BNP Paribas réinvestit ses superprofits pour soutenir sa croissance

La banque française va retourner 5 milliards d’euros à ses actionnaires pour compenser l’impact de la vente de Bank of the West. Elle fait aussi le pari ambitieux de la croissance organique.
Aurélie Abadie
BNP Paribas
Les annonces de BNP Paribas en matière de distribution ont été accueillies par une performance de +2,4% mardi en Bourse.  -  RK.

BNP Paribas a ouvert mardi le bal des résultats annuels dans l’Hexagone avec un résultat net record de 10,2 milliards d’euros en 2022, soit une hausse de 7,5% d’une année sur l’autre. Forte de ce profit historique dû notamment à la bonne performance de ses activités de marché et à l’effet de la hausse des taux, la banque française soigne ses actionnaires en retournant 60% de son résultat, soit un dividende porté à 3,90 euros par action, contre 3,67 euros l’an passé.

A l’image d’UniCredit, dont le programme de rachat d’actions de 5,25 milliards d’euros avait dopé le cours de Bourse la semaine dernière, les annonces de BNP Paribas en matière de distribution ont été accueillies positivement. Le titre s’est adjugé plus de 2,4% à la clôture. La banque française va procéder au rachat de 5 milliards d’euros d’actions en deux tranches. La première de 2,5 milliards d’euros pourrait être lancée à la fin du mois de mars ou en avril, estime son directeur financier Lars Machenil, sous réserve de l’approbation de la Banque centrale européenne (BCE).

Des rachats d’actions attendus

Cette annonce, qui a permis d’effacer la déception liée à des performances moindres que celles attendues au quatrième trimestre, n’est pas pour autant une surprise. Lorsqu’elle avait annoncé la vente de sa filiale californienne Bank of the West à Bank of Montreal (BMO), BNP Paribas avait dit son intention de retourner 4 milliards d’euros à ses actionnaires afin de compenser la dilution du bénéfice net résultant de la cession. La banque de détail américaine contribuait, en effet, à près de 5% de son résultat.

Le milliard d’euros supplémentaire est réalisé, quant à lui, au titre de la distribution ordinaire. « BNP Paribas visait un retour à 50% sous forme de dividendes et à 10% sous forme de rachat d’actions. Ce programme est en ligne avec sa politique », commente auprès de L’Agefi Sylvain Perret, analyste actions chez Alpha Value. « Ce programme de rachat d’actions est très positif car le titre s’échange toujours en dessous de la valeur tangible nette. BNP Paribas envoie le signal que l’action n’est pas au niveau où elle devrait se situer », ajoute Flora Bocahut, analyste equities chez Jefferies.

Croissance organique

Le volet le plus ambitieux réside toutefois dans la manière dont BNP Paribas compte redéployer le capital issu de la cession de Bank of the West, soit plus de 7 milliards d’euros après les rachats d’actions, pour soutenir son développement. « C’est une stratégie qu’on observe plutôt chez les banques universelles. Toutes les grandes banques européennes ont recours aux rachats d’actions mais toutes ne réinvestissent pas autant dans leur modèle industriel», souligne Sylvain Perret. Pour atteindre l’objectif, revu à la hausse, d’une rentabilité des fonds propres (ROTE) de 12% à horizon 2025, BNP Paribas compte en effet actionner le levier de la croissance organique sur ses métiers les plus porteurs.

La banque française a fait ces dernières années le pari d’un modèle diversifié en intégrant les activités de prime brokerage de Credit Suisse ou la plateforme ‘equities’ de Deutsche Bank. « BNP Paribas a continué de prendre des parts de marché dans la banque de financement et d’investissement, notamment dans le ‘fixed income’ où sa performance a dépassé ses pairs. Ces gains de parts de marché devront s’accompagner de recrutements et d’investissements pour développer la plateforme », analyse Sylvain Perret. Il s’agit aussi pour la banque française d’investir dans la technologie pour continuer à déployer le cloud et l’open banking.

« Près des trois quarts du capital redéployé grâce à la vente de Bank of the West le seront dans la croissance organique. 20% seront consacrés à des acquisitions bolt-on [de petite taille mais stratégiques, ndlr] et 5% à l’investissement dans de nouveaux business models comme nous l’avons fait avec Nickel et plus récemment Kantox », a résumé le directeur général Jean-Laurent Bonnafé lors d’une conférence de presse.

Des acquisitions ciblées

BNP Paribas confirme ainsi ne pas avoir d’appétit pour de grandes acquisitions. «Nous ne sommes pas ‘inquisitifs’ sur l’asset management ni sur les activités de la banque de manière générale », a souligné Jean-Laurent Bonnafé. Les acquisitions ciblées se feront « dans les métiers les plus opérants qui contribuent au développement de la franchise de manière efficace et complètent la gamme d’offres de produits et services, comme l’assurance, le leasing, le crédit conso, le métier titres. Nous regarderons l’asset management de manière beaucoup plus ponctuelle comme nous l’avons fait avec une acquisition de spécialité au Danemark », a-t-il ajouté. Quant à Orange Bank, censée susciter l’appétit des banques françaises, « BNP Paribas n’est pas intéressé par une entrée au capital ou une prise de participation », a martelé Jean-Laurent Bonnafé.

Fidèle à sa stratégie de long terme de maîtrise des coûts, BNP Paribas ne se contentera pas de travailler sur ses sources de revenus. Elle annonce aussi vouloir faire 300 millions d’euros d’économies supplémentaires par rapport aux 2 milliards annoncés dans le cadre de son plan à horizon 2025, grâce notamment à la rationalisation informatique et celle du parc immobilier dans le cadre du développement du télétravail. Interrogée par L’Agefi, la banque n’a pas indiqué si elle avait d’autres projets pour réduire la masse salariale, alors qu’un plan de départs volontaires portant sur un millier d’emplois est à l’étude dans sa filiale dédiée au crédit à la consommation Personal Finance.

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