Le LME défend sa gestion de la crise du nickel

Un document de la Bourse des métaux éclaire sur le chaos ayant mené à la suspension des cours du nickel, début mars
Corentin Chappron
Le London Metal Exchange (LME), un marché de la City à Londres.
Le London Metal Exchange (LME).  -  Twitter LME

Huit mois après, le London Metal Exchange (LME) continue de défendre sa gestion de la crise du nickel. Le 7 mars, une liquidation forcée des positions courtes très importantes prises par le géant minier Tsingshan Holding Group avaient fait exploser les cours du nickel. En un peu plus de 24h, les cours du contrat à terme expirant le mois suivant avaient progressé de plus de 250%. Confronté à la violence des mouvements de marché, le LME avait suspendu le marché le 8, avant d’annuler les transactions. La décision avait provoqué la colère de Jane Street et Elliot Investment Management, qui ont lancé des poursuites contre la plateforme d’échange et réclament respectivement 15,3 et 456,4 millions de dollars de dommages et intérêts.

Effet domino

Lundi, la Bourse des métaux a déposé un document auprès de la cour chargée de trancher l’affaire, et qui éclaire sur les effets domino de ces mouvements de marché. Si les prix atteints le 8 mars avaient été maintenus, les appels de marge auraient atteint 19,75 milliards de dollars, au-delà des capacités de sept membres de la chambre de compensation, qui auraient fait défaut. Ces défauts auraient infligé une perte de 2,6 milliards de dollars à LME Clear, qui aurait été forcée de réclamer 1,2 milliard auprès des membres restants, ce qui aurait poussé au défaut cinq autres d’entre eux, et fait peser le risque d’une contagion de la crise.

Les craintes du LME sont étayées : dès le 7 mars, trois membres ont eu des difficultés à régler leurs appels de marge, dont un est finalement resté impayé. La situation s’est aggravée dans la nuit du 7 au 8 mars, 2 milliards de dollars d’appels de marge, soit un tiers du volume total des variations de marges sur le nickel ce jour-là, n’avaient pas été réglés. Sept membres du LME ont par ailleurs indiqué à la plateforme qu’ils auraient des problèmes à régler leurs marges variables (variation margins). Confronté au risque d’une «spirale fatale» et «d’effets systémiques», la Bourse a donc décidé de suspendre les transactions, le 8 à 9h du matin.

Les explications du LME interrogent pourtant sur le délai qu’il a fallu à l’échange pour réagir. «A l’origine des convulsions de prix sans précédent du 8 mars 2022 se trouvaient des positions courtes très importantes sur le marché de gré à gré», a-t-il précisé, tout en indiquant «n’avoir pas été au courant de ces positions sur les marchés de gré à gré le 8 mars».

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