
La Suisse nationalise la gouvernance d’UBS

Imaginons qu’un week-end de crise financière Paris orchestre le mariage de BNP Paribas, de la Société Générale et du Crédit Agricole. Verrait-on ce nouveau géant de la finance demeurer longtemps sans un patron français à sa tête ? Les Suisses n’ont pas mis quinze jours pour tenir le même raisonnement. UBS, qui s’apprête à avaler Credit Suisse, a décidé de rappeler à sa direction générale Sergio Ermotti. Né à Lugano, ce dernier a été l’artisan du redressement du groupe lors de la décennie écoulée.
Le Néerlandais Ralph Hamers a donc été prié de laisser son poste au nom des intérêts supérieurs de la banque, c’est-à-dire de la patrie. L’ancien dirigeant d’ING, taillé pour la banque de détail plutôt que les activités de marchés et la gestion de fortune, n’offrait sans doute pas les mêmes garanties que Sergio Ermotti devant l’immense chantier qui s’annonce : l’intégration de Credit Suisse et la liquidation ordonnée d’une partie de ses actifs. Son éviction brutale n’en signe pas moins la renationalisation partielle de la gouvernance d’UBS, dont le président, Colm Kelleher, est irlandais.
On ne devient pas un champion national sans susciter la vigilance de la puissance publique. En absorbant son concurrent pour éviter un cataclysme, la première banque suisse apparaît plus systémique que jamais. Son bilan représente le double du produit intérieur brut du pays. Son soutien chèrement monnayé suscite aussi les critiques au sein d’une Confédération traumatisée par la chute de Credit Suisse. Si le contribuable n’a pas déboursé un franc à ce stade, le voilà un peu plus lié au destin du nouveau groupe par les milliards de garanties publiques que Berne a apportées à l’opération. Cette communauté d’intérêts a une contrepartie, remettre un peu de souveraineté dans les instances de direction. L’avenir dira si ce choix était le bon.
A lire aussi: UBS prend une place hors norme en absorbant Credit Suisse
Plus d'articles Editorial
-
Fintechs, le retour sur terre
Le Paris Fintech Forum se tient à Paris les 30 et 31 mai, sous un nouveau format : l’affluence est réduite aux «leaders», et les intervenants sont empreints d’un réalisme nouveau. -
Une réforme des subordonnées bancaires AT1 n’est pas à l’ordre du jour
Ces dettes restent affectées par l’annulation des titres de Credit Suisse. -
Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale mise sur l’Europe comme relais de croissance
Sa filiale Cofidis rachète les activités de BNP Paribas Personal Finance en Hongrie. Le groupe compte également faire de Targobank un bancassureur complet en Allemagne.
Contenu de nos partenaires
- Climat : BNP Paribas droite dans ses bottes face aux ONG
- Slawomir Krupa doit redorer le blason boursier de la Société Générale
- La BCE inflige une amende à Goldman Sachs
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Arnaud Llinas (Amundi ETF): «80% de notre collecte du premier trimestre s’est faite sur les ETF ESG»
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- Le pari gagnant d’UBS sur Credit Suisse laisse les actionnaires de marbre
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
-
Colère sociale
Sous pression, le président serbe Aleksandar Vučić quitte la direction de son parti
Aleksandar Vučić a démissionné du Parti serbe du progrès après d'importantes manifestations contre son régime en réaction à deux fusillades de masse dans le pays au début du mois -
Asie de l'Est
Un porte-avions et des navires chinois ont traversé le détroit de Taïwan
Huit avions de chasse chinois auraient également franchi la ligne médiane du détroit au cours des dernières 24 heures, selon Taipei -
Grande distribution
Casino: Intermarché s’engage à reprendre un plus grand nombre de magasins
Intermarché a envoyé au groupe de Jean-Charles Naouri une lettre d’intention en vue du rachat de 180 établissements maximum. Une procédure de conciliation a par ailleurs été ouverte