
Eurazeo entame son opération reconquête auprès des investisseurs

Premier test réussi pour Christophe Bavière et William Kadouch-Chassaing. Les co-dirigeants d’Eurazeo, nommés le mois dernier après l’éviction de Virginie Morgon de la présidence du directoire, présentaient le 8 mars leurs premiers résultats annuels.
Si Eurazeo a dégagé un bénéfice net consolidé de 488 millions d’euros en 2022, bien en dessous des 1,77 milliard d’euros engrangés en 2021 lors d’une année de plus-values exceptionnelles, c’est la question du retour aux actionnaires qui restait dans toutes les têtes. La famille Decaux, premier actionnaire d’Eurazeo, reprochait entre autres à Virginie Morgon le parcours boursier sans relief du groupe.
La société d’investissement a annoncé mercredi une augmentation de son dividende et des rachats d’actions. Elle proposera un coupon de 2,20 euros par action au titre de 2022, en hausse de 26% par rapport à celui, ordinaire, de 1,75 euro par action versé pour 2021. Elle a également annoncé le lancement d’un nouveau programme de rachat d’actions de 100 millions d’euros. Eurazeo a par ailleurs confirmé les perspectives annoncées en mars 2022, dont «la trajectoire de doublement de ses actifs sous gestion» à 60 milliards d’euros à cinq ans, ainsi qu’une augmentation à moyen terme à 35%-40% de la marge des «fee related earnings», une mesure du résultat récurrent de l’activité.
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Réduire la décote, enjeu central
«La décote est un enjeu central pour Eurazeo», a reconnu mercredi William Kadouch-Chassaing lors d’une conférence analystes. En 2022, l’actif net réévalué (ANR) d’Eurazeo a atteint 34,1 milliards d’euros, en hausse de 10% sur un an. L’ANR par action s'établissait à 127,1 euros fin décembre, en hausse de 8% par rapport à fin décembre 2021. Le titre, lui, affiche une décote sur ANR de près de 50%.
Celle-ci s’est réduite en 2023. La publication des résultats, saluée par les analystes de Bank of America comme supérieure aux attentes, l’a aussi été par le marché, avec un rebond de 5,4% à 69,60 euros de l’action, soit la meilleure performance du SBF 120. Elle en valait 65,1 euros le 3 février, à la veille du week-end fatal aux ambitions de Virginie Morgon.
En 2023, l’action progresse de 19% et extériorise davantage la valeur créée par la croissance des actifs sous gestion d’Eurazeo et le pivot vers le compte de tiers, que la famille Decaux souhaite accélérer. Mais la performance boursière de la holding sur cinq ans reste toujours dans le rouge (-2%).
Changement comptable
Pour redresser la barre, Eurazeo a dévoilé mercredi une première mesure, d’ordre comptable. Le groupe se qualifiera désormais de société d’investissement au sens des normes IFRS10, avec effet au 1er janvier 2023 : elle continuera à consolider ses filiales de gestion pour compte de tiers, mais ses autres participations seront comptabilisées à la juste valeur. «Un gain non-récurrent résultant de la différence entre la juste valeur de ces investissements et leur valeur comptable antérieure au 1er janvier 2023 sera comptabilisé», précise la holding, qui l’évalue, «à environ 1,8 milliard d’euros», avant publication définitive au premier trimestre.
Dans un environnement moins favorable au private equity, cette revue des comptes pourrait aussi rassurer les investisseurs sur la qualité des actifs d’Eurazeo. Ce n’est qu’un premier pas. Le nouveau duo aux commandes du groupe, dans une gouvernance bicéphale et tournante pour le moins atypique, a encore tout à prouver.
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