
La Fed engage son cycle de hausse des taux

Le cycle est lancé. La Réserve fédérale (Fed) américaine a relevé son principal taux directeur d’un quart de point de pourcentage mercredi, amorçant un cycle de resserrement monétaire destiné à endiguer une inflation qui se révèle plus soutenue et plus durable que prévu aux Etats-Unis. La fourchette du taux des fonds fédéraux, qui détermine les taux interbancaires au jour le jour, se situe maintenant entre 0,25% et 0,50%, après avoir été maintenue près de zéro depuis mars 2020 pour stimuler l'économie pendant la crise sanitaire.
Les banquiers centraux américains ont aussi affiché leur détermination à contrer une inflation au plus haut depuis 40 ans, tablant en moyenne sur sept hausses d’un quart de point en 2022, selon les projections (les dot plots) publiées mercredi. En décembre dernier, une majorité des membres du comité de politique monétaire jugeaient encore que seuls trois relèvements seraient nécessaires cette année pour faire redescendre l’inflation vers leur objectif de 2%. Une approche restrictive qui n’a pas empêché Wall Street de clôturer nettement dans le vert.
«Nous étudierons l'évolution de la situation et si nous concluons qu’il est approprié d’avancer plus rapidement pour réduire le caractère accommodant (de la politique monétaire), nous le ferons», a indiqué Jerome Powell, président de la banque centrale, lors de sa conférence de presse, en jugeant que l'économie américaine était capable de supporter ce cycle de hausse. Le banquier central a reconnu, rétrospectivement, que la Fed aurait dû agir plus tôt sur les taux pour contrer l’inflation.
Réduction du bilan décidée en mai
L’indice des prix à la consommation outre-Atlantique a bondi de 7,9% sur un an en février 2022. L’indicateur privilégié par la Réserve fédérale, le déflateur de la consommation (PCE) hors alimentation et énergie, a de son côté augmenté de 5,2% sur un an en janvier. Les membres de la Fed tablent maintenant sur une inflation de base de 4,1% cette année, contre une précédente estimation de 2,7% en décembre. Les dernières projections retiennent également l’hypothèse d’une croissance économique de 2,8% dans le pays (4% en décembre dernier) et d’un taux de chômage de 3,5% à la fin de l’année (inchangé), malgré les incertitudes causées par la guerre en Ukraine.
La Fed avait préparé le marché à ce premier relèvement, depuis la fin 2018, du loyer de l’argent. Lors d’une audition au Congrès début mars, son président, Jerome Powell, avait indiqué qu’il soutiendrait une hausse de 25 points de base, mettant fin au suspense sur l’ampleur de cet ajustement. Au cours des semaines précédentes, certains membres du comité de politique monétaire s'étaient même prononcés pour un durcissement plus musclé, d’un demi-point. Le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’envolée des cours de l'énergie et des matières premières avaient également ravivé les craintes sur le niveau de l’inflation et alimenté l’hypothèse d’un tour de vis monétaire plus brutal.
Jerome Powell a par ailleurs fait état mercredi de grands «progrès» dans la définition du quantitative tightening, c’est-à-dire la réduction attendue de son bilan, qui atteint près de 9.000 milliards de dollars. Le programme d’achat d’actifs obligataires de 120 milliards de dollars par mois lancé en juin 2020 a été progressivement réduit ces derniers mois avant d’arriver à son terme en mars. Les modalités de réduction du bilan devraient être achevées en mai, a précisé le président de la Fed.
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