
Deux traders de JPMorgan condamnés dans l’affaire de la manipulation du marché des métaux précieux

La justice américaine a condamné mercredi deux des responsables de l’une des plus grandes manipulations sur les marchés des métaux précieux ces dernières années. Michael Nowak, l’ancien responsable de la table de négociation de JPMorgan, et son principal trader, Gregg Smith ont été reconnus coupables par un jury fédéral à Chicago dans cette affaire emblématique qui a déjà valu une amende record à la banque américaine.
En 2020, JPMorgan avait conclu un accord avec le département de la justice américain et les régulateurs boursiers, écopant d’une amende de 920 millions de dollars, la plus importante sanction dans une affaire de manipulation de marché depuis la crise financière.
Les procureurs ont reproché aux accusés des manipulations sur les cours de l’or et de l’argent, entre autres, entre 2008 et 2016, présentant au tribunal des compte-rendu de transactions, des discussions sur des chats et des témoignages d’anciens employés du desk métaux précieux de la banque, montrant que tout était organisé pour faire monter ou descendre les prix en fonction de l’intérêt des traders ou des clients.
Quelques secondes
Ce système permettait de faire monter les cours pour améliorer les prix de vente et de les faire baisser au moment des achats. Par exemple, pour mieux vendre, les traders passaient des ordres d’achat dont le cours était supérieur à la meilleure offre sur le marché sur des montants importants, ce qui avait pour effet de faire monter artificiellement le prix, permettant de vendre à un meilleur prix, les ordres d’achat étant annulés avant qu’ils ne soient exécutés. Cette stratégie n’était pas toujours gagnante mais elle l’était suffisamment pour assurer des gains importants à la table de négociation. Elle s’est reproduite plus de 50.000 fois au cours de la période.
L’analyse des données de CME a permis de décrypter ces opérations : en janvier 2012, par exemple, Michael Nowak, a passé un ordre à la vente de 800.000 dollars puis un à l’achat de 13 millions de dollars (un tiers des ordres visibles), annulé le temps que la vente soit exécutée. Une opération qui prenait quelques secondes, rapporte Bloomberg.
Le jury n’a toutefois pas suivi le réquisitoire du procureur, qui a affirmé que le desk de JPMorgan était géré comme une entreprise criminelle, reprochant aux deux responsables des faits de racket et de corruption. Un troisième trader poursuivi a été acquitté.
Une peine encore à fixer
La sentence sera prononcée l’an prochain. Les deux responsables pourraient écoper d’une peine moins sévère que les dizaines d’années de prison encourues. Deux traders de Deutsche Bank condamnés pour les mêmes faits en 2020 avaient été condamnés à un an d’emprisonnement.
Jusqu’à présent, dix traders ont été inculpés dans des affaires similaires aux Etats-Unis chez JPMorgan, Deutsche Bank, Merrill Lynch, The Bank of Nova Scotia et Morgan Stanley.
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse