Euronext réfléchit à un modèle de marché adapté aux PME

Les valeurs moyennes franchissent plus tardivement le pas de la Bourse. Une tendance qui limite les problèmes de flottant, de liquidité et d’analyse financière.
Bruno de Roulhac
Euronext à la Défense Bourse cotation marché
Euronext Paris va-t-il accueillir de nouvelles sociétés à la rentrée de septembre ?  -  RK.

Dans le sillage de la reprise des introductions en Bourse aux Etats-Unis, Euronext Paris va-t-il accueillir de nouvelles sociétés à la rentrée de septembre ? Notamment tous les dossiers mis en attente par la crise du Covid-19 ? A défaut de grosses opérations attendues, des PME-ETI pourraient profiter de la reprise économique pour se financer en Bourse.

Des initiatives en matière ESG annoncées demain

Sur les 682 sociétés de la cote parisienne, 80% sont des valeurs moyennes, de moins de 1 milliard d’euros de capitalisation. «Ces sociétés sont loin de peser 80% de nos revenus, mais elles offrent les potentiels de croissance les plus importants, confie Camille Leca, directrice des opérations listing d’Euronext. Nos équipes commerciales en régions et nos programmes TechShare et FamilyShare constituent les premiers jalons pour les inciter à rejoindre la Bourse.»

A ce dispositif, Euronext a récemment ajouté deux nouveaux axes. D’une part, l’entreprise de marché accompagne les entreprises dans leur démarche ESG (environnement, social et gouvernance) en les aidant à structurer leur reporting à travers un guide de bonnes pratiques paru en début d’année. Elle annonce demain ses nouvelles initiatives en matière ESG. D’autre part, elle accompagne les fonds de private equity en les aidant à préparer la sortie en Bourse de leurs actifs en portefeuille. «Ces formations, en France et à l'étranger, sont très bien accueillies, et nous allons proposer des sessions en partenariat avec France Invest, poursuit Camille Leca. Dans l’idéal, les fonds de private equity devraient anticiper et coter leur participation un à deux ans avant la date prévue de sortie, ce qui leur permettrait de sortir progressivement sans peser sur le cours». En fonction du degré de maturité de l’entreprise, du secteur, et du niveau de valorisation attendu, le calendrier de sortie n’est pas le même. «Si l’IPO d’une biotech était dans un contexte pré-Covid devenue un peu compliquée, le secteur des sciences de la vie a repris des couleurs ces derniers mois, rebattant les cartes. Les sociétés industrielles ou du secteur des jeux et des logiciels à Paris affichent des parcours boursiers attractifs», constate Camille Leca.

Le profil des candidats à la Bourse évolue. D’un côté, les valeurs moyennes franchissent plus tardivement le pas de la Bourse, préférant d’abord grossir et bénéficier d’un levier plus important en se cotant. «Une tendance que nous accueillons favorablement, confie Camille Leca. Cela aidera à résoudre les problèmes de flottant, de liquidité et d’analyse financière». Mais d’un autre, certains secteurs, mal financés par le private equity, n’ont pas d’autre choix que de rejoindre la Bourse tôt dans leur développement, «en particulier les medtechs et les agritechs», poursuit Camille Leca.

En 2019, Euronext a enregistré 19 entrées sur la cote, dont 12 sociétés étrangères (6 italiennes, 5 espagnoles, et 1 américaine) «fruit de notre travail de prospection à l'étranger et de l’attractivité de la place de Paris, se félicite Camille Leca. Nous comptons poursuivre sur cette lancée. Ce marché de PME est une spécificité d’Euronext en Europe et nous voulons capitaliser dessus».

La «plate-forme de recherche» avance

Euronext réfléchit plus largement à un modèle de marché PME. «Beaucoup de sujets sont sur la table : les horaires de fixing, l’organisation du ‘market making’ dans les statuts des brokers de valeurs moyennes, une réduction des pas de cotation, ajoute Camille Leca. Nous avons déjà amorcé une réflexion sur le rôle des brokers spécialistes».

Le manque d’analyse financière fait partie des reproches adressés régulièrement à la Place parisienne. Et les efforts de Place en la matière peinent à produire leurs fruits. Or, cette analyse est essentielle pour assurer la vie en Bourse de ces sociétés. «L’analyse sponsorisée est désormais mieux acceptée, explique Camille Leca. En Suisse, la Bourse a développé un mécanisme de mise en contact avec des bureaux d’analyse pour toute valeur moyenne qui souhaite être suivi en analyse sponsorisée, et cela fonctionne bien. Nous travaillons avec l’ensemble de la place à une «plate-forme de recherche», qu’appelle de ses vœux le rapport Eli-Namer/Giami, et souhaitons avancer concrètement avant la fin de l’année».

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