Le CAC 40 est-il devenu un indice «luxe» ?

LVMH, L’Oréal, Hermès et Kering cumulent une capitalisation boursière proche de 1.000 milliards d’euros mais leur poids au sein du CAC 40 est limité à 25%.
A moyen terme, Bernard Arnault se montre très optimiste sur les résultats de LVMH (photo d’avril 2018)
Le groupe de Bernard Arnault, LVMH, pèse plus de 13% du CAC 40  -  Bloomberg

Une fois n’est pas coutume, la Bourse de Paris est en haut de l’affiche mondiale. Depuis plusieurs trimestres, son indice phare affiche parmi les meilleures performances des marchés occidentaux. A plus de 7.500 points, le CAC 40 bat même record sur record, effaçant la guerre en Ukraine, la hausse des taux d’intérêt et la crise bancaire.

Cette éclatante insolence boursière tient à deux phénomènes. La fin de l’euphorie sur les entreprises technologiques a peu pénalisé la place parisienne, qui en est largement dépourvue. A l’inverse, l’engouement pour les valeurs du luxe, spécialité française, lui profite à plein. Au point que ce secteur prend une place inédite au sein de l’indice parisien.

En dix ans, le poids du luxe dans le CAC 40 a été multiplié par près de 2,5, passant de 10,2% fin 2012 à 25,3% le 14 avril dernier selon les données d’Euronext (voir graphique ci-dessous), qui tiennent compte de la capitalisation flottante des sociétés. Une évolution largement portée par le numéro un mondial de cette industrie. LVMH pèse aujourd’hui 13,2% de l’indice, approchant du plafond fixé à 15% pour une seule société, contre à peine 5% une décennie plus tôt. L’Oréal pointe pour sa part à 5,95% (3,7% en 2012) et Kering à 2,5% (1,5%). Hermès, qui n’a intégré le CAC 40 qu’en 2018, pèse déjà 3,7%, contre 1,2% il y a un peu plus de quatre ans.

Les banques pèsent moins de 6%

Dans le même temps, des industries historiques de la Bourse parisienne ont vu leur poids fondre. L’énergie ne représente plus que 10,2% de l’indice, contre 17,3% il y a dix ans, en raison de l’exclusion de plusieurs sociétés (EDF, Technip, Vallourec) et de la perte de vitesse de ses deux derniers représentants. A 1,66%, Engie pèse deux fois moins lourd qu’il y a dix ans et TotalEnergies, la deuxième plus forte pondération du CAC 40, ne ressort plus qu’à 8,6%, contre 11,9% en 2012, en dépit de son rebond boursier des deux dernières années.

De la même manière, et alors qu’aucun de ses membres n’a été évincé de l’indice ces dix dernières années, le secteur bancaire affiche également un net retrait. BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale ne représentent plus que 5,8% de l’indice parisien, contre près de 10% une décennie plus tôt.

La montée en puissance du luxe dans le CAC 40 est d’autant plus impressionnante que les entreprises du secteur partent avec un important désavantage. Elles sont largement détenues par des familles, ce qui limite la part du capital susceptible d’être cédée et donc la capitalisation dite «flottante». Ainsi, elle ne dépasse pas 52% du total chez LVMH, 44% pour L’Oréal ou 34% chez Hermès.

La capitalisation totale des quatre «KHOL» s’élève à 950 milliards d’euros, ce qui porterait leur poids à 38% du CAC 40 si Euronext ne retenait pas le critère de la capitalisation flottante pour construire son indice. A «seulement» 25%, la représentation du luxe n’est finalement pas si loin de celle des Gafam dans le S&P 500 (20%) et très loin de leur poids dans le Nasdaq Composite (38%).

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