
La Suisse nationalise la gouvernance d’UBS

Imaginons qu’un week-end de crise financière Paris orchestre le mariage de BNP Paribas, de la Société Générale et du Crédit Agricole. Verrait-on ce nouveau géant de la finance demeurer longtemps sans un patron français à sa tête ? Les Suisses n’ont pas mis quinze jours pour tenir le même raisonnement. UBS, qui s’apprête à avaler Credit Suisse, a décidé de rappeler à sa direction générale Sergio Ermotti. Né à Lugano, ce dernier a été l’artisan du redressement du groupe lors de la décennie écoulée.
Le Néerlandais Ralph Hamers a donc été prié de laisser son poste au nom des intérêts supérieurs de la banque, c’est-à-dire de la patrie. L’ancien dirigeant d’ING, taillé pour la banque de détail plutôt que les activités de marchés et la gestion de fortune, n’offrait sans doute pas les mêmes garanties que Sergio Ermotti devant l’immense chantier qui s’annonce : l’intégration de Credit Suisse et la liquidation ordonnée d’une partie de ses actifs. Son éviction brutale n’en signe pas moins la renationalisation partielle de la gouvernance d’UBS, dont le président, Colm Kelleher, est irlandais.
On ne devient pas un champion national sans susciter la vigilance de la puissance publique. En absorbant son concurrent pour éviter un cataclysme, la première banque suisse apparaît plus systémique que jamais. Son bilan représente le double du produit intérieur brut du pays. Son soutien chèrement monnayé suscite aussi les critiques au sein d’une Confédération traumatisée par la chute de Credit Suisse. Si le contribuable n’a pas déboursé un franc à ce stade, le voilà un peu plus lié au destin du nouveau groupe par les milliards de garanties publiques que Berne a apportées à l’opération. Cette communauté d’intérêts a une contrepartie, remettre un peu de souveraineté dans les instances de direction. L’avenir dira si ce choix était le bon.
A lire aussi: UBS prend une place hors norme en absorbant Credit Suisse
Plus d'articles du même thème
-
BPCE devient la première institution financière à émettre une obligation «défense»
La banque française a levé fin août 750 millions d’euros qui seront fléchés vers des actifs dans la défense et la sécurité, au nom d’un nouveau label « European Defence Bond » développé avec Euronext. -
La fraude par manipulation reste sous contrôle
L’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement montre que les mesures prises par les banques et la collaboration avec les opérateurs télécom portent leurs fruits. -
ABN Amro continue à se libérer du contrôle de l’Etat néerlandais
Le pays va réduire sa participation dans la banque de plus de 30% à 20% ce qui pourrait permettre au groupe dirigé par Marguerite Bérard de participer à la consolidation du secteur.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Coup de chaud
Après les frappes israéliennes contre le Hamas à Doha, le grand dilemne des monarchies du Golfe
Les pays de la région ont compris que leurs bonnes relations avec Washington ne les protègent pas d'une attaque de Tsahal. Doivent-ils continuer à miser sur le parapluie américain ? -
Dégradations
Dans le secteur du bâtiment, le plus dur est à venir en matière de destuctions d'emplois
Le secteur souffre de plus en plus de la conjoncture, y compris dans l’activité de rénovation -
Combien de divisions ?
Meloni esquive un vote sur l’Ukraine et le réarmement pour préserver l’unité de sa majorité
A Rome, la présidente du Conseil évite de mettre en lumière les divergences de la droite sur les dépenses militaires et le soutien à Kiev, tout en profitant des fractures de l’opposition sur les sujets internationaux