
BPCE refond son approche de la banque mobile

Les efforts de BPCE commencent à porter leurs fruits. Un an et demi après les premières annonces sur son plan stratégique 2018-2020, très axé sur le numérique, le groupe mutualiste présentait hier ses dernières innovations en banque mobile. «Que des choses opérationnelles, assure Yves Tyrode, directeur général en charge du digital. Notre objectif est d’offrir à nos clients le meilleur des services bloc par bloc». «Nous refaisons toute l’infrastructure des virements, des cartes bancaires et des crédits, explique l’ancien patron du digital à la SNCF, en poste chez BPCE depuis octobre 2016. Pour certains services c’est du rattrapage ; pour d’autres, quelque chose qui va nous permettre d’évoluer, comme l’instant payment (virement instantané dévoilé la semaine dernière, ndlr). Au moins on aura un socle propre».Pour être au niveau, voire «challenger» les néobanques… mais avec des volumes industriels. Le groupe prévoit d’investir 600 millions d’euros par an dans le numérique à horizon 2020.
BPCE vise 90% de clients actifs en ligne à cette date. Sur 15 millions de clients, 9 millions utilisent déjà ses services en ligne, dont 4 millions via ses applications mobiles. Les utilisateurs se connectent en moyenne 14 fois par mois sur mobile (contre 3 fois sur ordinateur fixe). «Notre cible c’est une connexion par jour ouvré», indique Yves Tyrode, soit 20 à 23 par mois. Ces nouveaux usages doivent permettre de gagner en compétitivité, par l’«automatisation par le client d’un certain nombre de tâches», avec un bénéfice direct sur le coefficient d’exploitation (ratio de coûts sur dépenses) et le temps de travail des conseillers bancaires. Ils doivent aussi générer en ligne du produit net bancaire supplémentaire.
Pour faire aussi bien que la fintech Lydia dans les virements, les applications des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires permettent depuis le mois dernier d’ajouter en ligne des bénéficiaires. Sur ces 170.000 ajouts enregistrés chaque mois, 110.000 sont encore réalisés en agence ou par un email au conseiller bancaire. Pour défier les néobanques, les Banques Populaires ont aussi mis en place, fin 2017, l’opposition en ligne en cas de perte ou vol d’une carte bancaire. A la rentrée, des outils plus fins, comme le verrouillage temporaire de la carte, seront testés. Ces services «nous permettent d’être au même niveau que les pure players [de la banque en ligne] et on s’est organisé comme tel, avec des start-up internes et une refonte complète de nos plate-formes technologiques», assure Yves Tyrode.
Enfin, BPCE s’attaque aux banques en ligne historiques (Boursorama, ING Direct et Fortuneo), sur leur nouveau créneau : le crédit immobilier. Plusieurs Caisses d’Epargne et Banques Populaires testent depuis un mois un service de pré-demande en ligne de prêt à l’habitat. Avec un questionnaire limité à une cinquantaine de questions, contre «100 chez ING», ces établissements délivrent en quelques minutes trois propositions de mensualités et de taux (assurance emprunteur incluse). «C’est totalement analogue à ce qui peut être remis en agence», assure Stéphane Vialle, responsable des souscriptions digitales chez BPCE. Sans promotion, l’offre aurait déjà généré 8.000 visites, 750 leads (contacts qualifiés), 170 rendez-vous et 20 dossiers de crédit. «Arkéa a été précurseur, mais que sur ses clients», alors que l’offre de BPCE s’adresse aussi aux prospects et «couvre 50% des demandes dans les réseaux», selon Stéphane Vialle. Le groupe applique la même méthode dans le crédit aux professionnels et à la consommation, sans aller jusqu'à des dossiers 100% en ligne.
En revanche, BPCE va se convertir aux ouvertures de comptes dématérialisées en s’inspirant de sa start-up Fidor. Les Caisses d’Epargne vont donner le go avec leur offre «Enjoy», dévoilée par L’Agefi.
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Picasso: un portrait inédit de Dora Maar dévoilé à Paris et bientôt aux enchères
Paris - Un portrait «exceptionnel» de Dora Maar portant un chapeau à fleurs coloré, peint par Pablo Picasso en 1943 en pleine Occupation et inconnu du public, a été dévoilé jeudi à Paris à l’Hôtel Drouot. Intitulé «Buste de femme au chapeau à fleurs», ce tableau d’une taille de 80x60 centimètres, peint à l’huile, représente la photographe, égérie des surréalistes, qui fut la compagne de Picasso pendant une dizaine d’années. Il est «estimé autour de huit millions d’euros, une estimation basse, raisonnable, qui peut s’envoler», a expliqué Christophe Lucien, commissaire-priseur chargé de sa vente fixée au 24 octobre par sa maison de vente aux enchères. Signé par Picasso et daté du 11 juillet 1943, le tableau a été acquis en août 1944 par un grand collectionneur français, grand-père des actuels ayants droit qui souhaitent le vendre dans le cadre d’une succession, a-t-il précisé. «Inconnu du public et jamais exposé hormis dans l’atelier de Picasso pour quelques amis, il n’a jamais été vernis ni restauré, est juste encadré de minces baguettes et dans son jus», a précisé Agnès Sevestre-Barbé, spécialiste de Picasso, présente lors du dévoilement de l’oeuvre. Il est «assez exceptionnel et marque un jalon dans l’histoire de l’art et dans celle de Picasso», a estimé M. Lucien. D’inspiration "à la fois naturaliste et cubiste», selon lui, la toile montre Dora Maar en proie à la tristesse mais au visage empreint de douceur, contrairement à d’autres portraits où le maître espagnol l’a représentée avec une expression où la violence et les émotions semblent exacerbées. Elle porte un chapeau à fleurs aux couleurs plutôt vives (rouge, jaune, vert, violet) avec un buste plus sombre, au moment où Picasso la délaisse pour une plus jeune femme, Françoise Gilot. «Les coloris joyeux sont surprenants, on est en 1943, une année difficile avec des oeuvres plutôt sombres dans cette période», dit à l’AFP Olivier Picasso, petit-fils du peintre, en voyant une photo de l’oeuvre qu’il n’a pas encore découverte physiquement. «Très rare» «Une peinture et en plus un portrait de Dora Maar c’est rare. Qu’il soit vendu en France c’est même vraiment très rare comme sur le marché en général d’ailleurs», ajoute-t-il. Plusieurs portraits de Dora Maar ont surtout été vendus aux Etats-Unis par les grandes maisons de vente anglo-saxonnes, rappelle-t-il. En 2006, «Dora Maar au chat» avait été vendu 95 millions de dollars à New York, après «Femme assise dans un jardin» (1938) acquise en 1999 également à New York pour 49 millions de dollars. Authentifié par l’administration Picasso, le portrait dévoilé jeudi n'était connu des spécialistes et passionnés de Picasso qu’en noir et blanc et à travers le catalogue raisonné de ses œuvres (inventaire officiel) le mentionnant, selon Drouot. Des photos de Brassaï, ami de Picasso, prises dans l’atelier du peintre (rue des Grands-Augustins) attestent également de la présence du tableau, installé au sol près de la célèbre " femme au rocking-chair et d’un lapin (momifié), accroché au mur, récupéré par Picasso dans la cour carrée du Louvre», selon M. Lucien. Dora Maar, de son vrai nom Henriette Théodora Markovic (1907-1997), est surtout réputée comme photographe et s’est fait connaître notamment à travers ses innombrables portraits de Picasso. Picasso a réalisé plusieurs portraits d’elle en «Femme qui pleure», sa «nature profonde», prétendra-t-il. Elle lui inspirera aussi un ensemble de toiles sur le thème des «Femmes assises». Dora Maar réalisera de son côté un reportage photographique sur le chef d’oeuvre de Picasso «Guernica» en cours de création en 1937 dans son atelier des Grands-Augustins, aujourd’hui au musée de la Reine Sofia à Madrid. Sandra BIFFOT-LACUT © Agence France-Presse -
Gaza: alors que l'offensive israélienne continue, la crise humanitaire se renforce
Gaza - L’armée israélienne a mené jeudi d’intenses bombardements sur Gaza-ville, où elle mène une offensive terrestre majeure, provoquant de nouveaux déplacements de la population et laissant, selon l’ONU, les hôpitaux au bord de l’effondrement. Fort du soutien américain, Israël a annoncé le début mardi d’une campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville pour y anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. En riposte, Israël a lancé une offensive dévastatrice dans le petit territoire, qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire. Depuis, les quelque deux millions de Palestiniens assiégés y ont été maintes fois déplacés. «Il y a des tirs d’artillerie, des frappes aériennes, des tirs de quadricoptères et de drones. Les bombardements ne s’arrêtent jamais», décrit Aya Ahmad, une femme de 32 ans vivant avec 13 membres de sa famille dans le quartier Nasser, dans l’ouest de Gaza-ville. Selon des établissements de santé, répartis dans tout le territoire palestinien, au moins douze personnes, dont trois enfants, ont été tuées jeudi dans les frappes israéliennes. La route côtière longeant la bande de Gaza est saturée de personnes fuyant vers le sud, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, leurs affaires entassées à la hâte, rapportent des journalistes de l’AFP sur place. - «Où allons-nous vivre?» «L’incursion militaire et les ordres d'évacuation dans le nord de Gaza provoquent de nouvelles vagues de déplacements, forçant des familles traumatisées à s’entasser dans une zone toujours plus réduite, incompatible avec la dignité humaine», a déclaré sur X le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Le monde ne comprend pas ce qui se passe. Ils (Israël, NDLR) veulent que nous évacuions vers le sud — mais où allons-nous vivre? Il n’y a pas de tentes, pas de transport, pas d’argent», déplore Mme Ahmad. «Il n’y a ni tentes, ni moyens de transport, ni argent», a-t-elle ajouté. Les coûts de transport pour rejoindre le sud du territoire palestinien ont explosé, dépassant parfois les 1.000 dollars, selon des personnes interrogées par l’AFP sur place. L’ONU estimait fin août à environ un million le nombre d’habitants dans la ville de Gaza et ses environs, dans le nord du territoire palestinien. L’armée israélienne a affirmé que «plus de 350.000" personnes avaient fui la zone. «Les hôpitaux, déjà débordés, sont au bord de l’effondrement alors que l’escalade de la violence bloque l’accès et empêche l’OMS de livrer des fournitures vitales», avertit le responsable de l’organisation onusienne. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations de la Défense civile ou de l’armée israélienne. Jeudi, l’armée a annoncé avoir visé la veille «un dépôt d’armes du Hamas (...) destinés à cibler les troupes israéliennes». Elle a ajouté avoir frappé plus de 150 cibles dans la ville de Gaza depuis le lancement de son assaut terrestre. L’offensive à Gaza-ville a été condamnée à l'étranger, mais aussi en Israël où une grande partie de la population s’inquiète pour les otages retenus dans la bande de Gaza. «Situation indescriptible» L’ONU a déclaré la famine à Gaza, ce que dément Israël. Mardi, une commission d’enquête indépendante mandatée par l’ONU a établi qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Israël a aussi nié. «La situation est indescriptible, nous récitons la chahada (profession de foi musulmane, NDLR) à chaque explosion», a indiqué Ahmed AbouWafa, 46 ans, qui vit avec sept enfants sous une tente de l’ouest de Gaza-ville. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne. Les représailles militaires israéliennes ont coûté la vie à 65.141 personnes, en majorité des civils selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dont les données sont jugées fiables par l’ONU. © Agence France-Presse -
Cuba face à l’explosion du «quimico», la drogue synthétique qui transforme les jeunes Cubains en «zombies»
La Havane - En plein jour, un jeune homme marche dans un parc de La Havane tel un zombie. Erratique, il traîne des pieds, le regard perdu sous l’effet du «quimico», une drogue synthétique qui suscite l’inquiétude à Cuba. Dans un pays habitué à de faibles niveaux de toxicomanie, la consommation de cette drogue très addictive, moins chère et plus puissante que la marijuana, s’est répandue ces dernières années dans la capitale et jusqu’en province. Il y a encore trois mois, Josué Angel Espinosa, 21 ans, était totalement accro: «je ne pouvais pas manger un repas sans en consommer». Il devait fumer jusqu'à 15 cigarettes imprégnées de «quimico» (produit chimique, en français) pour pouvoir s’endormir, raconte-t-il à l’AFP. Il fait partie des cinq Cubains qui suivent une cure de désintoxication dans un centre d’accueil pour toxicomanes fondé il y a un an par le pasteur évangélique Rotyam Castro, 36 ans, dans la périphérie de la capitale. Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre de consommateurs, mais le prédicateur estime que «la situation est devenue incontrôlable». «J’ai rencontré des jeunes (toxicomanes) dans la rue, dans le milieu interlope», mais aussi «des artistes, des musiciens, des professionnels» accros à cette drogue, énumère-t-il. Pour lui, l’essor récent de cette drogue de synthèse chez les jeunes s’explique autant par la profonde crise économique que traverse l'île communiste de 9,7 millions d’habitants que par son caractère addictif et son faible coût. Une dose peut coûter 100 pesos (environ 25 centimes de dollar), soit trois fois moins que le paquet de cigarettes le moins cher vendu sur l'île. Cette drogue est un cocktail élaboré à partir de «carbamazépine, benzodiazépine, phénobarbital» qui sont des médicaments psychotropes, «des anesthésiques pour animaux et même du formol, du fentanyl», a expliqué à la télévision cubaine Héctor Ernesto Gonzalez, expert militaire dans la lutte antidrogue du ministère de l’Intérieur. Les préparateurs clandestins de cette drogue la diluent et utilisent un spray pour imprégner des herbes aromatiques et un petit bout de papier, qui servent par la suite à confectionner un joint, d’où les noms de «quimico» ou de «papelito» (bout de papier) donnés à cette drogue. «Rigidité musculaire» «Je consommais beaucoup» cette drogue, raconte Gabriel Chéscoles, un plombier de 30 ans, qui est arrivé au centre de désintoxication «détruit», les cheveux longs, mal rasé et malodorant. Désormais plus apaisé, il décrit avec des gestes comment le «quimico» est roulé dans du papier à cigarette et comment le «papelito», également imprégné de substances addictives, est placé à son extrémité pour accentuer l’inhalation de la drogue. L’effet d’une dose est «entre 50 et 100 fois supérieur à celui du tétrahydrocannabinol (THC)», le principal composant psychoactif du cannabis, selon l’expert militaire. Sur des vidéos qui circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, de jeunes Cubains sont vus en train d’errer dans les rues, désorientés, parlant tout seuls, le regard perdu. Certains s’effondrent ou convulsent après une overdose. Les symptômes vont de l’euphorie à la somnolence, en passant par les nausées, les convulsions, la tachycardie, l’hypertension, voire des arythmies graves et un manque de coordination dans les mouvements, a détaillé à la presse officielle Elizabeth Céspedes, directrice du Centre de désintoxication des adolescents du ministère de la Santé. «D’où les positions contractées dues à la rigidité musculaire et la démarche de type zombie», explique la spécialiste. Cuisinier, Luis Yankiel Zambrano, 33 ans, était «esclave» de la drogue depuis dix ans lorsque sa famille a fait appel au centre de désintoxication. «Dernièrement, je pleurais et disais à ma mère que je ne pouvais plus continuer comme ça», explique-t-il. Face à cette situation alarmante, les autorités ont durci les sanctions contre les trafiquants et ont lancé en décembre une campagne de prévention dans les quartiers considérés comme à risque. L’AFP a demandé aux autorités un accès à un «barriodebate», une activité de quartier destinée à prévenir le phénomène, mais n’a pas reçu d’autorisation. Dans le centre d’accueil gratuit, le processus de désintoxication se déroule sans médicaments, entre psaumes et prières, cours de comportement et travail collectif. Après trois mois, Josué Angel Espinosa et Luis Yankiel Zambrano rêvent d’ouvrir leur entreprise pour subvenir à leurs besoins et soutenir le centre qui les a sortis de la drogue. Gabriel Chéscoles reconnaît qu’il n’est pas encore prêt, mais se réjouit des progrès accomplis: «Ma mère a changé d’attitude, mon père me soutient. J’ai retrouvé la confiance et l’affection de tous». Rigoberto DIAZ © Agence France-Presse