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Géopolitique, tarifs douaniers et supply chain : la résilience n’est pas mission impossible

Les récentes turbulences géopolitiques exercent une pression croissante sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Les barrières commerciales complexifient les flux d’importation et d’exportation, posant un véritable défi aux entreprises. Pour atténuer ces risques, l’analyse des coûts des services et la diversification des sources d’approvisionnement s’imposent comme des stratégies essentielles.
Un contexte géopolitique sous tension
Les tensions internationales impactent directement le commerce mondial : attaques des groupes houthis sur les routes commerciales au Yémen, sanctions contre la Russie et l’Iran, tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ... De plus, la nouvelle administration américaine impose de nouvelles barrières tarifaires, alimentant ainsi l’incertitude pour les entreprises du monde entier.
Les Etats-Unis restent un marché clé pour les entreprises françaises, occupant la quatrième place en tant que destination d’exportation en 2023. Récemment, l’administration américaine a imposé des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, notamment sur les produits en acier et en aluminium, mais pas uniquement, ainsi qu’une augmentation de 10 % des droits existants sur les produits chinois. Aucune taxation forfaitaire sur les importations européennes n’a été officialisée, bien que l’Union européenne ait exprimé sa vigilance face à d’éventuelles mesures. La tendance actuelle privilégie une taxation ciblée par secteur, accentuant ainsi l’incertitude pour les industries fortement dépendantes du commerce international. De plus, face aux annonces quasi quotidiennes de l’administration Trump, marquées par une forte volatilité, les entreprises doivent être en mesure d'évaluer rapidement leur exposition aux droits de douane, qu’ils soient existants ou potentiels, ainsi qu’aux éventuelles restrictions commerciales.
Optimisation des coûts de service et stratégies douanières
Si l'évolution de la politique douanière reste incertaine, il est essentiel de ne pas considérer une hausse des droits de douane comme une menace irrémédiable, mais plutôt comme un paramètre à intégrer dans sa stratégie. Les entreprises, bien qu’impuissantes face aux décisions commerciales des Etats, conservent la maîtrise de leur réponse aux nouvelles conditions tarifaires.
Une analyse approfondie des coûts de service permet une transparence totale sur les dépenses tout au long de la chaîne d’approvisionnement. En y intégrant les coûts douaniers, les entreprises peuvent identifier les segments rentables et anticiper les ajustements nécessaires, assurant ainsi une prise de décision stratégique plus efficace.
Diversification des fournisseurs et collaboration renforcée
Anticiper les fluctuations tarifaires implique la mise en place de plans d’urgence et la diversification des fournisseurs. Pour limiter la dépendance à un marché unique, il est primordial d’évaluer les risques douaniers et d’identifier des sources d’approvisionnement alternatives. Une visibilité complète joue un rôle clé dans la prévention des retards, des perturbations et des coûts imprévus. Cela passe notamment par une analyse approfondie au-delà des fournisseurs de premier rang, en intégrant également ceux de deuxième et troisième rangs afin de mieux appréhender les risques et vulnérabilités.
Par ailleurs, la collaboration entre les équipes internes et les partenaires externes favorise l’optimisation de la supply chain. L’intégration des systèmes, le partage d’informations en temps réel et une communication fluide entre entreprises et fournisseurs permettent d’atténuer les risques liés aux variations tarifaires et de garantir des délais de livraison optimaux.
Conception stratégique des réseaux logistiques : un levier de résilience
Une approche structurée de la chaîne d’approvisionnement repose sur une gestion rigoureuse des flux entre fournisseurs et clients. Un modèle logistique optimisé, incluant une cartographie précise des centres de distribution et des itinéraires de transport, permet de réduire les coûts et d’améliorer l’efficacité des opérations.
L’intelligence artificielle et les jumeaux numériques jouent un rôle central dans cette optimisation en permettant de simuler différents scénarios et d’anticiper les répercussions des fluctuations tarifaires. En adoptant ces outils technologiques, les entreprises peuvent renforcer la robustesse de leur réseau d’approvisionnement et réagir avec agilité face aux changements commerciaux.
Vers une supply chain adaptative et durable
Face aux incertitudes commerciales et douanières, les entreprises doivent adopter une approche proactive en diversifiant leurs sources d’approvisionnement, en optimisant les coûts de service et en renforçant la collaboration avec leurs partenaires. Une conception stratégique du réseau logistique, appuyée par les technologies avancées, constitue un atout décisif pour assurer la résilience et la compétitivité des entreprises dans un contexte mondial en constante évolution.
A lire aussi: Les tensions internationales incitent les entreprises à reconfigurer leur supply chain
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse