Bpifrance défend son bilan avant l’élection présidentielle

Promesse de campagne de François Hollande, la banque publique veut atteindre son régime de croisière avec une nouvelle hausse de ses interventions cette année.
Amélie Laurin

A l’heure où le quinquennat de François Hollande est dénigré jusque dans son propre camp, le président de la République peut se targuer d’une réussite peu contestée. Après quatre ans d’exercice, Bpifrance entre certes dans le champ des critiques récentes de la Cour des comptes à l’encontre de l’Etat actionnaire, mais elle a fait de nouveau hier la démonstration de sa puissance d’action au service des entreprises. La Banque publique d’investissement a annoncé avoir injecté 24,4 milliards d’euros dans l’économie française en 2016, après 21,6 milliards un an plus tôt. En 2017, elle veut continuer sur sa lancée en mobilisant environ 27,8 milliards selon nos calculs (hors variation des flux de CICE), tout en stabilisant ou diminuant légèrement certaines poches.

Pour son activité de garantie des crédits octroyés par les banques commerciales privées, elle prévoit une hausse de 3,6% à 8,7 milliards d’euros en 2017, après une progression de 5% l’an dernier. Pour ses prêts en direct, elle table sur une enveloppe de 16,55 milliards d’euros (+2,2%), en croissance partout. En 2016, ses crédits d’investissement ont augmenté de 10%, à 6,2 milliards d’euros, mais les prêts à l’innovation ont diminué de 1%, à près de 1,3 milliard d’euros, et les prêts de trésorerie ont reculé de 5%, à 5,6 milliards. Le «stress de trésorerie des entreprises françaises a beaucoup reflué», a justifié Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, lors d’une conférence de presse.

Du côté de ses investissements en fonds propres, Bpifrance compte mobiliser cette année 2,55 milliards d’euros (+8%), après un bond de 31% en 2016 à près de 2,4 milliards d’euros. Les tickets investis dans les ETI et grandes entreprises ont en effet bondi de 42% l’an dernier, à 1,1 milliard. Cette inflation s’explique par la montée au capital de Vallourec, en difficulté, et de Technip lors de sa fusion avec FMC, pour un total de 644 millions d’euros. Cette année, «on restera au-dessus du milliard d’euros » à parité entre entreprises cotées et ETI, prédit Nicolas Dufourcq.

Pour ses autres missions d’intervention en fonds propres, Bpifrance prévoit une légère hausse de l’enveloppe de capital-innovation, une petite baisse des investissements directs dans les PME et un recul significatif du fonds SPI (Sociétés de projets industriels) qui souffre d’un «pipeline» moins fourni après avoir décollé l’an dernier. En revanche, Bpifrance veut porter de 729 millions à un milliard d’euros ses souscriptions dans des fonds tiers, soit un « record absolu ». Cette politique de fonds de fonds, plébiscitée par la Cour des comptes (contrairement aux interventions directes dans les PME) et par l’industrie du private equity, doit désormais permettre le retour en France d’acteurs internationaux du capital-risque. Bpifrance a déjà octroyé 35 millions d’euros à trois fonds étrangers de biotechs.

«Opérateur» pour le compte de la Caisse des dépôts via les fonds de fonds, ou pour l’Etat via le Programme d’investissements d’avenir, Bpifrance «peut parfaitement gérer sans transfert de participations», estime Nicolas Dufourcq. Interrogé sur un éventuel transfert d’actifs de l’Agence de participations de l’Etat, souhaité par la Cour des comptes, le dirigeant a répondu «tout est possible, mais ce n’est pas à nous décider».

En attendant, Bpifrance vise 500 millions d’euros de gains de cessions nets cette année sur son portefeuille en direct. L’an dernier la banque a vendu plus de 1,6 milliard d’euros d’actifs. Si son incursion dans Viadeo s’est soldée par une perte, elle a réalisé 675 millions d’euros de plus-values brutes avec Valeo, Schneider, Ubisoft, Eiffage et Carso.

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