
«La Fed a de plus en plus d’éléments pour augmenter les taux sans craindre une récession»

L’Agefi : Vous faites partie de la minorité qui voit la Fed remonter son taux directeur au-delà de 5,50% et même à 6%, pourquoi ?
Etienne de Marsac : En août, les données sur l’emploi suggèrent qu’il n’y aura probablement pas de hausse des taux en septembre, mais depuis Jackson Hole, le président de la Fed Jerome Powell laisse la porte ouverte à une hausse ultérieure. Deux points ressortent des données : une hausse mensuelle de 0,7% des salaires agrégés, centrale, car elle a des effets sur la croissance des revenus des ménages, et une augmentation de 0,2% du taux de participation. La hausse inattendue de 0,6% des dépenses personnelles en juillet montre, elle, que les ménages dépensent, tandis que les données sur les salaires indiquent une croissance de 6% des salaires agrégés depuis le début de l’année. Face à des revenus robustes et à l’absence de remontée des inscriptions au chômage, la Fed peut s’attendre à une poursuite soutenue de la consommation. Seule la hausse récente du taux de participation pourrait suggérer une pause. En outre, l’augmentation de la participation, combinée à une baisse du nombre d’offres d’emploi et de démissions, suggère que le marché du travail peut se détendre sans provoquer de récession. La banque centrale peut donc continuer à augmenter les taux progressivement sans craindre un ralentissement économique, et les rebonds récents du secteur manufacturier comme des services soutiennent cette idée.
Pensez-vous aussi que les Etats-Unis pourront éviter la récession si les taux sont portés si haut ?
L’économie américaine reste immunisée contre les hausses de taux en raison du «désendettement» historique des ménages depuis 2009. Par ailleurs, le secteur privé est largement en autofinancement et replace sa trésorerie, profitant ainsi des hausses des taux.
A lire aussi: Le Panel Taux acte le ton restrictif des banques centrales

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