
Le groupe Crédit Mutuel a profité en 2022 de la bonne dynamique des crédits

Dans un contexte chahuté marqué par le changement de politique monétaire et l’inflation, le groupe Crédit Mutuel, qui rassemble 18 fédérations, le CIC et des filiales spécialisées, a réalisé «une bonne performance opérationnelle», se félicite le président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel Nicolas Théry.
A 4,1 milliards d’euros, le bénéfice net part du groupe s'érode de 3,4%. Ce résultat est toutefois affecté par des éléments exceptionnels, tels que l’ajustement de la valeur de plusieurs écarts d’acquisition sur Targobank en Allemagne et les provisions relatives à la cession en cours de Targobank en Espagne. En excluant cet impact comptable, le bénéfice net part du groupe progresse de 4,1%.
Alors que le résultat avait été tiré en 2021 par la forte croissance de l’activité d’assurance (avec un chiffre d’affaires en hausse de près de 18%), le groupe Crédit Mutuel a davantage profité en 2022 d’une dynamique commerciale forte sur les crédits, dont les encours progressent de 8,4% à 612,4 milliards d’euros. Le produit net bancaire de la banque de détail augmente de 5,7%, tandis que la contribution de l’assurance au PNB du groupe progresse de 3,4%. Cette dernière souffre notamment de la forte sinistralité climatique. Au total, le PNB du groupe dépasse pour la première fois les 20 milliards d’euros, en hausse de 3,6% sur un an.
Un effet positif sur la marge d’intérêt
Outre la croissance des encours de crédit, le groupe Crédit Mutuel a bénéficié d’un «effet positif sur la marge d’intérêt». Ce dernier n’est pas dû à l’impact direct de la remontée des taux sur les prêts puisque le marché français est pénalisé en la matière par les caractéristiques de ses crédits immobiliers à taux fixe. Tandis que le coût du refinancement augmente, sous le poids notamment de la hausse du taux servi sur l’épargne réglementée, cette influence n’a été palpable qu’en fin d’année. Le groupe mutualiste a, par ailleurs, «continué à bénéficier des TLTRO (opérations de refinancement à long terme) de la BCE», d’un «effet de taux variable sur ses opérations interbancaires et de la couverture de ses portefeuilles», précise-t-il.
Alors que le groupe fait le choix d’une redistribution en faveur de ses salariés, qui se traduit par une hausse de 4,9% de ses charges de personnel et de 6% de ses frais généraux, la hausse du PNB lui permet de maintenir son coefficient d’exploitation parmi les plus performants du marché, à 61%.
La contribution au Fonds de résolution unique dans le cadre de l’Union bancaire européenne lui coûte 2,4 points de pourcentage de coefficient d’exploitation.
Une facture des risques maîtrisée
Le coût du risque reste maîtrisé, à 970 millions d’euros, en hausse de 8,7% sur un an. Il reflète l’évolution des scénarios prospectifs du groupe sur les risques de crédit non avérés. Le Crédit Mutuel a ainsi constitué des provisions de prudencereprésentant l’équivalent de trois ans de résultat.
Le groupe mutualiste se dit toutefois attentif à «la situation des TPE, telles que les blanchisseries, les salles de sport et de cinéma, les spas, pour lesquelles nous voyons déjà en ce début 2023 se diffuser les effets de l’inflation», souligne Nicolas Théry. Et d’ajouter : «on observe un ralentissement de la demande d’investissement et de crédit qui contraste avec le début de l’année 2022».
Sous l’effet de la remontée des taux et de la norme du HCSF sur le taux d’endettement qui s’avère «bloquant» dans ce contexte, la production de crédit immobilier a déjà chuté de 20% en ce début d’année, constate le groupe.
Organe central
La Confédération, qui s’est affirmée dans son rôle d’organe central du groupe lors de son précédent plan, a présenté en interne aux différentes fédérations qui la composent un nouveau plan stratégique à horizon 2025, marqué par le triptyque «défendre, éclairer et dialoguer».
Il s’agit notamment de travailler conjointement sur la gestion des risques, la conformité et d’arrêter les positions communes dans le cadre du dialogue avec les pouvoirs publics. Le dialogue se poursuit également avec les sécessionnistes bretons d’Arkéa. Le processus de discussion-négociation en vue de maintenir Arkéa au sein du groupe tout en lui accordant une autonomie renforcée «implique toutes les parties prenantes du groupe Crédit Mutuel et tous les dirigeants de toutes les entités», précise le directeur général de la Confédération Pierre-Edouard Batard. Ce «dialogue nourri», qui pourrait déboucher sur «des changements organisationnels et statutaires», pourrait «aboutir avant l’été», espère-t-il.
A lire aussi: L’assurance a pénalisé le Crédit Mutuel Arkéa en 2022
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