Solutions 30 : pourquoi EY refuse de donner une opinion sur les comptes

Olivier Pinaud
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 -  Crédit European Union

Solutions 30 révèle ce dimanche 23 mai les raisons pour lesquelles EY Luxembourg, son réviseur d’entreprise (commissaire aux comptes), n’a pas souhaité rendre d’opinion sur ses comptes consolidés 2020.

« Nous n’avons pas pu recueillir des éléments probants suffisants et appropriés justifiant la nature, la substance, la valeur et la conformité avec les lois et règlements de certaines transactions réalisées par le groupe et déterminer si ces transactions ont été conclues avec des parties liées y compris les membres de la direction », explique EY Luxembourg dans un rapport que Solutions 30 dit avoir reçu ce week-end et mis en ligne ce dimanche.

Le cabinet d’audit ajoute que « le groupe n’a pas donné suite à (ses) demandes de diligences complémentaires en lien avec les travaux d’investigation diligentés par le conseil de surveillance ».

Selon EY, « les incidences éventuelles sur les états financiers consolidés d’anomalies non détectées pourraient être à la fois significatives et avoir un caractère diffus. Par conséquent, nous n’avons pas été en mesure de déterminer si des ajustements significatifs auraient pu, le cas échéant, s’avérer nécessaires sur les états financiers consolidés du groupe au 31 décembre 2020 ».

Vendredi, la direction de Solutions 30 avait dit ne pas connaître les raisons expliquant la décision d’EY qui lui avait été signifiée le 20 mai. EY Luxembourg avait déclaré quelques heures plus tard « que les déclarations contenues dans le communiqué de Solutions 30 reflètent les affirmations de la société, et non celles d’EY ».

« Profond désaccord »

Dans un communiqué publié ce dimanche, Solutions 30 se dit « en profond désaccord avec les fondements exprimés par EY », assurant que « ses équipes ont répondu avec diligence aux demandes de documents et d’information du réviseur d’entreprises et ont communiqué l’intégralité des éléments dont dispose le groupe ». La société rappelle que les honoraires du réviseur d’entreprises, d’un montant de 2,4 millions d’euros, ont augmenté de plus de 30% par rapport à 2019, année de transition aux normes IFRS qui avait nécessité un audit d’EY.

Solutions 30 ajoute que la note 17 des comptes consolidés 2020 fait l’inventaire de toutes les transactions liées et assure que « celles-ci ont toutes été réalisées à des conditions normales de marché ». Ces transactions liées faisaient partie des critiques émises par Muddy Waters, le fonds activiste américain, qui avait initié une position de vente à découvert sur Solutions 30 depuis 2019. Certaines d’entre elles ont été réalisées avec des dirigeants ou membre du conseil de surveillance de Solutions 30.

Solutions 30 reconnaît néanmoins que les discussions avec EY « sur les déclarations écrites rédigées et demandées par EY, se sont traduites par un désaccord ».

« Cette position d’EY est inhabituelle », réitère le groupe, selon lequel « elle ne constitue ni une certification, ni une certification avec réserve, ni une opinion défavorable ». « Si EY avait trouvé des choses, il aurait dû le dire », ajoute une source proche du groupe. Selon cette dernière, « la priorité du groupe est de faire certifier ses comptes ». Vu le divorce avec EY, Solutions 30 devra probablement désigner un nouveau commissaire aux comptes. En revanche, compte tenu du délai, il est peu probable que le groupe puisse présenter des comptes audités lors de son assemblée générale, dont la date a été fixé au 30 juin.

Procédure de conciliation

Malgré ce contexte inédit, et en l’absence d’opinion de ses commissaires aux comptes, Solutions 30 réaffirme ce dimanche les états financiers 2020 tels qu’approuvés par son conseil de surveillance et publiés fin avril. Le groupe ajoute que sa « position de trésorerie a été constatée en totalité au crédit des comptes bancaires pour un montant de 159 millions d’euros figurant à l’actif du bilan au 31 décembre 2020 ».

Compte tenu des conséquences que cette absence d’opinion pourrait avoir sur ses relations avec ses partenaires, clients ou banques, Solutions 30 avait annoncé vendredi avoir demandé au tribunal de commerce de Bobigny d’engager une procédure de conciliation.

Suspendue depuis le 10 mai, la cotation des actions Solutions 30 à la Bourse de Paris doit reprendre demain lundi 24 mai.

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