
Le départ de Jens Weidmann de la Bundesbank surprend

C’est un départ surprise. Jens Weidmann, 53 ans, a demandé mercredi à quitter la présidence de la Bundesbank le 31 décembre. En poste depuis mai 2011, ce membre parmi les plus conservateurs du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a adressé cette demande au président allemand en invoquant des raisons personnelles. Rien à voir avec les départs de d’Axel Weber et Jürgen Stark (2011) ou encore Sabine Lautenschläger de la BCE (2019), estime l’économiste de JPMorgan Greg Fuzesi.
Pour autant, cet abandon reste étonnant au début d’un deuxième mandat renouvelé en 2019 pour huit ans, et alors que la BCE est incitée à réduire son soutien monétaire - en commençant par son programme d’achats d’urgence (PEPP) – comme il l’a souvent souhaité.
Jens Weidmann a régulièrement critiqué la politique monétaire de l’institution de Francfort. «Je suis arrivé à la conclusion que plus de 10 ans est une bonne mesure du temps pour tourner une nouvelle page - pour la Bundesbank, mais aussi pour moi personnellement, indique le communiqué. Il sera crucial de ne pas se focaliser uniquement sur les risques de déflation mais aussi ne pas perdre de vue les potentiels dangers inflationnistes.» Il faisait partie des décideurs à s’être opposés à la nouvelle «forward guidance» de la BCE décidée en juillet et l’engageant à maintenir des taux très bas jusqu’à ce que l’inflation se stabilise autour de l’objectif de 2%.
La BCE va compter un «faucon» de moins
«Ce départ arrive à un moment crucial pour la BCE. Le camp des faucons perd une voix importante», estime Carsten Brzeski, économiste chez ING. «Jens Weidmann a choisi un moment pour le moins opportun pour annoncer sa démission», ajoute Wolfgang Bauer, gérant fixed income chez M&G Investments : le prochain président de la Bundesbank sera désigné par un gouvernement allemand de coalition, potentiellement dominé par des sociaux-démocrates (SPD) moins partisans de l’orthodoxie budgétaire et qui soutiendraient un banquier central plus accommodant. De quoi déplacer les équilibres au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE, et limiter les effets de l’arrêt du PEPP, rappellent les économistes de Citi. Parmi les noms évoqués, figurent ceux de son adjointe actuelle, Claudia Buch, des économistes Volker Wieland, Marcel Fratzscher, Lars Feld et Lars-Hendrik Röller, de l’économiste en chef de la Bundesbank, Jens Ulbrich, et bien sûr d’Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE considérée comme moins «belliciste».
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