
L’AMF tacle la communication financière de Suez et du tandem Ardian-GIP

L’Autorité des marchés financiers (AMF) veut remettre de l’ordre dans la façon dont Suez se défend contre l’offre publique d’achat (OPA) hostile de Veolia. Dans un communiqué publié ce vendredi, le premier dans ce dossier, l’AMF « considère que la combinaison entre les modifications que la société Suez annonce avoir apportées au dispositif de la fondation de droit néerlandais et la proposition du consortium Ardian-GIP négociée et soutenue par le conseil d’administration de Suez porte atteinte aux règles et principes directeurs applicables aux offres publiques. »
Pour repousser Veolia, Suez avait décidé fin 2020 de loger dans une fondation néerlandaise les droits de propriétés de ses deux principales filiales dans l’eau en France afin d’empêcher que Veolia puisse les revendre à la société d’investissement Meridiam, comme il avait prévu de le faire pour des raisons de concurrence. Suez a également engagé des discussions avec les fonds d’investissements Ardian et GIP pour que ceux-ci achètent une partie des actifs visés par Veolia, dont l’eau et les déchets en France, en faisant ressortir une valorisation de 20 euros par action Suez, supérieure aux 18 euros offerts par Veolia. Une proposition d’ouverture de négociations rejetée par Veolia, déjà détenteur de 29,9% du capital de Suez.
La fondation néerlandaise dans le viseur
Selon l’AMF, l’information communiquée par Suez, Ardian et GIP ne « contribue pas à la bonne information des investisseurs » en période d’offre. Elle critique le manque de « réelles précisions sur le périmètre des actifs concernés » et « une valorisation de 20 euros par action qui ne correspond pas, en réalité, à un prix ou une valeur que les actionnaires de Suez seraient en mesure de recevoir ».
Autre point visé par l’AMF : l’annonce par Suez le 21 mars de la modification et du caractère désormais définitif du dispositif de la fondation néerlandaise jusqu’en septembre 2024. Désormais, sa dissolution n’est possible que dans l’hypothèse où « les principaux termes d’un accord prévoyant une possible offre sur Suez sont trouvés au plus tard le 20 avril 2021 » avec Veolia, ou bien « automatiquement, si une offre en numéraire au moins égale à 22,50 euros par action » est annoncée avant le 5 mai 2021, avec ou sans recommandation du conseil d’administration, rappelle l’AMF.
Défense hors-jeu
L’autorité juge que « ces cas limitatifs et contraints » imposent « en particulier à Veolia soit d’adhérer au schéma promu conjointement par Suez et le consortium Ardian-GIP, lequel prévoit, outre le relèvement du prix de l’offre de Veolia, un transfert significatif d’actifs au profit du consortium, dans le cadre d’un projet de fait concurrent, soit de déposer une offre publique au prix minimum de 22,50 euros par action arrêté par le conseil d’administration de Suez avant que l’expert indépendant mandaté n’ait remis son rapport ».
L’AMF reconnait que « l’article L. 233-32 du code de commerce permet, pendant la période d’offre, au conseil d’administration de prendre toute décision dont la mise en œuvre est susceptible de faire échouer l’offre, sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux assemblées générales dans la limite de l’intérêt social de la société ». Mais elle rappelle que « les mesures prises doivent s’inscrire dans le cadre des règles et principes régissant les offres publiques fixés notamment par la directive européenne du 21 avril 2004, le code monétaire et financier et le règlement général de l’AMF ».
Plus d'articles du même thème
-
Le conseil d’administration de Sabadell rejette à nouveau l’offre de BBVA
Le troisième actionnaire de la banque catalane a par ailleurs invité BBVA à relever son offre, afin qu'elle soit acceptée par au moins 50% des actionnaires. -
Le taux d’acceptation de l’offre de BBVA sur Sabadell reste une grande inconnue
La banque basque a lancé son offre sur sa rivale catalane. Le suspense va durer jusqu’au 14 octobre prochain, jour de la publication du résultat. -
Le régulateur espagnol donne son feu vert à l’OPA de BBVA sur Sabadell
La période d’acceptation de l’offre s’ouvre lundi 8 septembre pour un mois. Les synergies de coûts ont été revues à la hausse, à 900 millions d’euros, mais reportées d’un an.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Invesco casse les frais de gestion sur son ETP Bitcoin
- Le patron de la Société Générale prend la menace Revolut au sérieux
- L’AMF sanctionne Altaroc et ses deux dirigeants à hauteur de 1,3 million d’euros
- BNP Paribas confirme ses objectifs 2025 et dévoile des ambitions pour 2028
- Le Crédit Agricole revendique une place dans l’accès aux soins et les services aux plus âgés
- Rubis confirme avoir engagé des discussions avec des acteurs industriels et financiers
Contenu de nos partenaires
-
Reconnaissance de l'Etat de Palestine : malgré l'opposition de Trump, l'opinion publique américaine divisée
Une courte majorité d'Américains soutient cette idée, à laquelle se rallient certains républicains -
A la rentrée du parti, Aurore Bergé a réaffirmé la fidélité de Renaissance à Emmanuel Macron
Arras - La ministre démissionnaire Aurore Bergé a réaffirmé «la fidélité» du parti Renaissance envers Emmanuel Macron, alors que Gabriel Attal doit prononcer, selon son entourage, un «discours fondateur» d’un «homme libre» en clôture de la rentrée du parti dimanche à Arras. «Oui, je crois à la fidélité au projet politique que l’on mène depuis 2017 et je crois à la fidélité que l’on a, nous militants, au président de la République. Et je crois que c’est important qu’on le dise, qu’on le fasse savoir et qu’on le réaffirme: on est à ses côtés, pleinement à ses côtés», a déclaré Mme Bergé lors d’un échange avec la salle, dans le cadre de cette rentrée organisée sur un weekend dans le Pas-de-Calais. «J’entends toutes celles et ceux qui espèrent la fin du macronisme, toutes celles et ceux qui espèrent que nous soyons finalement de passage, une parenthèse que l’on pourrait aisément refermer, comme si nous n’avions rien bâti depuis huit ans». Mais «en huit ans, nous avons réussi des transformations majeures», a insisté la ministre démissionnaire chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. A la tête de Renaissance depuis moins d’un an, Gabriel Attal, en froid avec Emmanuel Macron depuis la dissolution, a promis, selon son entourage, de «renverser la table» lors de son discours, dans lequel il abordera notamment la question de la «pratique du pouvoir» depuis 2017. «Le sujet, ce n’est pas qu’il affirme une ambition présidentielle. Il a le droit d’affirmer une ambition présidentielle» mais «on ne veut pas que ce parti devienne un parti de rupture avec le président de la République», a expliqué une cadre de Renaissance. «On clôt une décennie politique dans 18 mois», «c’est une émancipation non pas contre quelqu’un mais parce que la situation a changé», a-t-on expliqué dans l’entourage de Gabriel Attal, en évoquant une «instrumentalisation» de la séquence de rentrée de Renaissance par des opposants internes. «Quand vous êtes un chef et que vous décidez une ligne, soit vous tracez un chemin et les gens vous suivent, soit vous suivez une ligne tracée par d’autres que vous et dans ce cas, ça ne s’appelle pas être un chef». «Est-ce qu’on sera capable de rassembler une majorité de Français pour éviter que le pays ne tombe aux extrêmes ? C’est ça notre boussole», a-t-on insisté de même source. © Agence France-Presse -
Think again
Pour sortir de l’inopérant « débat » Zucman, lire Mario Draghi – par Eric Le Boucher
« L'Etat contre le marché pour l’école pikettyste, l’Etat coopérant avec le marché pour l'ancien président de la BCE. En découlent deux politiques en rupture : l’extrême gauche nationaliste et le social-libéralisme européiste »