
Les métiers bougent dans la régulation

Il y a un peu moins d’un an, en novembre 2016, Virginie Rousseau a décidé d’effectuer un virage important dans sa vie professionnelle : après 18 années de bons et loyaux services au sein d’un groupe d’assurances, elle a rejoint l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) comme contrôleur au groupement d’enquêtes permanent auprès des organismes d’assurances. « J’ai eu envie de changer de métier et de m’orienter vers une mission de service public, explique cette ancienne étudiante de l’Ecole nationale d’assurances (Enass). J’ai constaté que mon expérience dans des activités d’audit et de contrôle correspondait aux compétences recherchées à l’ACPR. En outre, il s’agit d’une institution prestigieuse et incontournable pour les acteurs de la finance. » Après avoir postulé à une offre d’emploi sur le site internet de l’ACPR, elle franchit les différentes étapes du recrutement contractuel (l’autre voie est le concours). « J’ai trouvé le processus plus long (trois mois environ) et plus exigeant que dans le secteur privé, se souvient-elle. J’ai notamment passé un test écrit et un test psychologique, ainsi qu’un entretien de visu d’une heure et demie avec des responsables opérationnels. Il est impératif de faire preuve de probité, d’un sens de l’éthique et de la neutralité si l’on souhaite exercer à l’ACPR. Ce qui est parfaitement normal car les métiers et les missions de l’ACPR sont très spécifiques »
Concours
Chez les cadres de la finance, ce type de mouvement du privé vers le secteur public est de moins en moins rare. La quête de « sens » au travail, la recherche d’un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle, le souhait de contribuer à des sujets d’envergure… les incitent à considérer d’un œil plus qu’attentif les postes et les carrières au sein des autorités financières publiques. A la Banque de France (BDF, à laquelle est adossée l’ACPR), si les effectifs tendent à diminuer sous l’effet du plan Ambitions 2020 (ils devraient s’établir à 10.000 salariés à cette échéance), la politique RH a prévu 1.000 recrutements entre 2016 et 2020. La moitié des embauches est destinée à l’ACPR, par la voie contractuelle ou du concours. Le système du concours, exigeant et sélectif, ne décourage pas les candidats. « Le nombre de postulants n’a pas diminué ces dernières années. Nous avons entre 1000 et 1.500 inscrits pour les concours généralistes et un peu moins pour les concours destinés aux profils scientifiques, précisent Christine Bardinet, directrice du recrutement et des carrières à la BDF, et François Barnier, directeur des ressources humaines (DRH) et des moyens à l’ACPR. Prochainement, deux concours sont prévus : adjoint de direction généraliste (en septembre 2017) et adjoint de direction scientifique (mars 2018). Les jeunes diplômés sont embauchés par concours (même s’il n’y a pas de limite d’âge pour passer l’examen) tandis que les contractuels ont au moins trois ans d’expérience professionnelle. » A l’ACPR où travaillent environ 1.040 collaborateurs (61 % de titulaires/concours et 37 % de contractuels), tous les métiers du contrôle (la banque, l’assurance et les pratiques commerciales) recrutent. « Nous recherchons des compétences en gestion, finance, actuariat et droit », rappelle François Barnier.
Une nouveauté : les spécialistes des nouveaux métiers phares de l’informatique sont les bienvenus dans les institutions publiques. « Nous recrutons notamment des ‘data scientists’, indique le DRH de l’ACPR. De façon générale, la BDF a toujours embauché des profils quantitatifs (notamment à la direction des statistiques) mais comme nous exploitons désormais davantage de données, nous avons besoin d’un plus grand nombre de spécialistes des ‘données de masse’. » En effet, la BDF n’a pas l’intention de passer à côté de la transformation numérique et s’est même dotée, en octobre 2016, d’un chief digital officer, Thierry Bedoin, chargé de conduire sa digitalisation. A l’Autorité des marchés financiers (AMF) où les recrutements sont assez restreints (60 embauches prévues en 2018), les « pros » de l’IT sont aussi prisés. « Nous cherchons désormais des ‘data scientists’, des ‘data analysts’ et des experts de la cybersécurité, révèle Myriam Lepetit-Brière, DRH de l’AMF. Nous avons en effet deux grands programmes informatiques en cours : un concernant notre outil de surveillance des marchés basé sur des technologies ‘big data’ et un autre concernant les processus en interface avec les sociétés de gestion d’actifs. Ces deux projets nécessitent ces nouvelles compétences. Nous voulons également former nos enquêteurs à ces nouveaux sujets. »
Favoriser les profils internationaux
En interne, le contexte post-Brexit a des effets positifs sur les carrières au sein des gendarmes de la finance française. Afin de renforcer leurs rôles dans la régulation financière européenne, la BDF et l’AMF souhaitent, toutes deux, favoriser la venue de profils internationaux, ainsi que les mouvements de collaborateurs vers d’autres organisations, comme l’Esma ou le Mécanisme de supervision unique (SSM, Single Supervisory Mechanism). De nationalité espagnole, Antonio Ocaña Alvarez a intégré l’AMF en septembre 2015 à la direction de la régulation et des affaires internationales. « Après avoir travaillé quelques années au sein du Conseil de régulateurs européens de l’énergie à Bruxelles, je voulais exercer au sein d’une autorité réglementaire/de contrôle dans un contexte national », raconte dans un français impeccable le jeune homme de 29 ans qui a été, ces deux dernières années, chargé de mission à l’AMF sur les affaires européennes, « poste où j’avais notamment un rôle de coordination et de préparation des positions du président. » Depuis le 1er septembre, il est chargé de mission sur la régulation des matières premières. « Je dois présenter les positions de l’AMF auprès de l’Esma sur les thèmes relatifs aux matières premières. J’ai en quelque sorte un rôle d’expert car il s’agit d’un domaine que je connais bien et dans lequel j’ai de l’expérience. J’avais d’ailleurs exprimé mon intérêt pour ces sujets. » Grâce aux mobilités internes et externes pratiquées par le régulateur des marchés, le jeune expert a l’esprit serein à propos de son avenir. « Il y aura, je pense, d’autres opportunités pour moi à l’AMF car la politique RH vise justement à favoriser les trajectoires internes entre les différents pôles et à l’extérieur auprès d’autres autorités. Pour le moment, mon objectif principal est de continuer à me former ici dans l’univers de la régulation. »
De son côté, Adrien Decatra revient d’un détachement au SSM de septembre 2014 à avril 2017. Pour décrocher de ce poste, il a dû se prêter à un rigoureux processus de sélection. « Les candidats étaient suivis par la DRH de la BDF avec des ateliers pour les CV qui devaient avoir une présentation particulière, des cours d’anglais (la procédure était entièrement en anglais)… Je me souviens aussi que le DRH de la Banque centrale européenne (BCE) était venu nous rencontrer. J’ai ensuite passé des entretiens au SSM/BCE à Francfort. » Etre polyglotte (français, allemand, italien, espagnol) a contribué à la réussite de sa candidature. « J’ai pu intégrer une équipe de supervision conjointe (nous étions une douzaine) dont le responsable était italien et mes collègues étaient issus de différentes nationalités, précise-t-il. Nous supervisions une banque systémique belge, il s’agissait essentiellement d’un contrôle sur pièces. » Depuis son retour à Paris, ce professionnel de 35 ans a rejoint la cellule « stratégie » de la BDF où il suit notamment le plan stratégique à 2020 de l’institution. Son détachement à Francfort au cœur de la supervision bancaire européenne sera peut-être suivi un jour d’une expérience similaire. « Je ne me sens pas nostalgique des sujets que j’ai pu traiter lorsque j’étais au SSM, même s’ils m’ont passionné !, dit-il. J’apprécie particulièrement de travailler sur une variété de sujets. J’espère d’ailleurs avoir la chance d’effectuer d’autres mobilités externes dans l’avenir car ces mouvements sont encouragés par la politique RH de la BDF. »
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse -
Malgré sa mort, les partisans de Charlie Kirk restent attachés aux armes à feu
Orem - Boeden Seitzinger est encore «traumatisé» par la mort de Charlie Kirk. Cet électricien américain était dans les tous premiers rangs du rassemblement où l’influenceur pro-Trump a été tué d’une balle dans le cou. «J’ai vu le sang jaillir de son artère carotide», raconte à l’AFP le jeune homme, coiffé d’une casquette rouge «Make America Great Again». «Il était évident qu’il n’allait pas s’en sortir. C'était terrifiant.» Malgré la mort de cette figure de la droite américaine, il rejette en bloc l’idée d’instaurer des contrôles plus stricts pour obtenir des armes à feu aux Etats-Unis. "Ça n’aurait rien changé. Quand on veut, on peut, les gens se procurent des armes, quoi qu’il arrive», souffle-t-il, lors d’une veillée à la mémoire du militant conservateur à Orem, dans l’Utah (ouest). Un suspect est actuellement en garde à vue pour le meurtre de M. Kirk. Les autorités n’ont pas encore expliqué dans quelles conditions le fusil à lunette, retrouvé dans des bosquets près de la scène de crime, a été acquis. Mais une chose est sûre : l’Utah, où l’influenceur a trouvé la mort, est un des Etats les plus permissifs en matière d’armes à feu. Dans cette région très conservatrice, les adultes peuvent porter des armes à feu sans permis, sauf pour les jeunes âgés de 18 à 20 ans. Sur les campus, comme celui de l’université Utah Valley, où M. Kirk a été tué, avoir une arme est possible à condition d’avoir un permis. Défenseur du deuxième amendement Âgé de 18 ans, M. Seitzinger a grandi en chassant avec sa famille et s’est procuré il y a quelques mois son premier fusil. L’achat a pris trente minutes, temps nécessaire pour que la boutique vérifie ses antécédents. Il refuse toute règle qui l’aurait obligé à attendre plusieurs jours. «Ce n’est pas ce que Charlie aurait voulu», estime-t-il. «Charlie disait souvent que le danger d’une arme à feu vient uniquement de son propriétaire. Il ne faut pas blâmer l’arme à feu, mais plutôt la personne qui la brandit», reprend-il. «Le fait qu’il soit mort ne m’inspire pas une peur des armes à feu, cela me rend méfiant envers les gens.» Le militant, qui a été abattu alors qu’il répondait à une question sur les tueries par armes à feu, était un ardent défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine. Il avait par exemple estimé que «cela vaut la peine, hélas, de déplorer chaque année un certain nombre de morts par arme à feu afin de pouvoir jouir du deuxième amendement, qui protège nos autres droits offerts par Dieu». Avec plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, les Etats-Unis affichent le taux de mortalité par arme à feu le plus élevé de tous les pays développés. En 2024, plus de 16.000 personnes, sans compter les suicides, ont été tuées par arme à feu, selon l’ONG Gun Violence Archive. «Dissonance» Les gouvernements successifs n’ont jusqu'à présent pas réussi à endiguer les tueries, fléau de la vie quotidienne systématiquement suivi des traditionnelles «prières» envoyées par la classe politique. A 73 ans Reed Fansworth, a lui aussi prié pour M. Kirk avec des centaines de personnes lors de la veillée. Dans la foule, ce manager d’une entreprise d’informatique a aperçu quelques personnes porter des armes, et s’est senti rassuré. «L’Utah, c’est un peu le Far West», sourit-il, grand drapeau étoilé en main. «Quand tout le monde porte une arme, vous faites attention à votre comportement.» «La mort de Charlie ne change pas grand-chose», poursuit-il. «Nous devons nous préoccuper des personnes qui ressentent cette colère, mais nous ne devons pas retirer les armes de tout le monde.» De son côté, Leah Marett avoue ressentir une «dissonance», face à l’assassinat de M. Kirk. Mais pour cette étudiante de 25 ans, le débat reste «insoluble». «Il y a tellement d’armes à feu en circulation, même si nous essayions de les retirer, tout le monde ne les rendrait pas», pressent-elle. «Nous laisserions beaucoup de personnes en possession d’armes à feu, et les innocents se retrouveraient sans défense.» Romain FONSEGRIVES © Agence France-Presse -
A Matignon, les partenaires sociaux réclament des preuves de « rupture »
Paris - Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a commencé à consulter les partenaires sociaux, à moins d’une semaine de la mobilisation intersyndicale du 18: comme les oppositions, la CFDT qui a ouvert le bal, a réclamé des preuves de «rupture» avec les orientations budgétaires du gouvernement sortant. Si la secrétaire générale du premier syndicat français a trouvé Sébastien Lecornu "à l'écoute», Marylise Léon a profité de cet entretien pour réaffirmer sa ferme opposition à la suppression de deux jours fériés et à la relance du conclave sur les retraites, une idée «définitivement enterrée» par la CFDT, a-t-elle dit en sortant de Matignon à la mi-journée. «Il n’y a pas eu de terrain d’atterrissage au moment de la fin du conclave, donc on ne reprend pas les discussions», a-t-elle résumé, à l’issue d’une heure et demie de discussions. Alors que le nouveau Premier ministre a prôné des «des ruptures» sur la forme et le fond, la suppression des deux jours fériés, la plus inflammable des mesures d'économie annoncées par François Bayrou cet été, pourrait être abandonnée. Le nouveau locataire de Matignon «a dit qu’il répondrait sur ce sujet prochainement», a sobrement dit Marylise Léon à la presse. Y aura-t-il une reprise dans un autre cadre que le conclave des négociations sur la réforme des retraites ? Selon elle, Sébastien Lecornu «n’a pas donné de position sur ce qu’il allait donner comme suite sur le sujet des retraites». La CFDT est l’un des trois syndicats à avoir discuté jusqu’au terme du conclave lancé par François Bayrou, pour tenter d’amender l’impopulaire réforme des retraites de 2023. Les négociations avaient pris fin sur un constat de désaccord avec le patronat concernant les modalités de prise en compte de la pénibilité. Avant ou après le 18 Les rencontres bilatérales à Matignon doivent se poursuivre avec le président du Medef vendredi à 19H45, avant la CGT, la CFTC et la CFE-CGC lundi et les deux organisations patronales CPME et U2P, lundi et mardi. Le chef de file de FO, Frédéric Souillot, a quant à lui accepté de rencontrer M. Lecornu mais après le 18 septembre, date de la journée intersyndicale de grèves et manifestations. Elle mettra à nouveau les autorités sous pression, après la participation de 197.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, à la journée du 10 pour demander la fin de l’austérité budgétaire, l’abrogation de la réforme des retraites ou encore plus de justice fiscale. La cheffe de file de la CGT Sophie Binet a appelé de ses vœux «encore plus de manifestations et de grèves» le 18 que le 10. «Nous avons réaffirmé que nous étions plus que jamais motivés pour aller dans la rue et que nous réussirons la mobilisation du 18 septembre», a assuré Marylise Léon vendredi. Le Premier ministre «n’a pas démenti qu’il pourrait y avoir un certain nombre (...) de travaux, sur une contribution des plus hauts revenus», selon des modalités encore floues, a-t-elle évoqué, tout en demandant des «preuves» de la «rupture». Côté politique, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a expliqué vendredi lors de la Fête de l’Humanité que son parti ne censurerait pas Sébastien Lecornu «a priori» mais qu’il le ferait «sans marque profonde d’un changement de politique», disant lui avoir fait «des demandes sur l’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites et la diminution des aides accordées aux grosses entreprises». Le PS propose, lui, de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux lignes rouges pour le bloc central. Le numéro un de la CFTC, Cyril Chabanier, entend rappeler lundi au Premier ministre «qu’il ne peut pas repartir sur la même page (budgétaire, NDLR) que l’ancien Premier ministre» car «les efforts reposaient trop sur les travailleurs, les chômeurs, les retraités». Béatrice JOANNIS © Agence France-Presse