
Les paiements en espèces résistent en France

On aurait pu croire que la pandémie de Covid aurait porté un coup fatal aux espèces des Français utilisées dans les points de vente. Ce n’est pas vraiment le cas, constate la dernière étude de la Banque de France sur les habitudes de paiements. Certes, le cash diminue, c’est une tendance de long terme, mais il reste toujours privilégié par rapport aux autres moyens de paiement.
En 2022, les paiements en liquide ont été utilisés pour 50% des transactions, contre 43% par carte bancaire, 2% par les applications mobiles et 4% par chèques ou virements. Selon le sondage effectué par la Banque de France, «les habitudes en matière de thésaurisation ne semblent pas avoir changé, avec un montant d’espèces déclaré en portefeuille en début de journée en France à 61 euros».
A titre de comparaison, en 2019, avant le Covid, le liquide était utilisé pour 57% des transactions. Les paiements par carte bancaire, qui pesaient pour 37% des transactions en 2019, ont été portés «notamment par le paiement sans contact, qui représente désormais plus d’un paiement par carte sur deux aux points de vente», précise la Banque de France.
Cette baisse de la monnaie sonnante et trébuchante est généralisée en Europe. Si son utilisation baisse plus vite chez certains de nos voisins sur les trois dernières années, comme en Espagne, en Italie ou en Allemagne, le niveau d’utilisation des moyens de paiement électroniques est plus élevé dans l’Hexagone. En Allemagne, comme c’est la tradition, la part des paiements en espèces reste supérieure à 60% (63% exactement). Cette proportion est encore plus élevée en Italie, ou elle atteint presque 70%, et en Espagne, de 66%.
Anonymat
Si l’utilisation des espèces ne diminue pas plus vite, c’est parce qu’elles gardent un avantage : celui de l’anonymat et de la protection de la vie privée. Parmi les autres arguments avancés figurent l’immédiateté des règlements ou la facilité de gestion des dépenses.
Paradoxalement, l’évolution des préférences de paiement aux points de vente (à ne pas confondre avec ce qui est effectivement utilisé) montre une remontée de l’attrait du cash pour les Français. Ceux-ci sont, en 2022, 14% à préférer cette manière de régler, alors qu’ils n’étaient que 9% en 2019. La différence entre les préférences de paiement et l’utilisation peut provenir, explique la Banque de France, de biais déclaratifs. Lorsque les consommateurs expriment leurs préférences en matière de moyen de paiement, «il est possible qu’ils prennent pour référence les principaux achats effectués, d’un certain montant, et ne retiennent donc pas le fait qu’ils paient de nombreux petits achats en espèces». Autre raison, certainement aussi importante : le niveau d’acceptabilité des autres moyens de paiement par les commerçants, tous n’acceptant pas, par exemple, la carte bancaire.
Les espèces ne sont pas mortes, loin de là. Mais, mauvaise nouvelle pour les pièces et les billets, les jeunes générations délaissent ces moyens de paiement. «La probabilité qu’une personne de 55 ans utilise principalement les espèces est significativement plus forte que pour une personne de moins de 25 ans», note la Banque de France. La même étude faite dans vingt-cinq ans aura donc sans aucun doute une tout autre tonalité.
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