
La BCE regarde de près les dérivés sur l’énergie

La Banque centrale européenne (BCE) examinerait l’utilisation des produits dérivés par les sociétés énergétiques pour se couvrir afin de déterminer si cette activité présenterait un risque plus large pour la stabilité financière, indique Reuters. Cet examen intervient après que l’Allemagne a sauvé la société Uniper, un de ses principaux importateurs de gaz et distributeur d’électricité, qui affiche une perte de 10 milliards d’euros. Les producteurs d’énergie se couvrent en général en amont via des contrats à terme sur la baisse des cours entre la commande et la livraison (positions «short»), et les clients inversement en aval sur la hausse des cours entre les deux dates («long»).
D’après l’agence de presse, le superviseur aurait initialement lancé ce contrôle pour déterminer si cette utilisation de produits dérivés ne posait pas un problème de trading non réglementé, à la différence des banques, contraintes de détenir des réserves de liquidités pour couvrir leurs pertes. La BCE aurait depuis élargi son examen aux effets domino que peuvent avoir les appels de marge sur ces produits dérivés. «Si une banque vend à un industriel un contrat à terme à 20 euros/MWh qu’elle achète 18 euros/MWh à un tiers et que le prix de marché passe à un moment à 200 euros/MWh, les contreparties devront financer des appels de marge de 180 et 182 euros/MWh entre elles», rappelle François Le Gal, associé du cabinet spécialisé dans la gestion des risques Axis Alternatives, à propos du risque de marché. Destinées à couvrir le risque de défaut, les «marges initiales» ont aussi été multipliées par 10 depuis un an - comme les prix du gaz et de l’électricité - écartant de facto de nombreux petits acteurs de l’intermédiation.
Des négociants avaient écrit dès mars à la BCE pour faire face à une potentielle crise de liquidité. La présidente Christine Lagarde s’était déclarée prête à fournir des liquidités aux banques, pas aux entreprises énergétiques. Depuis, l’Autorité des marché financiers (Esma) et la Commission européenne (CE) se sont également préoccupées de ces sujets, en lien avec la nature du collatéral ou de possibles mesures autour de la compensation. Et divers traders ont dénoncé un marché des contrats à terme dysfonctionnel, créant des problèmes sur le marché physique, d’autant plus s’il y a moins de possibilités de se couvrir, conduisant à des prix globaux plus élevés, donc à une inflation plus élevée… La BCE pourrait publier des conclusions dans les prochains jours.
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