
Les gestions choisissent les internalisateurs systématiques pour leur exécution directe

Si la réglementation MIF 1 imposait déjà depuis 2007 aux gestionnaires de mandats européens de fournir la «meilleure exécution» possible à leurs clients sur les actions, ils doivent depuis MIF 2 pouvoir démontrer à l’aide d’éléments quantitatifs et qualitatifs qu’ils obtiennent bien les meilleurs résultats pour les investisseurs. Parmi leurs contraintes, ils doivent notamment désormais publier, en libre accès chaque année fin avril, un rapport sur leur classement des cinq premiers courtiers en termes de volumes de négociation auprès desquels ils ont transmis des ordres de clients pendant l’année précédente (article 65.6 du règlement délégué 2017/565) et un rapport sur les cinq premières plates-formes d’exécution, toujours en termes de volumes de négociation, sur lesquelles ils ont exécuté directement les ordres de clients pendant l’année précédente (standard technique RTS 28).
Diversification des brokers
Liquidnet a étudié les rapports 2017 et 2018 de 70 gestionnaires sur les actions afin d’analyser l’impact de MIF 2 et la réponse face à cette contrainte, un an après. «En premier lieu, la séparation entre exécution et recherche a permis aux tables de trading des gestions de mieux diversifier leurs listes des courtiers top 5», explique Charlotte Decuyper, responsable de l’étude. Les grandes banques conservent une part de marché non négligeable (56% au lieu de 68%, dont 35% pour celles d’origine américaine), mais les autres fournisseurs de liquidité (26% au lieu de 15%) et les courtiers indépendants (13% au lieu de 10% pour les agency brokers comme Liquidnet ou ITG) montent en puissance.
L’étude montre surtout que, avec la fin des «broker crossing networks» sous MIF 2, les internalisateurs systématiques (SI), quasi-inexistants sous MIF 1, sont devenus les plates-formes de négociation («venues») les plus recherchées par les gestions : pour 84% dans leur top 5 (71% pour les SI bancaires et 13% pour les SI non bancaires), les bourses principales et plates-formes alternatives ne représentant plus que 8% et 4% des premiers choix d’exécution. «On voit aussi avec l’entrée des SI des fournisseurs de liquidité électroniques (ELP, 1%) dans certains top 5 une volonté de se passer d’intermédiaires bancaires», poursuit Charlotte Decuyper.
Elle note que 30% des gestionnaires (56% en 2017) ne produisent encore qu’un seul rapport au lieu de deux, et, de facto, ne distinguent pas toujours très bien «brokers» et «venues», notamment quand la plate-forme est un SI opéré par un courtier.
Parmi les autres problèmes : certains acteurs ont remplacé leur rapport 2017 par celui de 2018 au lieu de le garder deux ans comme prévu par les recommandations de l’Autorité européenne des marchés (Esma). On constate aussi un demi-échec concernant l’utilisation possible, au niveau du buy-side, du reporting «best execution» imposé aux brokers (RTS 27), trop opaque, disparate et difficile à traiter à leur niveau. Enfin, «il y aura un enjeu autour du Brexit pour les SI (en majorité) agréés au Royaume-Uni. Mais en positivant, on voit une volonté croissante, sur demande des investisseurs finaux, de se plier à la transparence voulue par MIF 2, même à l’avenir pour les flux de gestion collective actuellement non concernés et pour des gestionnaires non européens sur d’autres territoires, dans l’optique de diminuer encore les risques de conflits d’intérêts», conclut Charlotte Decuyper.
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