
Le marché s’interroge sur les dissensions entre le Trésor et la Fed

Les principaux indices américains devraient ouvrir sur une note hésitante vendredi, les investisseurs évaluant l’impact du refus du secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, de prolonger plusieurs programmes de prêts d’urgence mis en place aux côtés de la Réserve fédérale (Fed) à l’approche de leur expiration prévue fin décembre.
Vers 12h20, le contrat à terme sur l’indice Dow Jones (DJIA) cédait 0,23% à 29.376 points tandis que celui sur l’indice élargi S&P 500 perdait 0,12% à 3.576 points. Dans le même temps, le contrat sur le Nasdaq 100, riche en valeurs technologiques, prenait 0,13% à 12.202 points. A Paris, le CAC 40 gagne 0,52%.
Déception à la Fed
Dans une lettre adressée jeudi soir au président de la Fed, Jerome Powell, Steven Mnuchin a indiqué que ces programmes mis en place pour lutter contre les répercussions de l'épidémie de coronavirus avaient «clairement atteint leur objectif», alors que les émissions obligataires ont retrouvé leurs niveaux d’avant-crise après l’effondrement constaté en mars. «Les banques sont en mesure de satisfaire aux besoins de crédit de leurs clients», a indiqué le secrétaire au Trésor. Le courrier demande même au président de la Fed de «retourner au Trésor les fonds inutilisés», ce qui permettrait au Congrès de «réaffecter 455 milliards de dollars», sans préciser si l’intention de l’administration Trump est de financer un plan de soutien d’urgence, notamment sur les indemnités de chômage complémentaires qui cessent prochainement, ou de mettre des bâtons dans les roues de la prochaine administration.
La banque centrale a fait part de sa déception et réagit rapidement face à cette décision. «La Réserve fédérale préférerait que l’ensemble des dispositifs d’urgence mis en place pendant la pandémie de coronavirus continuent à jouer leur rôle important de soutien à notre économie, encore fragile et vulnérable», indiqué son communiqué.
Les taux américains n’ont pas vraiment réagi, malgré la disparition potentielle de certains filets de sécurité, comme sur les rachats d’obligations d’entreprises. Dans ce contexte, «nous examinons les facteurs négatifs à court terme», remarque Paul Jackson, responsable de la recherche pour l’allocation des actifs d’Invesco. «Les marchés tentent de concilier cela avec les bonnes nouvelles à long terme concernant les vaccins», ajoute l’intermédiaire financier.
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"Soit il y a rupture, soit il y aura censure" annonce Jordan Bardella, après l'élection de Sébastien Lecornu
Strasbourg - Le Rassemblement national ne veut pas censurer immédiatement le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mais attend une «rupture» avec la politique menée jusqu’ici, a expliqué son président Jordan Bardella mercredi à Strasbourg. Le parti d’extrême droite ne compte pas censurer «a priori» mais d’abord «écouter le discours de politique générale» de M. Lecornu, a déclaré M. Bardella lors d’un point presse en marge d’une session plénière du Parlement européen. «Soit il y a rupture, soit il y aura censure», a-t-il résumé. Le Rassemblement national réclame notamment un durcissement de la politique migratoire et s’oppose à toute hausse de la fiscalité pour la «France qui travaille», a-t-il souligné. Jordan Bardella a aussi réclamé que parmi les premières mesures de Sébastien Lecornu soit actée l’opposition de la France au traité de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Après la chute de François Bayrou lundi lors d’un vote de confiance des députés, puis son remplacement à Matignon au bout de 24 heures par M. Lecornu, le chef du RN n’a toutefois «aucune illusion» et juge le bail du nouveau chef du gouvernement «très précaire». © Agence France-Presse -
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Paris - Au coeur du jeu politique, le Parti socialiste met la pression sur Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, et pose de strictes conditions pour ne pas le censurer, alors que La France insoumise l’accuse déjà de jouer les supplétifs de la macronie. Le patron des socialistes Olivier Faure sait que le nouveau Premier ministre a besoin de sa mansuétude pour ne pas être rapidement renversé, d’autant que le Rassemblement national a choisi de faire de la dissolution de l’Assemblée son nouveau cheval de bataille. Alors qu’Emmanuel Macron a lui-même enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de «travailler avec les socialistes», le patron du PS a déjà refusé de participer à un gouvernement avec le bloc central et Les Républicains. Hors de question également pour les socialistes de rejouer les «petits ajustements» de février dernier, lorsque le parti avait négocié avec François Bayrou sur le budget 2025, s’attirant les foudres du reste de la gauche. Première condition mise sur la table: que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer «que la méthode change» et faire des compromis. Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité. Le PS espère aussi obtenir de Sébastien Lecornu qu’il intègre dans le budget une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale. Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central. Pour le député Laurent Baumel, Sébastien Lecornu doit clairement montrer «qu’il a compris et qu'à travers lui le Président de la République a compris qu’il n’y a plus de totem, plus de tabou sur le bilan du macronisme». De quoi laisser pessimistes de nombreux socialistes. Certains plaident d’ailleurs pour une censure directe, sans aucune négociation. Cette fois «un accord avec nous sera super cher. Nous ferons payer 1.000 balles les billets de 10 balles», promet le député (PS) de l’Eure Philippe Brun. «Humiliés» En février, le texte sur la table sortait de la commission mixte paritaire députés/sénateurs. «On ne pouvait par rajouter des mesures, mais juste enlever» les plus irritantes. «Là on part d’une copie blanche», explique-t-il. «La dernière fois on a été humilié, bafoué», se remémore Luc Broussy, président du conseil national du PS. Avec la «provocation» des propositions budgétaires de François Bayrou le 15 juillet, évoquant 44 milliards d’efforts budgétaires et la suppression de deux jours fériés, puis la nomination de Sébastien Lecornu, «ils ont eux-mêmes monté notre niveau d’exigence», résume-t-il. Un autre député suggère de «ne pas se précipiter pour aller négocier» et d’attendre que les mouvements sociaux de septembre fassent «bouger les choses». Le nouveau Premier ministre a promis mercredi «des ruptures sur le fond», lors de la passation de pouvoir à Matignon. Mais «sans justice fiscale, sociale, écologique, sans mesure pour le pouvoir d’achat, sans mise à contribution des très gros patrimoines, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets», à savoir la censure, a prévenu le patron des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL. Cette censure entraînerait probablement une dissolution, que le PS «ne souhaite pas» mais «ne redoute pas», a-t-il affirmé. Le PS sait qu’il joue gros face à ses autres partenaires de gauche, encore moins enclins qu’eux à laisser une chance à un troisième Premier ministre du socle commun en un an. «A partir du moment où c’est Lecornu qui est nommé, on n’a pas confiance», explique une écologiste. La France insoumise, qui a déjà fait aux socialistes un procès en traîtrise lors des négociations avec François Bayrou, les a aussitôt accusés d’avoir «pavé de roses le chemin de Lecornu vers Matignon». Le parti de Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il déposerait une motion de censure à l’Assemblée dès le premier jour de la rentrée parlementaire. Et ils sommeront les socialistes de la voter. Cécile AZZARO © Agence France-Presse