Amazon paye cher son retour sur le marché obligataire

Le géant américain a levé 12,75 milliards de dollars d’obligations dans un marché devenu plus cher et plus exigeant.
Xavier Diaz

Pour les émetteurs qui le peuvent encore, il n’y a plus de temps à perdre avant que les conditions financières ne se dégradent plus fortement. Amazon a placé la semaine passée une transaction jumbo de 12,75 milliards de dollars sur sept tranches, la deuxième plus importante opération sur le marché primaire corporate en dollar cette année après celle de 30 milliards réalisée par AT&T et Discovery (30 milliards).

Le géant américain de la vente en ligne avait déjà émis 18 milliards de dollars d’obligations en mai 2021 malgré son importante trésorerie. L’argent emprunté servira au refinancement de la dette existante et au financement des acquisition et des rachats d’actions. Amazon prévoyait d’émettre en 10 et 12 milliards de dollars mais la forte demande lui a permis d’augmenter le montant émis et de resserrer nettement les prix à l’émission (entre 20 et 25 points de base, pb, en fonction de la maturité allant de 2 ans à 40 ans), ce qui a entraîné une forte réduction du livre d’ordres (de 40 milliards de dollars pour l’ensemble des sept souches à 23,55 milliards).

Logiquement, le coût de financement a augmenté, en raison de la hausse des taux (entre 100 et 120 pb pour les maturités longues sur un an et plus de 200 pour les échéances à court terme) et d’un écartement des spreads. La hausse a été plus marquée à court terme (coupon à 2 ans passé de 0,25% il y a un an à 2,73% (de 3,1% à 3,6% à 10 ans et de 3,25% à 4,1% à 40 ans). Par ailleurs, le groupe a dû concéder une prime d’émission de 10-15 pb, qui n’était pas aussi élevée l’an dernier.

Amazon a beau être noté AA/A1, les investisseurs n’acceptent pas n’importe quel prix. Les conditions pour refinancer des dettes anciennes n’ont pas été aussi élevées depuis mars 2020 voire 2008. Le marché est aussi plus attentiste face aux risques macroéconomiques et de politique monétaire. Ce d’autant que la performance de la classe d’actifs en un seul trimestre a rarement été aussi mauvaise (-10,5% pour l’investment grade en dollar) même si certains voient dans les rendements actuels une opportunité.

Toutefois, après une période de forte activité au premier trimestre, avec notamment un mois de mars record, (sur le marché américain comme européen), de nombreux émetteurs ayant anticipé des refinancements avant le durcissement des conditions de financement, le marché primaire connaît un nouveau dégonflement. Les stratégistes des banques d’investissement ont revu en baisse leurs prévisions d’émissions pour cette année (qui étaient déjà en retrait par rapport à l’an dernier).

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