
Daimler Truck gagne en flexibilité industrielle et financière
Les investisseurs ont réservé vendredi un bon accueil à la cotation inaugurale de Daimler Trucksur la Bourse de Francfort. Introduite au prix de 28 euros, l’action du constructeur de camions et d’autobus a terminé la séance sur un gain de 6,8% à 29,9 euros, reflétant ainsi une capitalisation boursière de 24,6 milliards d’euros. Scindé en octobre de Daimler, le nouveau groupe «pourrait être valorisé jusqu’à 44 milliards d’euros sur la base de ses objectifs de rentabilité et de son profil similaire à celui du rival Volvo», avancent les analystes de Jefferies.
«Nous disposons d’un potentiel de croissance important», a commenté Martin Daum, président du directoire de Daimler Truck, en ajoutant que «les voitures particulières de luxe et les camions ont peu de choses en commun en ce qui concerne leur technologie, leur base de clientèle et la manière dont les produits sont commercialisés». Ola Källenius, son homologue au sein deDaimler, a de son côté estimé que «cette réorganisation historique en deux sociétés spécialisées vise à libérer tout leur potentiel et à créer une valeur ajoutée décisive pour l’ensemble des parties». Cette scission représente le plus important mouvement stratégique entrepris par le groupe automobile depuis la vente de Chrysler en 2007.
Moody’s a attribué à la dette à long terme de Daimler Truck la note ‘A3’, assortie d’une perspective stable. Parmi les facteurs à surveiller, les analystes de l’agence de crédit ont mentionné «l’exposition du groupe à des marchés finaux concurrentiels et très cycliques, des marges historiquement basses et volatiles, une présence toujours faible en Chine, premier marché mondial pour les camions, ainsi que les investissements significatifs nécessaires pour gérer les mutations technologiques débouchant sur des véhicules propres et à conduite autonome».
Des liquidités abondantes
Ils ont néanmoins estimé que la reprise globale du marché des poids lourds et les mesures de restructurations déjà mises en place par Daimler devraient permettre à son ex-filiale «de maintenir un levier financier compris entre 1 et 1,5 fois son excédent brut d’exploitation (Ebitda)». Daimler Truck dispose en outre de liquidités abondantes avec une trésorerie supérieure à 5 milliards d’euros, complétée par une nouvelle facilité de crédit d’un montant équivalent. Cette ligne de crédit ne comprend aucun covenant ni clause «MAC» (Material Adverse Change) qui impliquerait une remise en cause des engagements des prêteurs en cas d’événement négatif majeur.
La nouvelle entreprise cotée pourra tirer parti des difficultés actuelles de son concurrent Traton, dont seulement 10% du capital a été mis en Bourse en juin 2019 par sa maison mère Volkswagen. Le président du directoire et le directeur financier de Traton ont été tous deux remplacés fin septembre, ce qui constitue le deuxième remaniement au sein de son équipe dirigeante en deux ans et demi.
Pour les analystes de Norddeutsche Landesbank, «la scission du pôle poids lourds du reste des activités automobiles de Daimler devrait améliorer sensiblement la capacité de réaction des deux entreprises sur leurs marchés respectifs». Grâce à cette opération, le constructeur allemand, qui sera renommé Mercedes-Benz en février prochain, sera en mesure de conclure de nouvelles alliances avec ses homologues comme Renault et Nissan, Geely et Volvo Cars, ou encore BMW. Mercedes-Benz deviendra également une cible plus facile pour une éventuelle OPA en raison de l’absence d’actionnaire de référence.
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