Scor s’achète du temps avant son nouveau plan stratégique

Le groupe de réassurance français repousse à 2023 la présentation de ses orientations stratégiques pour se concentrer sur un nécessaire retour à la rentabilité.
Réjane Reibaud
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Face àdes pertes qui se creusent depuis trois trimestreset aux craintes partagées sur sa performance opérationnelle, Scor a donné la priorité à sa profitabilité. Alors qu’il devait présenter son nouveau plan stratégique le 9 novembre, le groupe de réassurance français a finalement repoussé à 2023 cette feuille de route pluriannuelle pour se concentrer sur un plan à un an qui visele retour à la rentabilité.«Ma stratégie, c’est la gestion de la situation», explique à L’Agefi Laurent Rousseau, le directeur général de Scor. Baisse de 4% de la base de coût La pression est forte sur celui qui a pris les rênes du réassureur le 30 juin 2021. «Devant les résultats décevants du groupe, le conseil d’administration a demandé au management d’accélérer la mise en œuvre de mesures fortes pour renforcer la rentabilité technique de Scor et améliorer sa performance opérationnelle. Le conseil veillera à ce que leur mise en œuvre soit poursuivie avec détermination», a prévenu dans un communiqué Denis Kessler. PDG durant19 ans, ce dernier a confié en juin 2021 les rênes opérationnelles du groupe à Laurent Rousseau en conservantla présidencejusqu’en 2024. Malgré des pertes de 270 millions d’euros au troisième trimestre, Scorentend capitaliser sur les mesures correctives déjà prises en 2022. «Cette publication estle refletde résultats difficiles mais qui justifient d’autant plusla feuille de route que nous avons déjà engagée. Nous devons faire davantage et plus vite: les directions sont les bonnes», assure Laurent Rousseau. Pour retrouver la rentabilité après trois trimestres de pertes et un cours de Bourse en chute de plus de 40% sur un an, le réassureur mise surtout sur «une gestion proactive de son portefeuille de souscription» et la «mise en place d’une organisation agile et allégée». Celle-ci devrait permettre des gains d’efficacité annuels de 125 millions d’euros d’ici 2025, soit 4% de sa base de coût, sans plans de départs. Hausse de taux de 20% à 30% La majeure partie du travail touchera le portefeuille de souscription en réassurance dommages et de responsabilité. Alors que les catastrophes naturelles lui ont coûté 907 millions d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, dont 279 millions pourl’ouragan Ianet 166 millions pour les orages et tempêtes de grêle en France, Scor veut continuer à réduire ses engagements dans le segment, qu’il a déjà baissés de 20%, et jouer sur la tarification. «Les conditions pour que nous maintenions nos engagements en catastrophe naturelle lors des renouvellements 2023 sont claires et partagées par le marché: des hausses de tauxen catastrophes naturellesde plus de20% en Europe et 30% aux Amériques», prévient Laurent Rousseau. Le groupe a aussi joué la prudence.Outre 142 millions d’euros decréditsd’impôtdifférés amortisdepuis le début de l’année, Scor a ajouté485 millions d’euros aux réserves del’activité de réassurance dommages, faisant mécaniquement grimper le ratio combiné à 141,4% au troisième trimestre, contre 117,2% en l’excluant.«Nous avons voulu prendre une marge de prudence bilantielle qui s’illustrenotammentavec les 485 millions d’euros de réserves en réassurance dommages et de responsabilité. Deux tiers de ce montant représententlaprise en compte des effets attendus de l’inflation économique sur les futurs sinistres. Une grande partie du restant est en lien avec l’inflation sociale», explique Laurent Rousseau. Duration des actifs Une nouvelle bienvenue. «En ajoutant un montant supplémentaire de 485 millions d’euros aux réserves de son activité de réassurance dommages, Scor pourrait souhaiter fairetable rase du passéaprès la perte plus marquée que prévu accusée au troisième trimestre», indiquentles analystes de Citi dans une note. «Nous pensons que la mise à jour donne à la société une base plus solide, permettant aux investisseurs d'être plus rassurés sur les réserves en dommages, et donc de soutenir une réévaluation à partir du niveau actuel historiquement bas», abondent les analystes d’UBS. Le titre Scor a fini mercredi en hausse de 7,20% à 16,98 euros à la Bourse de Paris. Laurent Rousseau marque aussi un point avec la hausse attendue des revenus d’investissements «Le quatrième trimestre s’annonce, pour le moment, conforme à nos attentes, mais il est encore très tôt.Nous devonstoutefoisobserverune certaine prudence côté Covid-19, en raison de la vague hivernale, même s’il peut y avoiraussi un potentiel effet positif de nos rendements financiers. La duration courte de notre portefeuille d’investissement permettrade profiterde la hausse des taux». Alors que la duration des actifs totaux est de 3,4 ans, le rendement des réinvestissements, avec des prévisions pour 2023 de 2,8 à 3,2%, «suggère des revalorisations de 12 à 22%. Cela devrait permettre d’absorber confortablement les coûts ponctuels plus élevés et la compensation potentielle du ratio combiné plus haut que prévu», notent les analystes d’UBS. Des doutes subsistent Le dividende, la rentabilité de l’entreprise à moyen terme et la baisse de la solvabilité, de 240% à 217% sur un trimestre, restent toutefois des points manquant pour lever tous les doutes, rappellent les analystes de JP Morgan.«Il faudra du temps pour que les mesures correctives produisent leur plein effet», ajoute Christian Badorff, analystechez Moody’s Investors Service. Confronté à ces sujets de rentabilité, Scor était aussi attendu sursa politique d’exclusion du gaz, notamment par l’ONG Reclaim Finance. Celle-ci regrette une«vision court-termiste alimentant dans le même temps les catastrophes naturelles qui ruine [le]business model de réassureur.»

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