Amazon entend accélérer la décarbonation de ses livraisons en Europe

Son investissement de plus d’un milliard d’euros, visant à doubler sa flotte de véhicules électriques en 5 ans, pourrait se heurter aux problèmes de Rivian.
Yves-Marc Le Réour
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Amazon a l’intention de porter sa flotte d’utilitaires électriques à plus de 10.000 véhicules à l’horizon 2025.  -  Crédit European Union

Amazon veut mettre les bouchées doubles pour «verdir» ses activités de livraison sur le Vieux Continent. Le spécialiste du commerce en ligne a annoncé lundi un investissement supérieur à un milliard d’euros sur cinq ans, qui doit lui permettre au minimum de doubler sa flotte de véhicules électriques. «Dans le cadre de l’investissement annoncé ce jour, Amazon prévoit d’acheter et de déployer plus de 1.500 poids lourds électriques au sein de sa flotte européenne, dont plus de 300 en Francedans les années à venir», a précisé le groupe américain dans son communiqué. En parallèle, il a l’intention de porter sa flotte d’utilitaires électriques à plus de 10.000 véhicules à l’horizon 2025, contre un peu plus de 3.000 à l’heure actuelle.

Si Amazon utilise déjà plusieurs milliers de véhicules qui n’émettent pas de dioxyde de carbone (CO2) dans le cadre de ses activités européennes, son directeur général, Andy Jassy, souligne que la phase de transport du ‘dernier kilomètre’, qui représente la livraison au consommateur final, «est l’un des pans de notre activité les plus difficiles à décarboner». Le distributeur prévoit ainsi de développer des «pôles de micromobilité», c’est-à-dire des dépôts de plus petite taille queles entrepôtsde périphérie, à partir desquels il peut plus facilement assurer la livraison dans les centres-villes à pied ou en vélo-cargo. Il ajoute que ces pôles, qui existent déjà dans une vingtaine de villes européennes, dont Paris, Lyon et Nice dans l’Hexagone, feront leur apparition «dans deux fois plus de municipalités d’ici à fin 2025».

Encourager la poursuite de l’innovation

L’investissement significatif consenti par le groupe de Seattle est d’abord destiné à réduire sa dépendance aux énergies fossiles traditionnelles. Mais ce dernier entend aussi de cette manière «encourager davantage les secteurs du transport et de la construction automobile en Europe et dans le monde à redoubler d’efforts et à continuer d’innover» pour lutter contre le réchauffement climatique.

Amazon a l’ambition d’atteindre «zéro émission nette de carbone d’ici à 2040, avec dix ans d’avance sur l’objectif fixé par l’Accord de Paris». Il précise que l’absence d’émission de CO2 visée s’applique aux véhicules en phase de roulage mais que cela n’inclut pas les gaz à effet de serre qui ont pu être émis au moment de leur fabrication. Par ailleurs, son offre de ‘cloud computing’ (informatique en nuage), qui nécessite le stockage d’un volume très important de données dans des serveurs, est fortement consommatrice d’énergie.

Ses objectifs de décarbonation pourraient de surcroît être contrariés par les problèmes actuels de Rivian Automotive qui est censé lui fournir 100.000 véhicules électriques d’ici à 2030. La société, dont Amazon est le principal actionnaire, peine depuis le début de l’année à gérer le passage simultané de plusieurs modèles vers une production de masse. A cet égard, le partenariat conclu le mois dernier entre Rivian et Mercedes-Benz dans les utilitaires électriques ne devrait pas faire sentir ses effets avant 2024.

Forte chute de l’action Rivian

A court terme, la situation ne devrait pas s’arranger. Lundi, l’action Rivian chutait de 9,4% à 30,75 dollars sur le Nasdaq à la clôture des Bourse européennes, après le rappel d’environ 13.000 véhicules en raison d’un défaut de fixation susceptible d’entraîner «dans de rares circonstances» une perte de contrôle de leur direction. Ce rappel d’urgence, annoncé vendredi dernier, concerne la quasi-totalité des véhicules électriques livrés par le constructeur depuis le début de leur commercialisation au troisième trimestre 2021.

«Nous sommes davantage préoccupés par les prévisions de production pour 2023», soulignent dans une note les analystes de RBC Capital Markets. L’ajout de packs de batteries et de moteurs ainsi que les temps d’arrêt nécessaires à l’usine pour accroître sa capacité pourraient en effet faire dérailler les cadences de production. En mars dernier, Rivian a réduit de moitié son objectif de production à 25.000 véhicules pour l’exercice en cours, en citant des difficultés d’approvisionnement.

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