
Les néobanques recrutent tous azimuts

Elles s’appellent C-Zam, Moneway, N26, Nickel, Qonto, Orange Bank ou Revolut…, et partagent toutes la même ambition : grignoter des parts de marché aux banques traditionnelles en misant sur leur modèle de néobanques 100 % mobile sans réseaux d’agences. C’est cette promesse innovante de pouvoir réaliser l’ensemble des opérations de tenue de compte et de paiement depuis un smartphone qui a par exemple permis au leader du marché en France, Nickel, de séduire 1,4 million de clients depuis sa création en 2014. Pour accompagner la croissance exponentielle de leurs activités, les start-up bancaires doivent grandir, et vite, comme l’explique Pierre-Henri Havrin, directeur des ressources humaines (DRH) de Nickel : « En 2018, nous avons recruté 200 nouveaux collaborateurs. Cette année, nous devrions voir nos effectifs croître d’environ 120 personnes. Ce qui devrait nous permettre de dépasser le cap des 400 salariés. » Et ce n’est pas fini puisque la croissance en France, couplée à la stratégie d’implantation dans des pays européens qui sera initiée en début d’année prochaine, nécessitera 200 nouvelles embauches à horizon 2021, rien que dans l’Hexagone. Même tendance du côté de Qonto, qui a vu ses effectifs doubler depuis son lancement en 2017. « Pour 2020, nous avons d’ores et déjà programmé une centaine de nouveaux recrutements. Nous serons alors 300 collaborateurs, annonce Sarah Ben Allel, DRH de cette néobanque qui ambitionne de faciliter la gestion bancaire et financière de ses 50.000 petites entreprises clientes. Le recrutement est au cœur de toutes nos discussions stratégiques car, pour absorber la croissance de notre activité, nous devons être en capacité d’accueillir les bons profils au bon moment. » L’ensemble des métiers sont concernés, avec une attention particulière sur l’IT. « L’informatique représente à elle seule un tiers de nos effectifs, confie Sarah Ben Allel. Les développeurs ‘front-end’ et ‘back-end’ sont les fonctions sur lesquelles nous recrutons le plus. Mais nous cherchons aussi des ‘products managers’, des ‘designers’, des chargés de relation client, des experts de la lutte LCB/ FT, ou des experts du marketing digital spécialisés dans le référencement et l’acquisition clients. » Chez Nickel, c’est la relation client, le commercial et l’IT qui concentrent le gros des embauches devant les autres fonctions : marketing, support, gestion de projet, contrôle… Les néobanques jouent la carte de la mobilité interne pour combler ces besoins. « Mais la vitalité de notre croissance nous oblige à systématiquement publier nos offres en parallèle à l’externe, sur notre site institutionnel et sur des ‘jobboards’ comme LinkedIn, HelloWork, Welcome to the Jungle ou Indeed, souligne Pierre-Henri Havrin. Nous faisons aussi un peu de cooptation, le recours aux cabinets de recrutement étant réservé aux profils IT les plus pénuriques. »
Autonomes et opérationnels
Contrairement aux idées reçues, ces start-up privilégient les professionnels expérimentés et recrutent assez peu de jeunes diplômés. Ce parti pris se traduit chez Qonto par une moyenne d’âge de 29 ans et une large diversité de profils. Sur leur CV, les 150 collaborateurs affichent 130 écoles différentes. « Le fait de grandir vite nous oblige à recruter des candidats autonomes et opérationnels immédiatement, justifie Sarah Ben Allel. Nous privilégions donc des profils dotés d’une ou deux expériences professionnelles, et pas forcément dans l’univers bancaire, car nous avons aussi besoin de nous nourrir de cultures et de regards différents. » Joséphine Pharès, 28 ans, a ainsi quitté son poste de product manager chez Canal+ International pour rejoindre Qonto en novembre 2018. « Après quatre ans chez Canal, j’ai eu envie d’un autre défi. J’ai donc commencé à chercher des entreprises ambitieuses, orientées produits et répondant à un réel besoin utilisateur », confie cette jeune ingénieure de l’école Centrale de Lille. C’est lors d’une présentation réalisée par Alexandre Prot, l’un des cofondateurs de cette fintech, que le déclic se produit. « Qonto cochait toutes les cases et se distinguait par un produit vraiment innovant. J’ai envoyé une candidature spontanée sur le site de recrutement de l’entreprise. Trois semaines plus tard, j’étais embauchée. » Pour attirer les talents, les néobanques mettent beaucoup en avant leurs produits, leur capacité à innover, leurs ambitions… C’est ce qui a séduit Alizée Adam, 24 ans, content manager chez Moneway, qu’elle a rejoint il y a tout juste un an. « Rien ne me prédisposait à travailler dans une banque car j’avais l’impression que dans cette industrie, la communication est vraiment contrainte, raconte cette diplômée de l’IUT Info Com de Besançon, qui a travaillé à Londres et Amsterdam comme assistante chef de produit et assistante CRM dans l’optique et la photographie, avant de retourner dans sa région natale. Mais la perspective de rejoindre une start-up où tout était à construire constituait une opportunité hyper-motivante. » Le fait de pas connaître l’univers bancaire n’a pas été un obstacle. « Je n’ai pas encore eu le temps de suivre une formation en finance, comme j’ai prévu de le faire. En attendant, je me forme en allant à de grands événements comme le Fintech Summit. Comme je m’occupe de la FAQ et du blog de Moneway, je suis amenée à traiter de sujets assez techniques. J’apprends énormément chaque jour. » Pour se différencier, Nickel emploie des méthodes de recrutement originales. « Nous n’appliquons par exemple aucune condition de diplôme pour nos équipes de relation client lors de nos recrutements, explique Pierre-Henri Havrin. Ce que nous recherchons chez un candidat, qu’il soit qualifié ou non, c’est un savoir-être et une adhésion au produit et aux valeurs de l’entreprise. Nickel porte en effet une forte dimension sociale en offrant une solution d’inclusion bancaire à ceux qui n’ont pas accès au réseau traditionnel. Cet ADN partagé par l’ensemble de nos 350 collaborateurs génère d’ailleurs en interne une cohésion particulière. » Cet état d’esprit propre aux start-up, Joséphine Pharès le vit au quotidien chez Qonto. « Si le rythme de travail est soutenu, l’ambiance reste saine et bienveillante. Tout le monde partage les mêmes valeurs et travaille ensemble pour offrir aux clients une expérience utilisateur la plus simple et efficace possible afin d’éviter de tomber dans les mêmes travers que les banques traditionnelles. » Chez Moneway, Alizée Adam note que « l’environnement de travail est vraiment pensé pour le bien-être des collaborateurs. Nous avons la possibilité de travailler 50 % de notre temps en télétravail et l’entreprise met à notre disposition un jardin potager que nous cultivons nous-mêmes. »
Passerelles internes
Pour la suite de sa carrière, la jeune femme se projette dans une fonction managériale, toujours chez Moneway. Joséphine Pharès se voit, quant à elle, devenir lead product manager. « Cela m’amènerait à superviser une équipe de ‘products managers’, tout en continuant à piloter des projets. » Pour satisfaire les souhaits d’évolution de leurs salariés, les néobanques favorisent les passerelles internes. « Dans une entreprise comme la nôtre, encore en phase de structuration, mettre en place des parcours formalisés en instaurant du management pour du management relève de l’utopie, affirme Pierre-Henri Havrin. Nous axons nos actions sur les évolutions transversales et cela fonctionne bien puisque cette année, nous réaliserons environ 50 mobilités. » Chez Qonto, tous les trois mois, les managers discutent avec leurs équipes de leurs projets professionnels. « Comme nous avons toujours beaucoup de postes ouverts, et des organisations qui bougent en permanence, nous sommes déjà en capacité de proposer des évolutions horizontales et verticales. D’ailleurs, 80 % de nos managers sont issus de la promotion interne, confie Sarah Ben Allel. Ce fonctionnement est un levier essentiel de fidélisation. « Car il va nous préserver du ‘turnover’ et éviter que, demain, des collaborateurs nous quittent parce qu’ils ne se reconnaissent plus dans une entreprise devenue trop grande et trop rigide pour eux », analyse la DRH de Qonto.
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Au Brésil, le procès Bolsonaro entre dans sa phase décisive
Brasilia - Le procès historique contre Jair Bolsonaro est entré jeudi dans sa phase décisive: les deux derniers juges doivent décider si l’ex-président brésilien d’extrême droite, soutenu par le dirigeant américain Donald Trump, doit être condamné pour tentative de coup d’Etat. Avec un score de 2 à 1, il manque seulement une voix à la Cour suprême pour former la majorité requise pour condamner l’ancien chef de l’État (2019-2022), qui à 70 ans risque jusqu'à 43 ans de prison. Accusé d’avoir été le chef d’une «organisation criminelle» ayant conspiré pour assurer son «maintien autoritaire au pouvoir» malgré sa défaite face au président actuel de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l'élection de 2022, Jair Bolsonaro clame son innocence. Seule femme de la Cour suprême, la juge Carmen Lucia a pris la parole jeudi après-midi pour livrer l’argumentation de son vote. «La loi doit être appliquée de la même façon pour tous», a-t-elle dit en soulignant l’importance du procès pour le Brésil. Son collègue Cristiano Zanin, ancien avocat de Lula, votera en dernier. Le jugement et une éventuelle peine sont attendus dans la foulée, ou vendredi. Inéligible jusqu’en 2030 et assigné à résidence à Brasilia depuis début août pour des soupçons d’entrave à son procès, M. Bolsonaro n’est pas présent aux audiences, pour motif de santé selon sa défense. Un journaliste de l’AFP a pu l’apercevoir jeudi matin dans son jardin, vêtu d’un polo vert et d’un pantalon sombre, en compagnie d’un proche. «Réparation historique» Le procès divise fortement une opinion ultra-polarisée, y compris dans la capitale. Pour Germano Cavalcante, ingénieur civil de 60 ans, «ce procès n’est pas juste». «Il est plus politique que judiciaire», estime-t-il. A l’inverse, Ana Karla Oliveira, 21 ans, analyste système, se dit «absolument ravie». «Je vais fêter cette condamnation», promet-elle, y voyant une «réparation historique». L’affaire Bolsonaro est aussi à l’origine d’une crise sans précédent entre la première puissance d’Amérique latine et les États-Unis. Dénonçant une «chasse aux sorcières» contre son allié d’extrême droite, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50% sur une part importante des exportations brésiliennes. Washington a également annulé les visas de plusieurs juges de la Cour suprême brésilienne et infligé des sanctions financières à l’un d’entre eux, Alexandre de Moraes, rapporteur du procès Bolsonaro. Amnistie Le juge Moraes a été le premier à voter mardi pour la condamnation de l’ex-président, affirmant que le Brésil avait «failli redevenir une dictature» lors du supposé putsch manqué. M. Bolsonaro est jugé avec sept anciens proches collaborateurs, dont plusieurs ex-ministres et généraux. C’est la première fois qu’un ancien chef de l’État doit répondre de telles accusations, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985). Ex-ministre de la Justice de Lula, Flavio Dino a lui aussi voté pour une condamnation, estimant que les infractions jugées «ne sont pas susceptibles d’amnistie». Le message n’est pas passé inaperçu. Le courant conservateur tente en effet de faire approuver au Parlement une loi d’amnistie au bénéfice de son leader. Avec déjà en tête de possibles recours contre une condamnation attendue, le camp de l’ancien chef de l’État a célébré mercredi le vote du troisième magistrat, Luiz Fux. Développant une démonstration de plus de 11 heures, ce dernier a jusque-là été le seul à voter pour la relaxe de M. Bolsonaro. Il a démonté le dossier, dénoncé un manque de preuves et estimé que le complot évoqué n’a jamais dépassé la «phase préparatoire». Le vote du juge Fux «n’affectera pas le résultat final, mais il influencera l’histoire», escompte le député bolsonariste Luiz Lima. Ramon SAHMKOW et Louis GENOT © Agence France-Presse -
L'ambassadeur britannique aux Etats-Unis limogé, pour ses liens avec Jeffrey Epstein
Londres - L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Peter Mandelson, a été limogé jeudi en raison de ses liens avec le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein, un revers de plus pour le Premier ministre Keir Starmer avant la visite d’Etat de Donald Trump au Royaume-Uni. La pression montait depuis plusieurs jours sur Keir Starmer, qui avait nommé il y a moins d’un an cet architecte du «New Labour» de Tony Blair, pour tenter de consolider les liens entre son gouvernement et la nouvelle administration Trump. Des mails entre le vétéran du parti travailliste de 71 ans et le financier américain, mort en prison en 2019, révélés cette semaine, «montrent que la profondeur et l'étendue des relations de Peter Mandelson avec Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de celles connues au moment de sa nomination», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Compte tenu de cela, et par égard pour les victimes des crimes d’Epstein, il a été révoqué comme ambassadeur avec effet immédiat», a ajouté le Foreign Office. Dans une lettre écrite par Peter Mandelson pour les 50 ans de Jeffrey Epstein en 2003, et publiée en début de semaine par des parlementaires à Washington, le Britannique affirme que le financier américain est son «meilleur ami». Interrogé mercredi après la publication de cette lettre, le Premier ministre Keir Starmer lui avait apporté son soutien, assurant que Peter Mandelson avait «exprimé à plusieurs reprises son profond regret d’avoir été associé» à Jeffrey Epstein. Mais cette position est rapidement devenue intenable. En fin de journée mercredi, des médias britanniques, dont le tabloïd The Sun, ont rapporté que M. Mandelson avait envoyé des mails de soutien à Jeffrey Epstein alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures. Juste avant que M. Epstein ne plaide coupable pour conclure un arrangement dans cette affaire en 2008, Peter Mandelson lui aurait écrit: «Je pense énormément à toi et je me sens impuissant et furieux à propos de ce qui est arrivé», l’incitant à "(se) battre pour une libération anticipée». «Je regrette vraiment très profondément d’avoir entretenu cette relation avec lui bien plus longtemps que je n’aurais dû», avait tenté de se défendre l’ambassadeur dans un entretien diffusé mercredi sur la chaîne YouTube du Sun. Il y a affirmé n’avoir «jamais été témoin d’actes répréhensibles» ou «de preuves d’activités criminelles». «Sérieuses questions» «L’affirmation de Peter Mandelson selon laquelle la première condamnation de Jeffrey Epstein était injustifiée et devait être contestée constitue une nouvelle information», a fait valoir le Foreign Office pour expliquer la décision de le limoger. Dans une lettre au personnel de l’ambassade, citée jeudi soir par la BBC, Peter Mandelson affirme que ce poste a été le «privilège» de sa vie. «Je regrette profondément les circonstances qui entourent l’annonce faite aujourd’hui», ajoute-t-il. Les relations entre Londres et Washington sont «en très bonne posture», se félicite l’ex-ambassadeur, disant en tirer une «fierté personnelle» Pour Keir Starmer, ce départ, à une semaine de la visite d’Etat du président Donald Trump au Royaume-Uni les 17 et 18 septembre, est un nouveau coup dur. Le dirigeant travailliste, au plus bas dans les sondages, a déjà dû se séparer il y a quelques jours de sa vice-Première ministre, Angela Rayner, emportée par une affaire fiscale, ce qui a déclenché un remaniement de taille du gouvernement. Trois fois ministre et commissaire européen, Peter Mandelson était le premier responsable politique nommé ambassadeur à Washington, un poste traditionnellement réservé à des diplomates chevronnés. Cet homme de réseaux et d’influence, surnommé le «Prince des ténèbres», était déjà tombé à deux reprises par le passé en raison d’accusations de comportements répréhensibles ou compromettants. La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch a fustigé le «manque de courage» de Keir Starmer, qui «a encore échoué à un test de son leadership». Marie HEUCLIN © Agence France-Presse