L’Allemagne se pose en emprunteur vert de référence

Berlin émettra en septembre sa première obligation verte avec une approche innovante, distincte de celle de la France.
Fabrice Anselmi
L'Allemagne «veut devenir l'émetteur de ‘green bonds’ de référence de la zone euro», a précisé Joerg Kukies, ministre adjoint des Finances allemand.
L'Allemagne «veut devenir l'émetteur de ‘green bonds’ de référence de la zone euro sur plusieurs maturités», a précisé Joerg Kukies, ministre adjoint des Finances allemand.  -  Bloomberg

L’Allemagne émettra, en septembre, via une syndication, sa première obligation verte à 10 ans pour au moins 4 milliards d’euros, a indiqué le ministre adjoint des Finances lors d’une conférence de presse sur ce nouveau cadre. Une deuxième émission, d’un montant plus important et d’une maturité plus longue, est prévue au quatrième trimestre, alors que le gouvernement a identifié environ 12,7 milliards de «dépenses vertes» correspondant aux Green Bond Principles (ICMA) dans cinq domaines : transports, énergies et industries propres, agriculture et zones préservées, coopération internationale sur le développement durable et recherche appliquée.

L’Allemagne, qui avait annoncé son intention d’entrer sur ce segment fin 2019, «veut devenir l'émetteur de ‘green bonds’ de référence de la zone euro sur plusieurs maturités, en construisant une courbe des taux afin, par là-même, de faire progresser la finance durable en Europe», a précisé Joerg Kukies.

Pour assurer à la fois un rôle de catalyseur fort vers une économie verte et une liquidité inédite pour les investisseurs en «green bonds» souverains, l’Allemagne a adopté une approche innovante de «twin bonds», avec l’aide de Crédit Agricole CIB en qualité de seul conseil en structuration – la banque verte assurera la pédagogie avec Deutsche Bank. Ainsi, elle émettra toujours ses nouveaux titres verts parallèlement à des titres fédéraux conventionnels, avec exactement les mêmes caractéristiques, échéances et coupons. Cette innovation garantira non seulement une référence absolue en termes de rendements – les deux rendements seront en ligne même s’ils peuvent différer un peu en fonction de la demande et de la date d’émission –, mais aussi une bonne liquidité puisque le souverain conservera sur son «bilan» un montant d’obligations non vertes équivalent au montant émis en green bonds (par exemple 4 milliards pour l’émission inaugurale). Un investisseur qui redouterait de ne pas pouvoir revendre son «green bond» faute de liquidité pourra ainsi l’échanger avec une obligation standard équivalente via l’agence fédérale (Finanzagentur).

Cette approche diffère de celle de la France, qui avait lancé sa première OAT verte enjanvier 2017 pour 7 milliards, avec une maturité de 22 ans, avant de l’abonderrégulièrement, jusqu'à 27,4 milliards aujourd’hui. Elle permettra de construire plus rapidement une courbe de taux complète, sans attendre d’avoir les 20 milliards considérés comme le minimum liquide pour chaque souche sur ce marché souverain.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Dette publique

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...