
La politique commerciale de Donald Trump complique la tâche de la Fed
Si les marchés de futures n’ont pas de doutes sur la nouvelle baisse probable par le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) de mardi et mercredi des taux Fed funds de 25 pb après une première baisse en juillet, alors présentée comme «préventive» face aux incertitudes actuelles, la situation est pourtant encore plus complexe. «Il n’y a pas de consensus au sein du FOMC, où certains membres comme Eric Rosengren questionnent la pertinence de telles baisses dont la cohérence peut sembler discutable : au niveau de taux actuel, être préventif consisterait plutôt à garder de la marge pour vraiment baisser les taux d’un coup le jour où cela devient indispensable ; en outre, une baisse de 25 pb même répétée sur quelques mois ne suffirait pas à relancer l’inflation ou à atténuer une vraie récession», note Mabrouk Chetouane, directeur de la recherche chez BFT IM, évoquant par ailleurs des indicateurs actuellement plutôt en hausse sur l’inflation sous-jacente aux Etats-Unis.
A Jackson Hole le 21 août, Jerome Powell avait donc justifié la baisse de juillet par le délai de transmission à l’économie, mais ce pilotage montre une Fed tiraillée entre des statistiques encore assez bonnes - en dehors d’un marché de l’emploi qui commence à s’essouffler, la politique commerciale du président Donald Trump qui pourrait à la fois importer de l’inflation et freiner la croissance, et la pression des marchés dont la banque centrale ne peut pas trop perturber les anticipations sans engendrer un risque alors que ce n’est pas son rôle. «Une communication forte sur sa capacité de réaction rapide en cas de besoin aurait pu et pourrait encore en théorie suffire, estime Mabrouk Chetouane. La tonalité du discours, très suivi dans le monde entier, sera sans doute plus importante que les décisions.» Les marchés voient la situation empirer suffisamment pour que les Fed funds redescendent autour de 1% à fin 2020, alors que le président Trump n’aurait, a priori, pas du tout intérêt à voir l’économie et les marchés se dégrader en cette année électorale.
Enfin, il sera intéressant de guetter les informations sur les scénarios de stabilisation du bilan de la Fed autour du montant de 3.800 milliards de dollars qui sera atteint en octobre : les titres du Trésor et hypothécaires (MBS) arrivant à maturité seront alors réinvestis en d’autres titres du Trésor, a priori plus courts afin de réduire la duration et de reprendre des marges de manœuvre sur les titres longs en cas de récession.
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Kiruna - Le plus grand gisement de terres rares de l’Union européenne se trouve en Suède en plein territoire sami, au grand dam de ce peuple autochtone qui craint de voir sacrifié l'élevage de rennes au profit de la souveraineté économique européenne. A 910 mètres sous terre, le groupe public minier LKAB creuse, depuis la mine de minerai de fer voisine de Kiruna, un tunnel d’exploration pour évaluer le potentiel du gisement découvert début 2023. Les machines avancent chaque jour de cinq mètres. «Nous n’avons aucune activité d’exploitation minière dans le domaine des terres rares en Europe qui représente un potentiel énorme», souligne Niklas Johansson, vice président de LKAB, lors d’une visite. Cependant il existe «de nombreux défis à relever pour atteindre nos objectifs» sur ce gisement, ajoute-il. «Il existe une volonté politique d’y parvenir, mais pour ce faire, il reste encore de nombreux obstacles juridiques et processus d’autorisation à surmonter, que les nouvelles règles sont censées faciliter, mais nous n’avons encore rien vu», ajoute-t-il. Ces «nouvelles règles» évoquées par le dirigeant renvoient aux 47 «projets stratégiques» de terres rares et matériaux stratégiques définis en mars par la Commission européenne, et qui doivent bénéficier d’un traitement accéléré. Le gisement suédois de LKAB baptisé Per Geijer figure parmi les projets choisis. En théorie, la procédure d’obtention de permis pour l’extraction doit être accélérée pour s'établir à 27 mois. Mais LKAB reste prudent et, en l’absence de nouvelles, le dirigeant estime qu’"il faudra peut-être compter 10 ans rien que pour obtenir le permis» puis «environ deux ans pour construire une mine». Menace «existentielle» pour les Sami Cette promesse d’eldorado inquiète le peuple autochtone Sami qui vit de l'élevage traditionnel de rennes. «Nous sommes vraiment désespérés» déplore Lars-Marcus Kuhmunen, éleveur de rennes et chef de la communauté Gabna. «Parce que nous considérons que nous pourrions être la dernière génération sami dans cette région. Ce sera un trou noir sur la carte, là où se trouve Kiruna.» La pérennité de cet élevage est en jeu. «La mine prévue va obstruer la seule route migratoire saisonnière restante reliant les pâturages d’hiver et les pâturages d'été» explique Rasmus Kløcker Larsen, chercheur à l’Institut de l’environnement de Stockholm. «Le risque est que les gens soient poussés à abandonner l'élevage et que les coutumes et les connaissances des Samis ne soient pas transmises aux nouvelles générations», poursuit le chercheur qui réalise une étude pilote sur les risques liés aux droits humains dans les projets miniers sur les terres samies. «Le projet Per Geijer en est encore à ses débuts, et de nombreux aspects sont actuellement étudiés et examinés, notamment les mesures de protection, d’adaptation et de compensation à prendre pour répondre aux besoins de l'élevage de rennes», répond Pia Lindström, directrice de LKAB pour le développement durable. «Nous pensons qu’il est possible pour nos deux industries de poursuivre leurs activités et leur développement.» Dialogue de sourds ? Cependant, les représentants Sami et ceux de LKAB ne parlent pas la même langue, estime Lars-Marcus Kuhmunen. «Le dialogue porte toujours sur la minimisation des dommages pour nous. (...) Nous ne prenons pas d’argent. Nous ne voulons pas d’argent, nous voulons de la culture. Nous voulons que notre culture et l'élevage des rennes s’améliorent.» L’an dernier, l’UE a adopté une législation pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières. L’objectif est de réduire la dépendance à la Chine pour des matières utilisées notamment dans la fabrication de batteries, d'éoliennes, ou de munitions. Ce texte a été complété en mars par la liste de 47 «projets stratégiques» dont ce gisement nordique. Le groupe minier suédois contrôlé par l'État entend aller de l’avant et profiter de ses capacités à extraire du minerais de fer à Kiruna depuis 1890 pour rentabiliser la production de terres rares et de phosphate. Car bien que les terres rares ne soient pas rares sur terre, 92% de leur production raffinée est réalisée en Chine alors que le pays n’est responsable que de 60% de leur extraction, selon l’Agence internationale de l'énergie. Jonathan KLEIN © Agence France-Presse -
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