité mis en place par la police. «Nous avons utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau quand les manifestants ont pénétré dans la zone interdite», a justifié auprès de l’AFP le porte-parole de la police. Selon des témoignages anonymes publiés par les médias locaux, la police a tiré à balles réelles sur la foule pour la contenir. L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer immédiatement ces informations. Au moins trois des victimes ont succombé à leurs blessures à l’Hôpital civil de Katmanadou tout proche, qui a accueilli plus de 150 blessés, selon une porte-parole de l'établissement, Ranjana Nepal. «Je n’ai jamais vu un tel chaos à l’hôpital», a-t-elle dit à l’AFP. «Les gaz lacrymogènes se sont propagés dans les locaux et ont rendu difficile le travail des médecins». «Pratiques autoritaires» Le ministère népalais de la Communication et des Technologies de l’information a annoncé jeudi avoir ordonné le blocage de 26 plateformes, dont Facebook, Youtube, X et Linkedin, qui ne se sont pas enregistrées auprès de lui dans les délais. En application d’un arrêt rendu en 2023 par la Cour suprême, le ministère exige qu’elles nomment un représentant local et une personne chargée de la régulation de leurs contenus. Cette décision, qui a continué lundi à perturber de nombreuses activités, a convaincu de nombreux usagers en colère de descendre dans la rue. Les manifestants se sont rassemblés dans la matinée en brandissant des drapeaux nationaux et en chantant l’hymne national, avant de lancer des slogans hostiles au gouvernement. «Nous sommes là pour dénoncer le blocage des réseaux sociaux mais ce n’est notre seule motivation», a déclaré à l’AFP un étudiant, Yujan Rajbhandari, 24 ans, «nous dénonçons aussi la corruption institutionnalisée au Népal». «Cette décision traduit les pratiques autoritaires du gouvernement et nous voulons que ça change», a renchéri un autre, Ikshama Tumrok, 20 ans. Depuis l’entrée en vigueur du blocage, les plateformes encore en service, comme Tik Tok, sont inondées de vidéos mettant en cause la vie luxueuse des enfants de responsables politiques. «Il y a eu des mobilisations contre la corruption partout dans le monde, ils (nos dirigeants, ndlr) redoutent qu’il en soit de même ici», a commenté un autre protestataire, Bhumika Bharati. Dans une déclaration publiée dimanche, le gouvernement a démenti vouloir grignoter les libertés de pensée et d’expression et affirmé que sa décision visait à créer «un environnement destiné à leur protection et à leur libre exercice». Il a répété que le fonctionnement des plateformes visées serait rétabli sitôt le dépôt d’une demande d’enregistrement de leur part. Le blocage décrété jeudi n’est pas inédit. En juillet dernier, le gouvernement avait déjà suspendu la messagerie Telegram en raison, selon lui, d’une hausse des fraudes en ligne. Paavan MATHEMA © Agence France-Presse