Les principaux enseignements de la conférence PRI in Person

1 200 délégués ont assisté à la conférence ESG « PRI in Person » à San Francisco, qui coïncidait cette année avec le « Global Climate Action Summit » organisée par Jerry Brown, le gouverneur de Californie. Emmanuel Parmentier, associé chez Indefi, partage les principaux enseignements de cette conférence

A quoi pouvons-nous nous attendre de la part des Etats-Unis dans la lutte mondiale contre le changement climatique ? Si les intervenants américains n’ont pas directement mentionné l’administration Trump (même Al Gore a évité de mentionner le président), tous ont insisté sur les engagements américains l’échelle locale : • le trésorier de Californie a annoncé avoir signé le « Green Bond Pledge » et fixé un objectif ambitieux d’atteindre la neutralité carbone dans les consommations électriques d’ici 2045 ; • l’Illinois sera le premier Etat à signer les PRI ; • Chicago est la première ville du monde à rejoindre les PRI et son yrésorier a dévoilé son objectif d’atteindre la neutralité carbone dans ses investissements d’ici 2020 ; • le travail de la TCFD, dirigée par Michael Bloomberg, a été significativement mis en valeur. Les investisseurs américains sont généralement en retard sur la mise en place de politiques ESG : estce toujours le cas ? En dehors des principaux fonds de pension californiens (à savoir CalSTRS et CalPERS), il est vrai que les investisseurs américains ne sont pas réellement impliqués sur les sujets ESG. Le débat reste vif sur le conflit potentiel entre politique ESG et responsabilité fiduciaire. Ils ne sont pas aidés par l’administration fédérale : en avril 2018, le Ministère du Travail a publié une lettre qui décourage les fonds de pension d’utiliser les critères ESG. Mais il faut garder espoir. Plusieurs intervenants ont en effet déclaré être très optimistes sur la généralisation des politiques ESG chez les fonds de pension américains, entraînée par le renouvellement des générations. Les préoccupations de la génération des « millenials » vont en effet bien au-delà de la simple performance financière : ils pourraient amener les institutionnels à réviser leurs politiques. Une évolution majeure des fonds de pension américains dans leur perception de l’ESG est donc attendue au cours de la prochaine décennie. Les consultants en investissement commencent d’ailleurs à prendre en considération les sujets ESG dans leur processus de sélection des sociétés de gestion: ainsi, AON Hewitt a annoncé systématiquement adresser des questionnaires ESG aux gestionnaires d’actifs et communiquer une évaluation ESG de ces derniers à tous ses clients institutionnels, qu’ils l’aient demandé ou non. Qu’en est-il de l’Europe et de l’Asie ? Après que Martin Spolc a expliqué le plan d’actions de la Commission Européenne en faveur du développement de la finance durable, un panel a discuté de la possibilité que cette réglementation à venir acquière une influence mondiale. La situation a été comparée à MiFID 2 : la dissociation du paiement des frais de recherche et des frais de courtage est considérée par de nombreux investisseurs américains comme bénéfique pour les marchés financiers, ce qui les incite à spontanément appliquer cette règle européenne. Concernant l’Asie, les gestionnaires d’actifs et institutionnels chinois étaient particulièrement bien représentés sur scène. La réglementation chinoise imposera à toutes les sociétés cotées de publier des informations ESG d’ici 2020. Les PRI sont de fervents partisans des Objectifs de Développement Durable (ODD) depuis leur lancement en 2015 : quelles sont les grandes tendances sur ce sujet ? La quasi-totalité des tables rondes ont mentionné les ODD comme la nouvelle nomenclature de référence pour l’investissement responsable. Ces derniers peuvent être déclinés à toutes les classes d’actifs, bien au-delà des actions cotées. Pour les investissements obligataires par exemple, les entreprises sont enclines à satisfaire la demande de leurs investisseurs car elles reviennent régulièrement se refinancer sur les marchés. Par ailleurs, on s’attend à ce que le marché des obligations vertes poursuive son développement. Enfin, quelques-uns plaident pour la création d’« obligations ODD ». Dans le non coté, des fonds clairement positionnés sur le sujet sont levés, à l’image des fonds d’impact qui contribuent à certains ODD spécifiques. En infrastructure, les responsables promeuvent l’impact de leurs projets sur au moins la moitié des ODD. En dépit de ce que l’on peut parfois entendre en France, la communauté mondiale s’engage clairement en faveur des ODD. Il est urgent qu’à la fois les institutionnels et les gestionnaires d’actifs intègrent ces standards internationaux dans leur politique d’investissement responsable. L’impact sera la prochaine évolution majeure de l’investissement ESG. Pour citer le discours introductif d’Al Gore : « la révolution du développement durable est la plus grande opportunité d’investissement de l’Histoire. »

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