MiFIDVision prône une régulation de l’analyse financière

Emetteurs et investisseurs soulignent la baisse de la qualité de la recherche. La couverture des sociétés régresse, sauf celles d’Euronext Growth grâce à la recherche sponsorisée.
Bruno de Roulhac

Où en est l’analyse financière ? Trois ans après l’entrée en vigueur de la directive MIF 2, la plateforme de place MiFIDVision, créée à l’initiative de la Société française des analystes financiers (Sfaf), a dévoilé mardi son troisième baromètre annuel et émis quatre nouvelles recommandations.

Pour faire de l’analyse financière un atout de la Place financière de Paris et accompagner la reprise des introductions en Bourse, «le métier d’analyste a besoin d’une régulation», explique Thierry Giami, président de la Sfaf. Dans un secteur financier très réglementé, l’analyse financière apparait comme une exception. Or, un cadre est nécessaire pour garantir l’indépendance, la déontologie, la qualité et le professionnalisme de l’analyse financière. Une urgence alors qu’émetteurs et investisseurs soulignent la baisse de la qualité de la recherche.

Avec le développement de l’analyse ESG, à la demande des investisseurs comme des émetteurs, l’expertise de la place de Paris en matière d’analyse extra-financière doit être mise en valeur et encouragée. D’ailleurs, les émetteurs soulignent la bonne intégration de l’extra-financier par les analystes. Thierry Giami propose de créer un label analyse ESG.

Si l’analyse sponsorisée «n’est pas la solution, mais une solution, nous n’y voyons que des avantages», poursuit Thierry Giami, invitant à poursuivre les travaux sur une charte de bonnes pratiques, garantissant une analyse claire et transparente, mais aussi avec un minimum d’indépendance.

Enfin, MiFIDVision soutient la proposition de la Commission européenne de mettre en place une couverture d’analyse financière de toutes les entreprises cotées. Une nécessité, alors que le baromètre MiFIDVision fait état d’une poursuite de la baisse du nombre d’études sur les sociétés cotées sur Euronext, avec 1.683 analyses soit une baisse de 15% depuis 2018, en ligne avec la baisse du nombre d’analystes, aujourd’hui 632 pour 26 bureaux d’analyse français. Mais l’européanisation s’accélère avec 65% des analystes hors de France, contre 36% en 2018, et une augmentation de 10% des valeurs européennes couvertes.

Toujours 31% des sociétés ne bénéficient d’aucune couverture. Les grandes capitalisations sont moins suivies – 13 sociétés sont suivies par 10 analystes ou plus, contre 59 en 2018 – mais la couverture d’Euronext Growth progresse avec 141 sociétés suivies contre 109 en 2018. Une augmentation permise notamment par la recherche sponsorisée.

Pour 59% des émetteurs, la qualité du suivi de leur société a baissé depuis MIF 2, essentiellement pour les valeurs moyennes. Principale raison invoquée, la «juniorisation» de la profession, et le manque de connaissance approfondie de la société. «Cette ‘juniorisation’ est préoccupante, souligne François-José Bordonado, directeur des relations investisseurs de Dassault Systèmes. Il faut former les analystes.» C’est à la fois le rôle des émetteurs, en offrant une vision à long terme, notamment via les Capital Market Days, mais aussi des bureaux d’analyses en améliorant l’accompagnement des juniors. L’analyste doit acquérir une conviction et la partager. Plus largement, la compétence technique des analystes fait défaut alors que les business models des entreprises technologiques sont de plus en plus complexes. «Un analyste généraliste ne suffit plus, il faut des acteurs spécialisés», ajoute Eric Pinon, président de l’AFG.

Plus sévères, les investisseurs regrettent un recul de la vision sectorielle, la rareté des idées originales, la moindre séniorité des analystes, la baisse des fréquences de publication et de mise à jour. Près de 80% des investisseurs relèvent une dégradation de la qualité de l’analyse sur les small caps.

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