
Universwiftnet, 20 ans : Sepa et Swift soufflent le vent de l’harmonisation

Les trésoreries des entreprises ont franchi des pas de géants dès lors qu’elles ont pu compter sur des opérations et des échanges harmonisés. Ainsi, entre 2008 et 2014, l’Espace unique de paiement en euros (Sepa) s’est déployé, simplifiant les opérations avec des schèmes de paiement standardisés.
« Le Sepa a représenté un grand pas en avant, toutes les banques partageant en Europe le même type de virement (SCT) et de prélèvement (SDD). C’est la preuve qu’il est possible d’unifier les paiements et les échanges entre les entreprises et les banques », constate Inna Sane, responsable des référentiels et données statiques chez ArcelorMittal. La mise en place de centrales de trésorerie s’en est trouvée naturellement facilitée. Aujourd’hui, les bénéfices du Sepa se propagent encore.
« Tous les systèmes de paiement des grandes banques ont été modernisés depuis l‘avènement du Sepa, et l’offre de paiements pour les entreprises évolue vite », évoque Yann Leclerc, responsable paiements chez Capgemini.
A lire aussi: UNIVERSWIFTNET, 20 ANS - La conformité alourdit le quotidien des trésoriers
Autre grand facteur d’harmonisation en trésorerie, la messagerie interbancaire Swift a lancé en 2002 Swiftnet, une solution dédiée aux entreprises (lire l’entretien ci-dessous).
« L’ouverture de Swift aux entreprises a constitué une véritable révolution pour les interactions entre les grandes entreprises et leurs banques, indique Hervé Postic, président d’Utsit. Ce mouvement est né en France où une poignée de grandes entreprises nous ont demandé de les aider à convaincre les banques d’utiliser la messagerie Swift également avec elles, ce qui fut l’acte fondateur d’Universwiftnet. » Là aussi, les projets de connexion à Swiftnet ont souvent été le corollaire de programmes plus larges de centralisation de trésorerie, dès lors plus facile à réussir.

Les réticences des banques ont pu être surmontées. « Elles venaient surtout de grandes banques étrangères qui avaient des solutions propriétaires et voulaient garder avec elles les entreprises captives », souligne Olivier Ringard, conseil aux entreprises, associé chez Utsit.
A lire aussi: UNIVERSWIFTNET, 20 ANS - La révolution de l’instantanéité se fait attendre
Connexion simplifiée
Le succès de Swift auprès des grandes entreprises a fait tache d’huile depuis lors, la coopérative simplifiant l’adhésion et la connexion avec un service bureau. Elle compte 2.600 adhérentes dans le monde dont 450 en France, avec une proportion croissante d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). « Les entreprises sont souvent approchées par des éditeurs de logiciels de trésorerie qui associent désormais leurs solutions cloud (SaaS) avec Swift. Les entreprises n’ont donc plus à mettre en place elles-mêmes la connexion à Swift, le projet s’est simplifié », explique Raphaël Marek, directeur de Swift France.

A lire aussi: UNIVERSWIFTNET, 20 ANS - L’intelligence artificielle promet des changements profonds
Le rôle de Swiftnet pour faciliter les relations bancaires reste une préoccupation forte aujourd’hui dans des groupes comme ArcelorMittal, qui compte quarante banques impliquées dans sa centralisation de trésorerie et veut éviter de gérer des connexions télématiques bilatérales. « Nous attendons de Swift qu’il joue un rôle dans la standardisation des échanges entre banques et entreprises, déclare Inna Sane. Sur les fichiers de masses, bien que la tendance soit de plus en plus d’utiliser les XML, les banques se sont mises à personnaliser le format pour répondre au besoin de leurs outils. Résultat, nous avons dû développer un format spécifique pour chaque banque pour l’initiation du même type de paiements. »
Aujourd’hui, à l’heure où les interfaces de programmation applicative API) s’invitent dans les connexions entre banques et entreprises, le sujet est relancé. « L’absence de standard global serait comme revenir à la jungle des solutions propriétaires, soutient Hervé Postic. Nous avons milité pour que Swift n’abandonne pas l’idée de proposer aux entreprises le même système de communication que des banques. C’est fondamental car cela permet aux entreprises le choix de leur établissement bancaire. »
Autant que la connexion, les entreprises attendent de Swift des services enrichis. « Swift travaille avec des entreprises et des banques dans le cadre d’un pilote – avec ArcelorMittal, Airbus, Dassault Systèmes et BNP Paribas en France – à une solution d’accès direct pour les entreprises, via une API, à l’information issue de GPI tracker. Le service (de suivi des paiements internationaux jusqu’ici proposé aux banques, NDLR) doit être proposé en production en fin d’année », annonce Olivier Ringard. Swift est aussi attendu sur des services spécialement conçus pour les corporates.
A lire aussi: Universwiftnet, 20 ANS : Le défi du yo-yo des taux
Toujours plus de qualité
Bientôt, de nouvelles avancées vont venir de la norme ISO 20022. Les entreprises ont fait leurs premiers pas en ISO 20022 grâce au Sepa. Dorénavant, cette norme de messages XML transportant une multitude d’informations va être étendue au-delà des virements Sepa. « Ces précisions limitent les faux positifs et les risques de rejets après les contrôles contre la fraude, approchant parfois 30 % des opérations de certaines banques. D’ici à fin 2025, Swift n’appliquera plus que le format ISO 20022 pour tous les messages. La qualité des virements internationaux sera grandement améliorée », anticipe Yann Leclerc. Surtout que Swift profite de cette migration pour introduire le « transaction manager ». « Ce service permet de s’assurer qu’il n’y a pas de perte d’information ou d’altération tout au long de la transaction », explique Raphaël Marek.

Les nouvelles technologies laissent espérer aux trésoriers des avancées toujours plus favorables de Swift à leur intention. « A l’avenir, compte tenu du nombre de transactions passant par Swift, la messagerie pourrait développer ses capacités d’analyse des données et offrir des services pertinents pour les entreprises, espère Inna Sane. Il nous semble clair que Swift place désormais les entreprises au cœur de son projet. » Le ralliement des entreprises des autres continents a commencé et sa montée en puissance ne pourrait qu’aller en ce sens.
A lire aussi: UNIVERSWIFTNET, 20 ANS - Le métier de trésorier entre ombre et lumière
« Swiftnet s’est démocratisé et est devenu incontournable »
2 QUESTIONS À... Pierre Boisselier, directeur financier de Accor Luxury & Lifestyle, ancien trésorier groupe adjoint chez ArcelorMittal
Quels sont les usages de Swift par les entreprises ?
Aujourd’hui, la présence des entreprises dans l’environnement Swift est une évidence et il est désormais plutôt question d’élargir l’usage qu’elles peuvent faire de Swift. Après le reporting et les paiements, les opérations de marché, le service s’est étendu aux opérations d’import-export qui réclament beaucoup d’échanges d’informations. Ce besoin est plus complexe à couvrir. Pour Accor, qui travaille dans plus de 100 pays, l’objectif est de déployer Swiftnet sur toujours plus de géographies.
Quels sont ses apports pour une trésorerie ?
Chez Arcelor, nous avons gagné en standardisation et efficacité, l’adoption ayant été favorisée par la culture d’ingénierie du groupe et ses besoins de gains de productivité. Aujourd’hui, Swiftnet s’est démocratisé et est devenu incontournable jusque dans les groupes de taille intermédiaire, voire certaines PME, dès lors que ces sociétés ont plusieurs banques à l’international. Cette solution est devenue un standard en Europe, elle s’est répandue aux Etats-Unis mais reste encore peu utilisée en Asie.
Plus d'articles du même thème
-
Les assureurs-crédit font œuvre de prévention
Ils répondent ainsi aux turbulences du monde, mises en lumière par le baromètre Diot-Siaci Crédit dévoilé en exclusivité par L’Agefi. -
Le paiement instantané bouscule la gestion de trésorerie
A l’occasion de la plénière de clôture d’Universwifnet le 27 mai dernier, au Palais Brongniart, les trésoriers ont fait le point sur les avancées en matière de paiement. -
Emmanuel Faber (ISSB) : «Je fais de la comptabilité, pas de la durabilité»
Les directions financières et comptables devront être les premiers de cordée pour emmener les entreprises encore plus loin sur les sujets extra-financiers, selon le président de l’International Sustainability Standards Board (ISSB), invité d'honneur du salon Universwiftnet le 27 mai.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- Le DAF de transition doit être orienté «gestion du cash»
- La sur-réglementation nuit au recouvrement des créances des entreprises
- Jérôme Baniol est le nouveau directeur financier de Sonepar
- Abel Martins-Alexandre prend la tête des finances d’Eramet
- Le financement de la SNCF se veut toujours plus vert
Contenu de nos partenaires
-
Coulisses
Ferrand décoré, Macron en forme, Bayrou en panne
Cette cérémonie officielle, miroir des incertitudes politiques du moment, révèle un Président avenant et disponible, et un Premier ministre sombre -
Accusé de partialité, Thomas Legrand assume de "s'occuper journalistiquement" de Rachida Dati
Paris - Le journaliste et chroniqueur Thomas Legrand, mis en cause dans des images diffusées par le média conservateur L’Incorrect, a reconnu samedi des «propos maladroits» à l'égard de Rachida Dati mais assumé de «s’occuper journalistiquement» de la ministre de la Culture. Dans une vidéo diffusée vendredi et filmée en juillet à l’insu des participants dans un restaurant parisien, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen échangent avec deux responsables du Parti socialiste: son secrétaire général, Pierre Jouvet, et le président de son conseil national, Luc Broussy. Au cours de cette discussion, M. Legrand, qui travaille pour France Inter et Libération, déclare notamment: «Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi». «Je comprends que la diffusion de cette vidéo, enregistrée à l’insu des protagonistes et qui plus est tronquée, puisse susciter de la suspicion», a réagi Thomas Legrand dans un message transmis samedi à l’AFP. «Je tiens des propos maladroits. (...) Si la tournure, extraite d’un échange tronqué et privé, est malheureuse, j’assume de m’occuper journalistiquement des mensonges de Madame Dati», écrit-il, quelques heures après avoir été suspendu "à titre conservatoire» d’antenne par France Inter. «Il est possible, par l’intermédiaire d’une vidéo volée, de mettre en cause l’ensemble d’une profession. Ceux et celles qui tomberont dans ce piège évident fouleront les principes qui fondent notre espace public, à commencer par celui de la liberté de la presse», ajoute-t-il. «L’ironie de l’histoire, c’est que ce rendez-vous avait été sollicité par le PS, enfin par la direction du PS, parce qu’ils ne sont pas contents du traitement du PS et d’Olivier Faure (premier secrétaire du parti, NDLR) sur l’antenne de France Inter. Donc c'était tout sauf une réunion conspirative», a pour sa part réagi Patrick Cohen, éditorialiste politique sur France Inter et C à vous (France 5), sollicité par l’AFP. Rachida Dati, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, avait de son côté demandé vendredi que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs. «Des journalistes du service public et Libération affirment faire ce qu’il faut pour m'éliminer de l'élection à Paris. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités», avait-elle réagi sur X. L’Incorrect, fondé en 2017 par des proches de Marion Maréchal, s’affirme comme «conservateur» et prône une union des droites. © Agence France-Presse -
A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse