
Danièle Nouy défend la création d’une agence européenne de lutte antiblanchiment

Il est très embarrassant de dépendre des Etats-Unis pour faire le travail». Interrogée hier au Parlement européen au sujet des récentes affaires de suspicion de blanchiment d’argent en zone euro, où les autorités américaines ont été à plusieurs reprises les premières à agir, Danièle Nouy n’a pas mâché ses mots. La présidente du Mécanisme de supervision unique (MSU), rattaché à la BCE, a appelé à la création d’une agence européenne responsable de la lutte antiblanchiment (LAB). «Nous avons besoin d’une institution européenne qui applique cette législation de manière approfondie, rigoureuse et cohérente dans la zone euro», a-t-elle déclaré. Les révisions à la directive européenne relative à la LAB, dont la cinquième mouture doit être votée par le Parlement européen mi-avril, ne vont pas assez loin, a-t-elle jugé.
Les déclarations de Danièle Nouy font suite à une succession d’affaires ces dernières semaines. En février, le Trésor américain a accusé la banque lettonne ABLV de blanchiment et annoncé vouloir suspendre son accès au système financier, entraînant quelques jours plus tard sa liquidation. La troisième banque de Lettonie en montant d’actifs était sous supervision directe du MSU. Danièle Nouy avait alors observé que la BCE ne disposait pas de mandat en matière de lutte antiblanchiment, les Etats membres ayant conservé cette prérogative. Ce n’est qu’une fois que les autorités nationales compétentes ont déterminé qu’une banque viole les règles que la BCE peut agir, et notamment révoquer sa licence, a-t-elle rappelé hier. La banque estonienne Versobank en a fait les frais hier, voyant sa licence bancaire révoquée suite à des déficiences dans la LAB.
Mais «les petits pays ne sont pas forcément bien équipés pour traiter ces affaires», a souligné Danièle Nouy. Les autorités estoniennes ont ainsi annoncé fin février qu’elles allaient rouvrir une enquête sur la filiale locale de Danske Bank pour des violations des normes antiblanchiment, poussées par des médias ayant révélé que le régulateur local avait été alerté dès 2013 d’activités suspicieuses. La semaine dernière, ce sont les autorités de Malte qui ont gelé les opérations de la banque Pilatus après l’arrestation de son président par les Etats-Unis, qui l’accusent notamment de blanchiment au profit du Venezuela et de l’Iran. «Nous ne pouvons plus rester dans cette situation», a conclu Danièle Nouy.
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