Du code pour décoder la comptabilité

La société de gestion française VIA AM planche sur la transformation du concept de retraitement comptable des sociétés en outil technologique.
L'équipe de VIA AM
 -  VIA AM

Dans un océan toujours plus vaste de données de moins en moins digestes, VIA AM est en passe d’apporter au secteur financier un instrument de navigation inédit. Fondée en 2015, la société de gestion transforme le concept de retraitement comptable des entreprises, sur lequel reposent ses fonds actions systématiques, en outil technologique. Son ambition est de produire de la donnée normalisée à grande échelle – sur 5.000 titres pour commencer, puis 20.000 à terme – selon une approche dite « point-in-time ». Autrement dit, donner accès aux analystes et aux gérants à une donnée économique à n’importe quel point dans le temps sur une période remontant jusqu’à 2003, telle qu’elle aurait été produite et vierge de tout ajustement variable ultérieur.

Ce retraitement comptable permettrait de voir des éléments habituellement écartés du périmètre des ratios de comptabilité classiques et d’avoir un prisme d’analyse plus économique. Les ratios comptables excluent notamment les notions de durée de vie des actifs ou de capital investi « invisible » (la recherche et le développement, le capital humain, la publicité, par exemple). Le responsable de la technologie et de la recherche actions de VIA AM, Jordan Alloun, et son équipe – Hicham Qasmi, Jordan Di Giovanni, Michel Kolecki et François Baton – ont publié, mi-février, un double article de recherche sur le sujet.

« La comptabilité est rarement faite pour l’investisseur et manque souvent d’homogénéité », estime Jordan Alloun. Selon lui, des efforts doivent être faits pour extraire des rapports annuels une donnée génératrice d’alpha supplémentaire. Les rapports sont devenus en effet beaucoup plus denses, avec un vocabulaire plus complexe à décrypter, mais la pertinence de l’information financière, elle, n’a pas évolué. « Cela dit, il faut le voir comme une source d’opportunités. Toutes choses égales par ailleurs, cette complexité accrue est en réalité une source d’alpha supplémentaire pour l’investisseur », juge-t-il.

Extra alpha

Il aura fallu à VIA AM sept ans de recherche et de travail et plus de 100.000 lignes de code Python pour factoriser et coder la démarche de retraitement comptable sous la forme d’un arbre de décision. Plusieurs centaines de métriques normalisées sont compilées pour chaque titre et font l’objet de mises à jour, quotidiennes, mensuelles et annuelles.

Les données normalisées seraient, selon la recherche produite par VIA AM, plus robustes et moins soumises à des variations extrêmes que les données comptables classiques. « Il n’y a pas de biais de secteur, de cycle ou de taille d’entreprise dans l’impact de la normalisation des données », assure Jordan Alloun. La recherche de VIA AM montre aussi que les données normalisées génèrent un alpha moyen supplémentaire de 1,5 %-2,5 % pour une stratégie long-only actions best-in-class – sur des critères de rentabilité et de valorisation classiques.

La plateforme créée par Jordan Alloun et son équipe en est pour l’instant à l’état de preuve de concept. De nombreux tests clients restent à venir.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Investissement

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...