
Ces actions qui flambent avec les prix des matières premières

Le spectre de 2008. En avril, le Nasdaq, a enregistré sa pire baisse depuis près de 14 ans. Le mois dernier, l’indice des valeurs technologiques américaines a plongé de 13,3%, pas si loin des -17,4% enregistrés en octobre 2008 au cœur de la crise des subprimes.
La guerre en Ukraine et les confinements en Chine pèsent sur la croissance et favorisent une inflation déjà alimentée par la sortie de crise sanitaire. Un cocktail «stagflationniste» pénalisant pour les actions. Depuis le début de l’année le S&P 500 perd 12,8%, le Stoxx Europe 600 8,5% et le CAC 40 9,9%.
Flambées agricoles
Dans cet environnement morose, certaines entreprises font pourtant mieux que surnager en Bourse. Au-delà du classique phénomène de «rotation de portefeuille» - les investisseurs délaissant les actions dites de croissance en raison de la hausse des taux d’intérêt au profit des titres considérés comme décotés («value») - deux secteurs ont particulièrement tiré leur épingle du jeu : les matières premières et l’industrie de l’armement.
Aux Etats-Unis, le constat est sans appel. Depuis le début de l’année, les 18 plus fortes hausses de l’indice S&P 500 sont liées à l’un ou l’autre de ces secteurs. Parmi elles, on trouve le géant de l’agro-industrie, Archer Daniels Midland. En hausse de 32% depuis le début de l’année, son titre profite de la flambée du cours des produits agricoles. En cinq mois, les cours du maïs et du blé américains ont ainsi grimpé de plus de 30% et ils ont flambé de plus de 40% en Europe. Le prix de l’huile de soja a bondi de près de 50%.
La progression du cours du minerai de fer de plus de 30% depuis le début de l’année a de son côté bénéficié au producteur d’acier Nucor Corp quand l’envolée de 50% du prix de la potasse fait les affaires du producteur d’engrais The Mosaic Company. En Bourse, le premier grimpe de 31% en cinq mois et le second s’envole de 59%.
Vert pétrole
Au palmarès du S&P 500, The Mosaic Group n’est devancé que par Occidental Petroleum (+101%) qui a profité d’une hausse de 38% du prix du WTI depuis le début de l’année. L’industrie pétrolière et gazière américaine occupent d’ailleurs l’essentiel des premières places du classement : huit des dix plus fortes hausses de l’indice sont des actions de producteurs ou d’équipementiers. Apache, Halliburton et Marathon Oil ont gagné plus de 50% depuis le début de l’année, Exxon Mobil 41%, Chevron 36%, etc.
Une mainmise qu’on ne retrouve pas sur le Vieux Continent. La cote européenne est moins fournie en valeurs pétrolières que le S&P 500, et celles-ci ont plus pâti de leur exposition à la Russie, à l’image de TotalEnergies. Les groupes américains ont aussi pu profiter d’une flambée encore plus marquée du cours du gaz local. Depuis le début de l’année, le gaz Henry Hub américain a été multiplié par deux contre «seulement» +60% pour le TTF européen. Ainsi, sur les 11 plus fortes hausses de l’indice Stoxx Europe 600, «seules» quatre entreprises sont actives dans le secteur des hydrocarbures : le fabricant de tubes italien Tenaris (+55%) et les producteurs espagnol Repsol (+35%), norvégien Equinor (+35%) et anglo-néerlandais Shell (+34%). Dans le secteur agricole, on notera aussi la flambée de 110% du cours du fabricant d’engrais allemand, K+S.
Absent du haut du classement américain, le secteur de la défense concurrence les valeurs pétrolières au palmarès européen. Six fabricants d’armes figurent parmi les dix plus fortes hausses : l’allemand Rheinmetall (+155%), les français Dassault Aviation (+68%) et Thales (+62%), l’italien Leonardo (+53%), le norvégien Kongsberg (+41%) et le britannique BAE Systems (+35%). La guerre a conquis la Bourse européenne.
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San Francisco - La présentation de la nouvelle gamme d’iPhone est attendue mardi dans la Silicon Valley, à l’heure où la guerre commerciale sino-américaine renchérit les coûts de production d’Apple, sous pression pour rattraper son retard dans l’intelligence artificielle (IA). Comme à son habitude, le constructeur californien est resté silencieux sur le contenu de l'événement organisé à son siège de Cupertino, au moment où il dévoile sa nouvelle génération d’iPhone, moteur de ses revenus. Malgré la position dominante des iPhone dans le haut de gamme, Apple doit encore prouver qu’il peut suivre le rythme dans la course à l’IA générative. «Apple est vu comme étant un retardataire dans la grande fête de l’IA, ce qui représente un défi majeur» pour le géant technologique, notent les analystes de l’agence Canalys. Les smartphones rivaux, dotés du système Android soutenu par Google, «ont massivement amélioré l’intégration de l’IA» tandis que «le déploiement plus lent d’Apple» a poussé des consommateurs à retarder l’achat d’un nouvel iPhone, poursuit la note. Il y a moins d’un an, Apple a lancé ses fonctionnalités d’IA, «Apple Intelligence», qui ont déçu les utilisateurs, notamment les améliorations de l’assistant vocal, Siri, jugées trop minimes. Selon certains médias, l’entreprise prévoirait d’intégrer l’IA dans la recherche en ligne en 2026, en parallèle d’une refonte de Siri, mais ces affirmations n’ont pas été confirmées. Apple travaillerait aussi sur un partenariat avec Google pour améliorer son expertise en recherche et IA, selon d’autres articles de presse. «Je serai surpris s’il y a une annonce majeure sur la stratégie IA d’Apple», prévient Thomas Husson, analyste chez Forrester. «J’ai peur que l’approche d’innovation incrémentale d’Apple avec l’iPhone 17 commence à atteindre ses limites - surtout pour ceux qui ont soif de plus d’innovation», estime-t-il dans une note. Ultra-fin L’attraction principale mardi devrait être les nouveaux modèles d’iPhone, en particulier une variante ultra-fine nommée «Air». La plupart des observateurs y voient un pivot stratégique: Apple mise sur la finesse plutôt que sur la taille d'écran pour garder la main sur le marché haut de gamme. Un iPhone ultra-fin pourrait aussi préparer le terrain à une version pliable, dans les années à venir. Qui devrait toutefois affronter deux défis: une surcoût de production pour la prouesse technique et la réduction de l’espace pour la batterie. Les prix des nouveaux iPhone devraient augmenter aux Etats-Unis en raison des droits de douane imposés par le président Donald Trump, qui alourdissent les coûts de production en Chine, toujours le principal centre de fabrication de la marque à la pomme. «Apple navigue dans un équilibre délicat entre ses deux plus grands marchés - les États-Unis et la Chine - au milieu de tensions commerciales croissantes», souligne Canalys. L’impact financier de cette guerre commerciale est déjà considérable: le PDG Tim Cook a dévoilé que les droits de douane ont coûté 800 millions de dollars à Apple au dernier trimestre, avec un manque à gagner estimé à 1,1 milliard de dollars pour le trimestre en cours. Glenn CHAPMAN et Benjamin LEGENDRE © Agence France-Presse