
Crédit Agricole SA boucle 2019 en beauté

Crédit Agricole SA (CASA) annonce ce vendredi matin un résultat net part du groupe (RNPG) de 1,66 milliard d’euros au quatrième trimestre, en hausse de 64,9% sur un an et supérieur au consensus de 1,43 milliard d’euros des analystes interrogés par FactSet. Le bond des profits de la filiale cotée du groupe Crédit Agricole est lié à la décision favorable du Conseil d’Etat dans un litige fiscal concernant son ancienne banque grecque Emporiki. Ce remboursement d’impôt a eu un impact positif de 1,038 milliard d’euros sur les comptes.
Cet effet a été en partie contrebalancé par une dépréciation de 611 millions d’euros de l’écart d’acquisition sur la banque LCL. Les deux éléments exceptionnels avaient déjà été annoncés en fin d’année. Au total, divers événements comptables ont gonflé le RNPG de la période de 343 millions d’euros, contre un impact négatif de -59 millions d’euros au quatrième trimestre 2018. Hors exceptionnels, le RNPG sous-jacent progresse de 23,5% seulement en rythme annuel, à 1,32 milliards d’euros. « C’est un très bon quatrième trimestre, dans nos plus hauts historiques », a déclaré hier soir Philippe Brassac, le directeur général de CASA, à l’occasion d’une conférence de presse.
Recul du crédit à la consommation
Au cours du trimestre écoulé, le produit net bancaire (PNB) a crû de 5,5% sur un an, à 5,12 milliards d’euros. L’activité a été tirée par les deux principales divisions de CASA : la gestion d’actifs et l’assurance (+10,35%) et la banque de financement et d’investissement (+15,79%) ont notamment profité du rebond des marchés actions en 2019. Dans la banque de détail, le PNB a faiblement progressé chez LCL (+1,19%) et en Italie (+1,37%), les revenus liés aux commissions ayant compensé l’effet des taux bas sur la marge nette d’intérêts. En revanche, les services financiers spécialisés ont vu leurs revenus trimestriels reculer de 2,6% sur un an glissant, à 672 millions d’euros. La tendance, qui se confirme sur l’année, résulte du recul du crédit automobile, notamment en Chine, a expliqué Philippe Brassac en marge de la conférence de résultats.
Sur l’ensemble de l’exercice, le PNB de CASA a progressé de 2,1%, à 20,15 milliards d’euros, et les charges d’exploitation (hors Fonds de résolution unique) de 1,1% seulement. Il en résulte une hausse de 3,4% du résultat brut d’exploitation et une amélioration de 1,1 point de pourcentage du coefficient d’exploitation (ratio des coûts sur les revenus) sous-jacent, qui s’établit à 61%.
Le RNPG de CASA a augmenté de 10,1% en 2019, à 4,84 milliards d’euros. Il faut remonter à 2006 pour trouver un bénéfice « supérieur à 4,9 milliards d’euros », mais celui-ci intégrait à l’époque 25% du résultat des caisses régionales du groupe, équivalant à « un milliard d’euros », a souligné Jérôme Grivet, directeur générale adjoint (DGA) finances de CASA.
Pas d’intérêt pour HSBC France et mBank en Pologne
Pour 2020, « on est optimistes », a affirmé Philippe Brassac. « Nous avons le bénéfice aujourd’hui très important de la taille » et « nous sommes numéro un sur le plus beau et le plus sûr des marchés bancaires d’Europe », a ajouté le dirigeant. Dès lors, en dehors de fonds de commerce ciblés, « il n’y pas de stratégie d’acquisition pour le groupe Crédit Agricole », a assuré Xavier Musca, directeur général délégué de CASA. « Nous n’avons pas remis d’offre » sur mBank, la filiale polonaise de Commerbank, et sur la banque de détail de HSBC France « car nous avons considéré que nous ne [la] rentabiliserions pas facilement », a-t-il déclaré.
CASA met l’accent sur sa propre performance. « Le titre CASA a la plus belle et la plus haute rentabilité des banques françaises », a affirmé Philippe Brassac. Le rendement des fonds propres tangibles (ROTE) annualisé a atteint 11,9% en 2019, mais il a reculé par rapport aux 12,7% de 2018. Il est néanmoins « conforme à l’objectif du plan moyen terme (présenté en juin dernier, ndlr) d’être au-dessus de 11% (en 2022, ndlr)», a rappelé Jérôme Grivet. Le ROTE 2019 a été atteint « sur une base de fonds propres en hausse de 6,6% par rapport à 2018, a ajouté le DGA. La marche est chaque année plus dure à franchir. »
Débouclage de la garantie interne
Le ratio de fonds propres durs CET1 de CASA s’est établi 12,1% au 31 décembre, en hausse de 40 points de base (pb) au cours du dernier trimestre (dont 32 pb liés à Emporiki) et de « 90 pb en une année », selon Jérôme Grivet. Ce niveau bien supérieur aux 11% visés en 2022 va permettre de commencer à déboucler, comme prévu, le mécanisme de garantie intragroupe mis en place en 2014 entre CASA et les caisses régionales du Crédit Agricole. Le milliard d’euros de bénéfices tiré du litige sur Emporiki « sera entièrement alloué au financement du démantèlement partiel de la garantie Switch à hauteur de 35% dès le premier trimestre 2020 », rappelle le communiqué du groupe, avec un « impact attendu de -40 pb sur le ratio CET1 ». En contrepartie, CASA fera des économies sur le coût de cette garantie. Il n’est pas question pour autant de déplacer les curseurs. « La cible [de CET 1] est et reste 11% », affirme Philipe Brassac.
CASA souligne aussi que sa « solidité financière » lui permet d’augmenter son dividende de 1,4%, à 0,70 euro par action au titre de 2019. Les caisses régionales, actionnaires à 55,9% de CASA, en seront les premières bénéficiaires.
A l’échelle du groupe Crédit Agricole, qui englobe la structure cotée et les banques mutualistes, le RNPG 2019 atteint 7,2 milliards d’euros (+5,2% en rythme annuel) pour un PNB de 33,3 milliards d’euros (+1,4%). Les caisses régionales ont contribué à hauteur de 2,4 milliards d’euros aux profits, avec des revenus en très légère hausse de 0,59%, à 13,12 milliards d’euros. Le ratio CET1 du groupe s’établit à 15,9% au 31 décembre.
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La Havane - Le courant a été rétabli à Cuba, a annoncé jeudi le ministère de l’Energie et des mines, au lendemain d’une coupure générale, la cinquième en moins d’un an. «Le réseau électrique national est désormais rétabli», a fait savoir le ministère sur le réseau social X. En début de matinée, la compagnie nationale d'électricité avait annoncé que le courant était à nouveau disponible dans 11 provinces sur 15. Dans la capitale, la circulation et les activités ont repris quasiment normalement, a constaté l’AFP. «Le courant est revenu à 3h30 (7h30 GMT) du matin. Nous nous en sommes aperçus parce que nous avions laissé toutes les lumières allumées pour le savoir», a raconté à l’AFP Maria Beltran, 58 ans, qui vit dans un quartier populaire de l’ouest de La Havane. «Hier, ce n’a pas été facile. Nous sommes restés chez nous (...) assis dans un fauteuil toute la journée», a-t-elle ajouté, alors que ces coupures générales paralysent la vie économique de l'île et chamboulent la vie quotidienne des habitants. Mercredi matin, un arrêt de la centrale électrique Antonio Guiteras, la plus importante du pays, située au centre de l'île, a provoqué la déconnexion du système électrique sur l’ensemble du pays. Les autorités ont précisé par la suite que la coupure était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale. Depuis octobre 2024, l'île communiste a ainsi subi cinq pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Cette dernière coupure a duré un peu plus de 24 heures. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant les fortes chaleurs l'été, lorsque la consommation atteint des pics à cause de l’utilisation de la climatisation, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. © Agence France-Presse