
Tapis rouge pour les recrues !

Un consultant en ressources humaines (RH) raconte : « Lorsque je demande à un cadre : ‘Dites-moi quel moment a été le plus marquant au sein de votre entreprise ?’, j’obtiens toujours la même réponse : ‘Mon premier jour !’ ». L’arrivée d’un salarié au sein d’une organisation est déterminante, pour son engagement dans son travail, mais aussi sa capacité à adhérer à la culture et aux valeurs de son employeur et à sa productivité. Ainsi, chez les acteurs de la finance où les processus RH sont très normés, les programmes d’onboarding déroulent le tapis rouge aux nouveaux venus dès leur premier jour dans l’entreprise. Chacune a son rituel. Chez Arkea Investment Services, filiale du groupe Arkea qui regroupe les spécialistes en gestion d’actifs et banque privée, chaque arrivant est accueilli par un membre de son équipe qui lui remet un guide des fonctions et des métiers et des « goodies ». « Ce collègue fait aussi office de ‘sherpa’, explique Cédric Malengreau, directeur général d’Arkea Investment Services. Il lui fait visiter les locaux et lui présente le restaurant d’entreprise. En général, le premier repas est pris en commun avec l’équipe, un entretien avec le manager est également prévu dans la journée. »
De son côté, PwC propose depuis un an et demi à ses 2.000 recrues deux jours de « Welcome Days » à leur arrivée. Au menu : une présentation de la culture et de l’organisation du cabinet, un questionnaire ludique pour briser la glace, le témoignage d’un associé, des ateliers collaboratifs dédiés à la gestion des carrières, à l’expérience client et à l’engagement RSE. La journée se clôture par la remise du matériel et d’une pochette cadeau de bienvenue. « Le lendemain matin, elles se familiarisent avec les outils de travail. Elles sont ensuite conviées à un ‘escape game’ autour des valeurs de l’entreprise, puis à une visite des bureaux », indique Murielle Navarre, directrice talents et développement de PwC. L’après-midi est consacré à la découverte de l’équipe, en compagnie du « team leader », d’un RH de proximité ou du « buddy » qui tient le rôle de parrain les six premiers mois. Recruté en juin comme consultant senior au sein de l’équipe services financiers, Théo Lahousse, 28 ans, a été agréablement surpris par cet accueil. « Les associés qui sont venus échanger avec nous ont donné le ton en nous expliquant que le cabinet avait besoin de nos talents. Mon ‘team leader’ et mon ‘buddy’ m’ont aussi accueilli avec beaucoup de bienveillance. Je me suis tout de suite senti très à l’aise. »
« Chaleureux et structuré »
Chez BNP Paribas Cardif en France, le processus d’intégration mis en place il y a un an et demi démarre le jour où le collaborateur signe son contrat de travail. « Nous lui proposons de télécharger l’application ‘Welcome’. Il peut ainsi visualiser son parcours d’intégration et se familiariser avec les valeurs de l’entreprise », explique Anne Congy, DRH France de BNP Paribas Cardif. Le programme d’intégration inclut notamment dans les deux premières semaines un entretien de prise de poste avec le manager. « Pendant cet échange, ma fiche de poste a été modifiée car mon manager a souhaité m’affecter une mission qui n’avait pas été abordée lors du recrutement. Il m’a aussi fixé des objectifs clairs pour ma période d’essai et jusqu’à la fin de l’année, afin de me donner envie de me projeter plus loin », raconte Daniel Dahan, 32 ans, recruté en avril dernier comme actuaire confirmé. Allianz France organise, pour sa part, à la fin de chaque mois, un parcours d’intégration de deux jours au siège. « Grâce à celui-ci, les nouveaux collaborateurs arrivent avec un vécu au sein de l’entreprise, nous avons donc des échanges plus constructifs avec eux. Les réunir en petit comité d’une vingtaine de personnes nous permet aussi de connaître chacun personnellement », assure Christine Lefebvre-Deloupy, responsable de la marque employeur d’Allianz France. « Ces deux jours se sont déroulés dans un environnement chaleureux et structuré, se souvient Chloé Nicolas, 26 ans, embauchée en mars dernier comme actuaire. J’ai découvert les engagements RSE de l’entreprise, comme l’arrondi sur salaire. Ce fut aussi l’occasion de tisser des liens avec des collègues qui viennent de métiers différents. »
Souvent, ces programmes s’achèvent par un grand séminaire annuel qui réunit l’ensemble des recrues. C’est le cas chez Crédit Agricole CIB (CACIB) qui organise tous les ans un « Induction Day ». « La journée commence par un mot d’accueil de la direction générale, la projection d’une vidéo de présentation de l’entreprise et un rappel de l’historique du groupe Crédit Agricole », détaille Gwendoline Mirat, responsable du développement RH de CACIB. Un animateur monte ensuite sur scène pour présenter la « Deal Team ». « Nous avons choisi de solliciter des collaborateurs de la banque pour raconter un succès d’équipe. Ce qui nous permet d’aborder la plupart de nos métiers et nos activités », souligne la responsable RH. Théo Lahousse a lui participé au dernier séminaire organisé par PwC pour ses 300 nouveaux seniors associates : « Les deux jours ont été rythmés par des ateliers sur le ‘feedback’, les outils et l’innovation chez PwC, et un défi sportif. Cela renforce l’esprit d’équipe et le sentiment d’appartenance à l’entreprise. » Daniel Dahan juge lui aussi de manière positive l’intégration dont il a bénéficié chez BNP Paribas Cardif. « En général, ces programmes durent une ou deux semaines, et après vous ne voyez plus personne. Là, j’ai eu l’impression d’être accueilli, attendu et accompagné tout au long de ma première année. »
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Au Brésil, le procès Bolsonaro entre dans sa phase décisive
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L'ambassadeur britannique aux Etats-Unis limogé, pour ses liens avec Jeffrey Epstein
Londres - L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Peter Mandelson, a été limogé jeudi en raison de ses liens avec le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein, un revers de plus pour le Premier ministre Keir Starmer avant la visite d’Etat de Donald Trump au Royaume-Uni. La pression montait depuis plusieurs jours sur Keir Starmer, qui avait nommé il y a moins d’un an cet architecte du «New Labour» de Tony Blair, pour tenter de consolider les liens entre son gouvernement et la nouvelle administration Trump. Des mails entre le vétéran du parti travailliste de 71 ans et le financier américain, mort en prison en 2019, révélés cette semaine, «montrent que la profondeur et l'étendue des relations de Peter Mandelson avec Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de celles connues au moment de sa nomination», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Compte tenu de cela, et par égard pour les victimes des crimes d’Epstein, il a été révoqué comme ambassadeur avec effet immédiat», a ajouté le Foreign Office. Dans une lettre écrite par Peter Mandelson pour les 50 ans de Jeffrey Epstein en 2003, et publiée en début de semaine par des parlementaires à Washington, le Britannique affirme que le financier américain est son «meilleur ami». Interrogé mercredi après la publication de cette lettre, le Premier ministre Keir Starmer lui avait apporté son soutien, assurant que Peter Mandelson avait «exprimé à plusieurs reprises son profond regret d’avoir été associé» à Jeffrey Epstein. Mais cette position est rapidement devenue intenable. En fin de journée mercredi, des médias britanniques, dont le tabloïd The Sun, ont rapporté que M. Mandelson avait envoyé des mails de soutien à Jeffrey Epstein alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures. Juste avant que M. Epstein ne plaide coupable pour conclure un arrangement dans cette affaire en 2008, Peter Mandelson lui aurait écrit: «Je pense énormément à toi et je me sens impuissant et furieux à propos de ce qui est arrivé», l’incitant à "(se) battre pour une libération anticipée». «Je regrette vraiment très profondément d’avoir entretenu cette relation avec lui bien plus longtemps que je n’aurais dû», avait tenté de se défendre l’ambassadeur dans un entretien diffusé mercredi sur la chaîne YouTube du Sun. Il y a affirmé n’avoir «jamais été témoin d’actes répréhensibles» ou «de preuves d’activités criminelles». «Sérieuses questions» «L’affirmation de Peter Mandelson selon laquelle la première condamnation de Jeffrey Epstein était injustifiée et devait être contestée constitue une nouvelle information», a fait valoir le Foreign Office pour expliquer la décision de le limoger. Dans une lettre au personnel de l’ambassade, citée jeudi soir par la BBC, Peter Mandelson affirme que ce poste a été le «privilège» de sa vie. «Je regrette profondément les circonstances qui entourent l’annonce faite aujourd’hui», ajoute-t-il. Les relations entre Londres et Washington sont «en très bonne posture», se félicite l’ex-ambassadeur, disant en tirer une «fierté personnelle» Pour Keir Starmer, ce départ, à une semaine de la visite d’Etat du président Donald Trump au Royaume-Uni les 17 et 18 septembre, est un nouveau coup dur. Le dirigeant travailliste, au plus bas dans les sondages, a déjà dû se séparer il y a quelques jours de sa vice-Première ministre, Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale, ce qui a déclenché un remaniement de taille du gouvernement. Trois fois ministre et commissaire européen, Peter Mandelson était le premier responsable politique nommé ambassadeur à Washington, un poste traditionnellement réservé à des diplomates chevronnés. Cet homme de réseaux et d’influence, surnommé le «Prince des ténèbres», était déjà tombé à deux reprises par le passé en raison d’accusations de comportements répréhensibles ou compromettants. La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch a fustigé le «manque de courage» de Keir Starmer, qui «a encore échoué à un test de son leadership». Marie HEUCLIN © Agence France-Presse