
La propagation du coronavirus fait trembler les marchés mondiaux

Les places boursières mondiales chutent fortement lundi, les investisseurs redoutant l’impact économique du coronavirus, alors que les cas de contamination se multiplient à travers la planète.
En Europe, l’indice Stoxx Europe 600 perdait 3,6%, à 412 points vers 12h20. Le CAC 40 et le SBF 120, à Paris, reculaient respectivement de 3,8% et 3,7%. A Francfort, le DAX 30 abandonnait 3,6% tandis qu'à Londres, le FTSE 100 cédait 3,4%. A Milan, le FTSE Mib chutait de 4,7%, alors que plus de 150 cas de personnes infectées par le coronavirus ont été recensés en Italie.
Wall Street est attendue dans le rouge vif. Le contrat à terme sur l’indice Dow Jones (DJIA) perd 2,8%. Le contrat sur le S&P 500 chute de 2,8% et celui sur le Nasdaq 100 abandonne 3,3%.
Les Bourses asiatiques ont terminé en forte baisse. A Séoul, le Kospi a chuté de 3,9%, tandis que l’indice Hang Seng a perdu 1,8% à Hong Kong. Le Shanghai Composite chinois a limité sa baisse à 0,3%, profitant des déclarations de la Banque populaire de Chine (PBOC). La Chine envisagera des mesures d’assouplissement monétaire supplémentaires afin d’atténuer les répercussions du coronavirus sur son économie, a déclaré Liu Guoqiang, le vice-gouverneur de la PBOC.
L’or et les obligations en forte hausse
«Les craintes d’une escalade du coronavirus en dehors de la Chine ont provoqué un recul important des marchés mondiaux et des fluctuations brutales du prix des matières premières», constate Russ Mould, directeur des investissements chez AJ Bell. Les mesures de quarantaine prises en Italie, «alors que le pays tente de contrôler la pire épidémie du virus en Europe, a provoqué la panique des investisseurs. Une forte augmentation des cas de coronavirus en Corée du Sud a également alimenté les inquiétudes du marché», développe le gérant.
En dehors des marchés actions, les contrats pétroliers reculent nettement. Le contrat d’avril sur le Brent de mer du Nord perd 2,65 dollar, à 55,85 dollars le baril, et celui de même échéance sur le brut léger doux (WTI) coté au Nymex abandonne 1,9 dollar, à 51,44 dollars le baril.
L’aversion au risque bénéficie à contrario aux actifs jugés sûrs. L’or s’adjuge 2,3% à 1.682,8 dollars l’once. Sur le marché obligataire, les rendements des obligations d’Etat reculent, tirant vers le haut leur prix. Le taux du bon du Trésor américain à 10 ans a touché un nouveau plancher, à 1,391% contre 1,475% tandis que celui sur le Bund allemand à 10 ans s’inscrivait à -0,490% contre -0,429% vendredi soir. Le taux à 10 ans italien fait figure d’exception, s'établissant à 0,961% contre 0,909% vendredi.
Sur le marché des changes, l’euro recule de 0,3% face au dollar à 1,0816 dollar et de 0,5% face au yen à 120,36 yens.
Premiers cas dans plusieurs pays du Moyen-Orient
La propagation du coronavirus aux pays hors de la Chine s’est accélérée, ce qui «devient une source de préoccupation majeure», soulignent les économistes de Deutsche Bank. Ce week-end, le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour le pays de 0,4 point, à 5,6%. Ce ralentissement de la croissance aurait un impact négatif de 0,1 point sur la croissance mondiale, selon les projections du fonds.
Lundi, les autorités sud-coréennes ont déclaré que le pays avait enregistré 763 cas. En Iran, le bilan est monté à 12 morts avec 47 cas recensés, selon des informations rapportées lundi par l’Agence France Presse. Le Koweït, le royaume de Bahreïn et l’Afghanistan ont de leur côté déclaré les premiers cas de personnes infectées sur leur territoire, selon plusieurs agences de presse.
En Italie, plus de 150 personnes ont été testées positives dimanche, amenant le gouvernement à mettre en quarantaine 11 villes du nord du pays. Le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, a estimé lundi dans un entretien à l’agence Bloomberg, que le coronavirus pourrait réduire la croissance du produit intérieur brut italien de 0,2 point de pourcentage.
Pour tenter d’endiguer la crise sanitaire, la Commission européenne a annoncé lundi un nouveau programme d’aide d’un montant de 232 millions d’euros destiné à «renforcer la préparation, la prévention et le confinement» du coronavirus au niveau mondial.
La Chine a pour sa part décidé de reporter la session annuelle du parlement en raison de l'épidémie de Coronavirus.
Les banques italiennes sous pression
Sur les Bourses européennes, les compagnies aériennes accusent les replis les plus marqués. A Londres, l’action EasyJet décroche de 12,4%, suivie d’IAG, qui chute de 7,3%. Les titres Tui et Lufthansa reculent respectivement de 8,3% et 7,7% à la Bourse de Francfort. Seul représentant du transport aérien de l’indice SBF 120, le titre Air France-KLM abandonne 9,5%. Les autres valeurs françaises liées au tourisme, comme Accor (-7,1%) et Europcar (-6,8%), sont également en perdition.
Les actions des fabricants de semi-conducteurs ainsi que leurs fournisseurs ne sont pas épargnées et s’inscrivent en baisse marquée, à l’image de STMicroelectronics (-6,8%) et Soitec (-6,4%) à la Bourse de Paris. A Milan, Nexi plie de 6,8%, tandis que le groupe autrichien ams recule de 6% à Zurich.
Autre secteur à faire les frais de l’accélération de la propagation du coronavirus : le luxe. A la Bourse de Paris, les titres des géants du luxe Hermès, Kering et LVMH perdent entre 3,5% et 6%. En raison de l'épidémie de coronavirus, le chiffre d’affaires des groupes de luxe devrait augmenter de 2% cette année en moyenne, contre une croissance auparavant attendue autour de 6%, selon les estimations de Bryan Garnier.
Très dépendant du marché chinois, le secteur automobile européenne, freiné par le coronavirus, patine en Bourse. Vendredi, Daimler a indiqué dans son rapport annuel que la crise sanitaire chinoise entraînait des risques qui pourraient considérablement réduire sa croissance en Chine et dans d’autres pays d’Asie. Le constructeur allemand, dont le cours de Bourse faiblit de 4,8% à Francfort, a précisé que les risques ne concernaient pas seulement l'évolution de ses ventes en volumes mais également sa production et son approvisionnement. A Paris, la valorisation des constructeurs automobiles Renault et Peugeot diminue de l’ordre de 4% à 5%.
Enfin, les banques italiennes sont également affectées. Intesa Sanpaolo (-4,6%) a annoncé dimanche avoir décidé de fermer des agences dans les 11 villes du nord de l’Italie touchées par les mesures de confinement annoncées par le gouvernement. Intesa avait déjà chuté en fin de semaine dernière après avoir dévoilé un projet de rachat de sa compatriote UBI (-4,9%) pour 4,9 milliards d’euros. UniCredit (-3,4%) a annoncé lundi que son directeur général, Jean-Pierre Mustier, comptait rester au sein de la banque italienne, alors que des informations de presse le désignaient comme candidat potentiel pour prendre la tête de la banque britannique HSBC.
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La Havane - Le courant a été rétabli à Cuba, a annoncé jeudi le ministère de l’Energie et des mines, au lendemain d’une coupure générale, la cinquième en moins d’un an. «Le réseau électrique national est désormais rétabli», a fait savoir le ministère sur le réseau social X. En début de matinée, la compagnie nationale d'électricité avait annoncé que le courant était à nouveau disponible dans 11 provinces sur 15. Dans la capitale, la circulation et les activités ont repris quasiment normalement, a constaté l’AFP. «Le courant est revenu à 3h30 (7h30 GMT) du matin. Nous nous en sommes aperçus parce que nous avions laissé toutes les lumières allumées pour le savoir», a raconté à l’AFP Maria Beltran, 58 ans, qui vit dans un quartier populaire de l’ouest de La Havane. «Hier, ce n’a pas été facile. Nous sommes restés chez nous (...) assis dans un fauteuil toute la journée», a-t-elle ajouté, alors que ces coupures générales paralysent la vie économique de l'île et chamboulent la vie quotidienne des habitants. Mercredi matin, un arrêt de la centrale électrique Antonio Guiteras, la plus importante du pays, située au centre de l'île, a provoqué la déconnexion du système électrique sur l’ensemble du pays. Les autorités ont précisé par la suite que la coupure était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale. Depuis octobre 2024, l'île communiste a ainsi subi cinq pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Cette dernière coupure a duré un peu plus de 24 heures. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant les fortes chaleurs l'été, lorsque la consommation atteint des pics à cause de l’utilisation de la climatisation, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. © Agence France-Presse