
Institutional Day : Les institutionnels adaptent leurs grilles de lecture

Les investisseurs institutionnels sont-ils sur la défensive ? Les participants au panel consacré à l’allocation d’actifs de l’Institutional Day de L’Agefi suivent en tout cas tous attentivement les soubresauts actuels des marchés pour allouer leurs capitaux. Ainsi Wim Vermeir, qui dirige les investissements d’AG Insurance, indique se montrer plus prudent dans une situation volatile : «Nous favorisons les souverains parce que nous trouvons que les marchés actions sont un peu chers au vu de la situation macroéconomique, on n’est pas encore sorti de l’auberge et les marchés actions sont peut-être un peu trop enthousiastes». Le plus grand assureur belge, qui comprend Ageas, dispose d’environ 100 milliards d’euros d’actifs, dont autour de 45% en titres souverains en ce moment alors qu’il favorisait davantage les émissions d’entreprises les deux années précédentes.
Emmanuel Brutin, responsable gestion des portefeuilles chez CNP Assurances, est lui revenu sur les émetteurs souverains depuis l’été 2024. «Depuis l'été dernier, avec la repentification de la courbe plus la modification des swap spreads, on est plutôt sur 70% de souverains et 30% de crédit, très long, plutôt sur la partie 15-20 ans pour réadosser les portefeuilles en termes d’ALM», explique-t-il en précisant qu’il s’agit d’un enjeu en vue de la prochaine refonte de la directive Solvabilité 2. Emmanuel Brutin ajoute qu’il est attentif à l’état désastreux des finances publiques de nombreux Etats, qui ne montrent pas de trajectoires correctives. Il travaille donc à augmenter la diversification pour ne pas avoir de risque spécifique trop fort. La CNP en France représente environ 400 milliards d’actifs, et le portefeuille euro pèse 230-240 milliards avec schématiquement 80% d’obligations.
Chez Abeille Assurances, le directeur des investissements Thomas Rivron a lui aussi pris des titres souverains depuis le début d’année, intéressé par leur bonne rémunération et la possibilité de prendre de la duration. «Il y a une tendance de reprise de risque globale avec des circonstances particulières de marché», note-t-il en expliquant qu’il pilote depuis 2023 en fonction des nouvelles de marché. En 2023, les publications du chômage, de l’inflation et les publications des banques centrales faisaient bouger le marché, en 2024 c’était plutôt les enjeux politique comme les élections et depuis le début de l’année ce sont les annonces de Trump. Il a ainsi depuis le début de l’année pris des profits sur les marchés actions et est en train de recalculer le point d’équilibre pour se repositionner.
Marchés privés, oui mais…
Les trois assureurs restent allants sur les marchés privés. Wim Wermeir chez AG indique avoir en portefeuille 1 milliard d’euros en capital d’infrastructures, 3 milliards en dette d’infrastructures, 4 milliards en financement de logements sociaux et avoue être un «grand fan» des crédits hypothécaires néerlandais, intéressants en termes d’ALM et de solvabilité et qui rémunèrent 4% en ce moment. Il estime en revanche que la hausse des taux depuis 2 ou 3 ans en s’est pas encore complètement reflétée dans les valorisations des marchés non cotés. Thomas Rivron voit de son côté des opportunités de prendre un peu de risque en dette privée.
Chez CNP, Emmanuel Brutin constate que la participation de l’ordre de plusieurs milliards d’euros aux programmes de place comme les fonds Relance ou Tibi ont biaisé son allocation, notamment en dette privée. Sur cette classe d’actifs, qu’il range dans la poche obligataire, il précise rester prudent car plusieurs secteurs des sous-jacents ont été malmenés par différentes crises et peut-être par la guerre tarifaire. Il juge qu’il faut rester sélectif et ne pas descendre en qualité de crédit, il favorise donc la dette senior. L’infrastructure lui parait le meilleur compromis en termes de rendement, de stabilité, de flux et de valorisation, bien qu’il reste le problème de déploiement des montants levés. Il apprécie les opportunités de co-investissement sur la classe d’actifs.
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Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). La place américaine se montre quelque peu «angoissée» face à un possible «ralentissement économique» aux Etats-Unis, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers. Le marché du travail a continué à se dégrader en août aux Etats-Unis, avec un taux de chômage en progression, à 4,3%, selon les données officielles publiées vendredi par le ministère du Travail américain. La première économie mondiale a créé seulement 22.000 emplois le mois dernier, un niveau bien inférieur à ceux auxquels les Etats-Unis étaient habitués. Les analystes s’attendaient à 75.000 créations d’emploi, selon le consensus publié par MarketWatch. Les investisseurs demeurent prudents, ne connaissant pour le moment pas encore «toutes les implications de cette faiblesse persistante du marché du travail», notent les analystes de Briefing.com. Le flou autour des droits de douane de Donald Trump risque de continuer à freiner les embauches, a relevé par ailleurs Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management. Mais ce rapport sur l’emploi donne aussi le feu vert à un assouplissement monétaire de la part de la banque centrale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre, avec la possibilité d’un futur coup de fouet pour l'économie. Il «laisse également entendre que d’autres mesures seront nécessaires pour stabiliser le marché du travail avant la fin de l’année», a noté Samuel Tombs, analyste de Pantheon Macroeconomics. Les acteurs du marché s’attendaient déjà à ce que le Fed réduise ses taux dans une fourchette de 4,00% à 4,25% lors de sa prochaine réunion. Désormais, ils sont aussi une majorité à anticiper d’autres baisses lors des réunions d’octobre et de décembre, selon l’outil de veille FedWatch CME. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, les taux d’intérêt ont nettement reculé. Vers 20H15, le rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans tombait à 4,09%, contre 4,16% jeudi en clôture. A deux ans, il reculait à 3,52% contre 3,59%. Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Broadcom a brillé (+9,41% à 334,89 dollars) après l’annonce de résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, tant au niveau de son chiffre d’affaires que de son bénéfice net par action. Le groupe pharmaceutique Kenvue a chuté (-9,15% à 18,66 dollars) après parution d’informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé pourrait lier son médicament phare, le Tylenol, au développement de l’autisme chez l’enfant. Selon le Wall Street Journal, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, s’apprêterait à lier la prise d’acétaminophène (ou paracétamol) - principe actif du Tylenol aux Etats-Unis ou Doliprane en France - chez les femmes enceintes au développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, dont l’autisme. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+3,64% à 350,84 dollars) a été recherché après que son conseil d’administration a proposé un plan de rémunération inédit sur dix ans pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. L'équipementier sportif Lululemon Athletica a plongé (-18,58% à 167,80 dollars) en raison de prévisions ne convainquant pas les analystes. L’entreprise s’attend à un bénéfice net par action compris entre 12,77 et 12,97 dollars pour l’année complète, alors que les anticipations étaient de 14,15 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse