
La facturation des dépôts devient un sujet majeur en Europe

La Bafin est pour. Felix Hufeld, le président du régulateur financier allemand, a déconseillé jeudi au gouvernement d’interdire aux banques d’appliquer des taux négatifs aux dépôts de leurs clients. Ces déclarations suivent celles de Joachim Würmeling, membre du directoire de la Bundesbank en charge de la supervision bancaire, faites la veille. Une réponse au ministre-président du Land de Bavière, Markus Söder, membre de la CSU, l’un des partis de la coalition gouvernementale, qui souhaiterait empêcher les banques de répercuter les taux négatifs sur les comptes dont le solde est inférieur à 100.000 euros. Au-delà de ce seuil, la facturation des dépôts serait déjà pratiquée par un secteur bancaire allemand notoirement peu rentable.
Alors que la Banque centrale européenne s’apprête à annoncer le 12 septembre de nouvelles mesures d’assouplissement, la question d’une facturation des dépôts devient un sujet majeur en Europe. La perspective d’une baisse du taux de dépôt de la BCE, aujourd’hui à -0,40%, et d’un maintien en territoire négatif pendant de longues années, promet aux banques une dégradation durable de leur rentabilité. D’où l’annonce possible, la semaine prochaine, d’un système de tiering qui permettrait de limiter le coût pour les banques d’une partie de leurs réserves excédentaires.
En France, où le coût de la ressource est tiré à la hausse par le poids de l’épargne réglementée (Livret A, PEL, etc…), la question prend une acuité particulière. «Aucune banque française n’applique aujourd’hui de taux négatifs aux dépôts des particuliers et des PME ; aucune n’a à notre connaissance l’intention de le faire», indiquait le 3 septembre le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien à L’Agefi. Avant de signaler l’importance d’un système de tiering : «des mesures compensatrices contribueraient à conforter cette protection.»
Même avec ce système, l’ensemble du package attendu le 12 septembre promet à long terme de réduire encore les marges nettes d’intérêt des banques, estime UBS dans une étude publiée jeudi. Les dépôts constituent «un domaine négligé de pricing power où il faut s’attendre à voir les banques agir», estiment les analystes. Au Danemark et en Suisse, où les taux de dépôts des banques centrales sont encore plus bas que celui de la BCE, l’été a été marqué par les annonces en ce sens de Jyske Bank, Pictet ou UBS, qui ont décidé de faire payer leurs déposants les plus fortunés.
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