Institutional Day : Les institutionnels adaptent leurs grilles de lecture

Dans un contexte macroéconomique complexe, des assureurs présents lors de l’Institutional Day organisé par L’Agefi le 12 juin dernier naviguent entre quête de sécurité et prise de risque ciblée dans leurs allocations.
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Réjane Reibaud (l'Agefi), Thomas Rivron (Abeille), Xavier Audoli (Ostrum), Emmanuel Brutin (CNP), Christophe Machu (M&G) et Wim Vermeir (AG Insurance) lors de l'Institutional Day de l'Agefi le 12 juin 2025.  -  (DR)

Les investisseurs institutionnels sont-ils sur la défensive ? Les participants au panel consacré à l’allocation d’actifs de l’Institutional Day de L’Agefi suivent en tout cas tous attentivement les soubresauts actuels des marchés pour allouer leurs capitaux. Ainsi Wim Vermeir, qui dirige les investissements d’AG Insurance, indique se montrer plus prudent dans une situation volatile : «Nous favorisons les souverains parce que nous trouvons que les marchés actions sont un peu chers au vu de la situation macroéconomique, on n’est pas encore sorti de l’auberge et les marchés actions sont peut-être un peu trop enthousiastes». Le plus grand assureur belge, qui comprend Ageas, dispose d’environ 100 milliards d’euros d’actifs, dont autour de 45% en titres souverains en ce moment alors qu’il favorisait davantage les émissions d’entreprises les deux années précédentes.

Emmanuel Brutin, responsable gestion des portefeuilles chez CNP Assurances, est lui revenu sur les émetteurs souverains depuis l’été 2024. «Depuis l'été dernier, avec la repentification de la courbe plus la modification des swap spreads, on est plutôt sur 70% de souverains et 30% de crédit, très long, plutôt sur la partie 15-20 ans pour réadosser les portefeuilles en termes d’ALM», explique-t-il en précisant qu’il s’agit d’un enjeu en vue de la prochaine refonte de la directive Solvabilité 2. Emmanuel Brutin ajoute qu’il est attentif à l’état désastreux des finances publiques de nombreux Etats, qui ne montrent pas de trajectoires correctives. Il travaille donc à augmenter la diversification pour ne pas avoir de risque spécifique trop fort. La CNP en France représente environ 400 milliards d’actifs, et le portefeuille euro pèse 230-240 milliards avec schématiquement 80% d’obligations.

Chez Abeille Assurances, le directeur des investissements Thomas Rivron a lui aussi pris des titres souverains depuis le début d’année, intéressé par leur bonne rémunération et la possibilité de prendre de la duration. «Il y a une tendance de reprise de risque globale avec des circonstances particulières de marché», note-t-il en expliquant qu’il pilote depuis 2023 en fonction des nouvelles de marché. En 2023, les publications du chômage, de l’inflation et les publications des banques centrales faisaient bouger le marché, en 2024 c’était plutôt les enjeux politique comme les élections et depuis le début de l’année ce sont les annonces de Trump. Il a ainsi depuis le début de l’année pris des profits sur les marchés actions et est en train de recalculer le point d’équilibre pour se repositionner.

Marchés privés, oui mais…

Les trois assureurs restent allants sur les marchés privés. Wim Wermeir chez AG indique avoir en portefeuille 1 milliard d’euros en capital d’infrastructures, 3 milliards en dette d’infrastructures, 4 milliards en financement de logements sociaux et avoue être un «grand fan» des crédits hypothécaires néerlandais, intéressants en termes d’ALM et de solvabilité et qui rémunèrent 4% en ce moment. Il estime en revanche que la hausse des taux depuis 2 ou 3 ans en s’est pas encore complètement reflétée dans les valorisations des marchés non cotés. Thomas Rivron voit de son côté des opportunités de prendre un peu de risque en dette privée.

Chez CNP, Emmanuel Brutin constate que la participation de l’ordre de plusieurs milliards d’euros aux programmes de place comme les fonds Relance ou Tibi ont biaisé son allocation, notamment en dette privée. Sur cette classe d’actifs, qu’il range dans la poche obligataire, il précise rester prudent car plusieurs secteurs des sous-jacents ont été malmenés par différentes crises et peut-être par la guerre tarifaire. Il juge qu’il faut rester sélectif et ne pas descendre en qualité de crédit, il favorise donc la dette senior. L’infrastructure lui parait le meilleur compromis en termes de rendement, de stabilité, de flux et de valorisation, bien qu’il reste le problème de déploiement des montants levés. Il apprécie les opportunités de co-investissement sur la classe d’actifs.

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