
Paris déploie ses premières mesures pour attirer les déçus du Brexit

Si le Brexit reste encore hypothétique, Paris met enfin en œuvre des mesures concrètes pour séduire les financiers de la City qui craignent de perdre leur passeport européen. Après les prises de position des pouvoirs publics et de l’industrie au Forum Paris Europlace en juillet dernier, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l’Autorité des marchés financiers (AMF) ont annoncé hier une simplification de l’agrément en France d’établissements financiers britanniques. En parallèle, Bercy a confirmé la réforme du régime des impatriés. Promise par le Premier ministre Manuel Valls, elle est inscrite dans le projet de loi de finances 2017.
L’ACPR et l’AMF veulent favoriser l’agrément d’entités qui «reprendraient les activités actuellement réalisées en France sous forme de succursale ou directement depuis le pays d’origine» où elles sont enregistrées. Ces mesures concernent les assureurs, entreprises d’investissement, établissements de paiement ou de monnaie électronique mais pas, «à ce stade», les établissements de crédit supervisés par la Banque centrale européenne.
Pour faciliter les demandes d’agrément, «nous allons nous appuyer sur le travail de la FCA (le régulateur britannique, ndlr) car nous avons le même socle réglementaire européen», précise Franck Guiader, responsable fintech, innovation et compétitivité à l’AMF. «Tous les éléments de reporting financier pourraient être utilisés, et tous les documents en anglais utilisés avec les superviseurs britanniques (dossiers d’agrément, rapports sur le contrôle interne, etc)», complète un porte-parole de l’ACPR.
Le «2WeekTicket»
«Plusieurs contacts ont d’ores et déjà été pris par des établissements, de l’ordre d’une dizaine. Les échanges en sont encore à un stade exploratoire», poursuit l’ACPR. Du côté de l’AMF, «nous n’avons pas reçu de demande de délocalisation totale en France, mais certaines fintechs se posent la question et de nombreux acteurs plus mûrs réfléchissent à déléguer une partie de leurs activités britanniques, par exemple lorsqu’ils sont présents en France dans l’assurance mais pas dans la gestion d’actifs», assure Franck Guiader.
L’AMF propose en outre un avis de pré-autorisation, le «2WeekTicket», aux sociétés de gestion et fintechs britanniques (robo-advisors et crowdequity, mais pas le crowdlending et les paiements qui dépendent de l’ACPR). Ce régime doit leur permettre d’«entamer leurs démarches de domiciliation au bout de deux semaines seulement». «Nous nous engageons ensuite à abaisser leur délai d’agrément en France à deux mois, selon la qualité du dossier, contre trois à quatre mois aujourd’hui», ajoute Franck Guiader. L’ACPR ne se fixe pas d’objectif précis mais souhaite «traiter les dossiers dans un délai significativement plus court que le délai maximum».
Les deux superviseurs français proposent enfin un «guichet unique» aux établissements au profil hybride, et l’accès à un «référent anglophone».
Bercy a par ailleurs levé un verrou de taille en officialisant l’extension de cinq à huit ans de l’exonération d’impôt sur le revenu des primes d’impatriation, pour s’aligner sur les Pays-Bas. Ces primes seront aussi exemptes de taxe sur les salaires. La mesure s’appliquera pour les prises de fonction depuis le 6 juillet dernier. En revanche, les cadres impatriés restent assujettis à l’impôt de solidarité sur la fortune, sauf pour leurs biens situés à l’étranger, exonérés temporairement d’ISF depuis 2008,
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Washington - La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé vendredi, tournée vers la réunion de la Réserve fédérale (Fed) la semaine prochaine, qui devrait aboutir à une baisse de taux pour la première fois de l’année. Le Dow Jones a perdu 0,59%, l’indice Nasdaq a pris 0,44% et l’indice élargi S&P 500 a clôturé non loin de l'équilibre (-0,05%). «Il n’y a pas eu de donnée économique aujourd’hui et nous sommes en pleine période de silence de la Fed, donc sans commentaire susceptible d’influencer le marché», commente auprès de l’AFP Christopher Low, de FHN Financial. Certes, les investisseurs ont accueilli en début de séance un indice de confiance des consommateurs inférieur aux attentes. Mais «cela correspond à ce que nous avons observé dans d’autres enquêtes et dans les mesures de l’activité économique: le marché de l’emploi est très faible», estime M. Low. C’est précisément ce constat qui devrait pousser la banque centrale américaine à assouplir sa politique monétaire afin de donner un coup de fouet à l'économie. Le comité de politique monétaire (FOMC) se réunira à partir de mardi, et rendra sa décision quant à l'évolution des taux le lendemain. Les analystes sont unanimes: les taux directeurs de la Fed devraient diminuer d’un quart de point de pourcentage la semaine prochaine, la première baisse depuis décembre 2024. Wall Street a «intégré la baisse de taux», assure Christopher Low. Mais la place américaine «ne sait pas quel type d’orientation nous allons obtenir». A l’issue de la réunion mercredi, «nous aurons de nouvelles prévisions économiques de la Fed» ce qui permettra aux investisseurs «d'évaluer le nombre de baisses qu’elle envisage à l’avenir», anticipe l’analyste. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se tendait à 4,06% vers 20H25 GMT contre 4,02% la veille en clôture. A la cote, Microsoft (+1,77% à 509,90 dollars) a gagné du terrain, profitant de l’accord préliminaire avec OpenAI, à l’origine de ChatGPT. Microsoft est à la fois un actionnaire minoritaire et un partenaire commercial privilégié d’OpenAI dans lequel il a investi environ 13 milliards de dollars. Le fabricant de semi-conducteurs Micron a atteint un plus haut historique, à 157,23 dollars (+4,42%), après que les analystes de Citi ont relevé leurs anticipations sur le prix du titre de l’entreprise. Le groupe de médias Warner Bros Discovery a connu une deuxième journée d’envolée (+16,70% à 18,87 dollars) après des informations de presse publiées la veille assurant que son concurrent Paramount Skydance pourrait le racheter, et former ainsi un mastodonte du divertissement. La plateforme Gemini, spécialisée dans les cryptomonnaies, a connu une belle progression pour sa première journée à Wall Street. Fondée en 2014 par les frères jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss, rendus célèbres par le film «The Social Network» sur la naissance de Facebook, l’entreprise avait fixé le prix de son action à 28 dollars pour son introduction en Bourse. Elle a finalement clôturé à 32,00 dollars vendredi. L’exploitant de parcs d’attractions Six Flags Entertainment (+7,77% à 23,45 dollars) profitait de l’annonce d’une fréquentation en hausse pour la période estivale et d’une forte demande pour les vacances à venir, notamment autour d’Halloween et Noël. Nasdaq © Agence France-Presse -
Astrid Panosyan-Bouvet visée par une plainte autour d'un redressement fiscal évité à une entreprise
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse