
Lorenzo Gazzoletti: « Richelieu Gestion est en quête d’acquisitions »
Quelles raisons vous ont incité à rejoindre Richelieu Gestion ?
C’est l’attrait de cette maison, lié à son appartenance au groupe bancaire Richelieu, lequel gère 6 milliards d’euros et a collecté 1 milliard d’euros nets l’an dernier. Dans le nouvel environnement post-Mifid, avoir une société de gestion qui puisse s’appuyer sur la force de frappe et de croissance d’un groupe bancaire est un avantage fondamental. Parallèlement, j’apprécie le format boutique de gestion qui apporte flexibilité et convictions aux clients.
Enfin, Richelieu Gestion est selon moi une marque assez magique dans la gestion d’actifs. Cela évoque ce qui se faisait de mieux dans les années 2000 en termes de gestion de conviction à la française. Elle reste aujourd’hui une vraie boutique au sein d’un groupe bancaire. Le groupe lui fait confiance en lui confiant sa gestion collective et une partie de sa gestion sous mandat. Pour moi, cela représente un double terrain de jeu, essentiel pour l’avenir de la gestion, qui se trouve dans les solutions, plus que dans le simple objet OPCVM.
Où en est Richelieu Gestion aujourd’hui ?
Richelieu Gestion gère environ 1 milliard d’euros entre gestion collective et gestion sous mandat. Nous comptons 21 collaborateurs, un nombre qui va prochainement augmenter, puisque nous allons recruter des commerciaux senior couvrant les CGP et les institutionnels. Cette équipe commerciale sera placée directement sous ma responsabilité.
Quelle est votre feuille de route ?
Je souhaite positionner Richelieu Gestion comme une maison des solutions et du sur-mesure pour les CGPI et les institutionnels. Cette proposition de valeur va se décliner en trois volets d’offres.
Le premier est la gestion sous mandat et les mandats dédiés, principalement pour les CGPI et les multi family office. Nous voulons innover avec des mandats, qui, à partir de seuils plus faibles que ce qui se fait sur le marché, vont ouvrir aux CGP qui le souhaitent une multitude de classes d’actifs : des titres vifs, des OPCVM très majoritairement en architecture ouverte, des actifs réels et des produits structurés. Sur les actifs réels, nous projetons de nouer des partenariats avec des acteurs spécialisés, notamment dans le private equity.
Deuxièmement, nous allons lancer en 2024 la première gestion sous mandat entièrement dédiée à des produits structurés. Cela va apporter une vraie diversification, puisqu’il y aura jusqu’à 10 lignes de produits structurés à l’intérieur du mandat. Les produits structurés sont devenus un volet tellement important dans l’allocation d’actifs des CGPI, qu’il faut désormais y apporter une méthode de construction et de diversification de portefeuille comme on le fait dans la poche liquide depuis 20 ans. Cette solution sera réalisée en collaboration avec Banque Richelieu France. Cette dernière dispose en interne d’une équipe dédiée à la construction et la structuration de produits structurés qui a déjà intermédié des centaines de millions d’euros pour des clients ultra high net worth. Il y a aussi un aspect multigestion des structurés dans cette offre.
Enfin, nous allons mettre en avant deux expertises fortes de notre gestion actions, qui font l’histoire de la maison. La première est notre stratégie Richelieu Family, gérée depuis bientôt 10 ans par Clémence de Rothiacob. Ce fonds dispose d’un long track record sur les actions européennes d’entreprises familiales. Il s’appuie sur une recherche propriétaire, avec des analyses poussées sur la gouvernance et son impact dans les choix de gestion du capital et des capex.
La seconde est notre stratégie sur les actions américaines, gérée par un gérant canadien Eric Lafrenière. Il a développé une gestion originale, blend et de forte conviction.
Quid des six autres fonds ?
Ils subsistent : nous ne fermerons ni ne fusionnerons aucun fonds. Nous ne prévoyons pas non plus de lancement de fonds. La raison d’être d’une boutique est tout simplement de faire des choix de spécialisation et de focalisation sur les expertises d’excellence. C’est ce qui nous pousse à mettre en avant nos deux expertises phare. Ces deux fonds ont plus de 100 millions d’euros chacun. Sur trois ans, leurs encours peuvent facilement doubler.
Cette feuille de route va-t-elle conduire à une réorganisation des équipes ?
Notre nouvelle stratégie consiste à rationaliser le message et fixer des priorités. Cela n’a pas nécessité de réorganisation, car toutes les briques étaient en place. J’ai d’ailleurs été assez impressionné par la qualité et le professionnalisme des équipes que j’ai trouvées en arrivant.
Avez-vous des objectifs chiffrés ?
Non. Nous avons une ambition de développement. Tout est en place pour se développer en croissance organique.
Au moment du changement d’actionnaire en 2018, des projets d’acquisition avaient été mentionnés. Cela fait-il partie de votre mandat ?
Oui, clairement. La gestion d’actifs, en particulier liquides, poursuit son mouvement de concentration. Il y a de très belles boutiques françaises, Paris demeurant un centre de choix pour la gestion de conviction. Aujourd’hui, dans cet environnement Mifid, qui donne tellement d’importance à la distribution, Richelieu Gestion peut être une plateforme de consolidation très intéressante pour des sociétés de gestion très spécialisées, qui souhaiteraient poursuivre leur développement dans un groupe disposant d’un réseau de banques. Je pense que c’est ce que les entrepreneurs de la gestion recherchent quand ils n’arrivent plus à faire grandir les encours de manière organique.
Nous nous sentons capables d’être un port d’attache lisible et sûr pour des structures qui souhaitent s’adosser.
Vous regardez donc des dossiers…
Oui et nous voulons faire savoir que nous sommes en quête d’acquisitions. Nous avons une structure stable, un actionnaire stable, une stratégie claire, des équipes stables… Nous nous sentons capables d’être un port d’attache lisible et sûr pour des structures qui souhaitent s’adosser.
Dans le cadre de cette croissance externe, y a-t-il des classes d’actifs que vous aimeriez acquérir ?
C’est clairement du liquide. Mais il peut y avoir plusieurs combinaisons. Cela peut être intéressant d’acquérir des expertises actions, dans une logique de renforcement des encours. Mais nous pouvons aussi chercher à nous diversifier sur le crédit et/ou l’alternatif Ucits (long-short…). Nous sommes opportunistes. C’est l’excellence et l’intérêt de la stratégie qui nous décideront. Cela augmente le champ des possibles.
Avez-vous un montant d’encours en tête ?
Nous préférerions cibler des maisons entre 200 millions et 1 milliard d’euros d’encours, soit un montant inférieur ou égal au montant de nos encours. Cela serait plus fluide et moins risqué dans la phase d’intégration, qui est la phase clé d’une fusion. Au final, la gestion d’actifs reste un métier d’hommes et de femmes et il faut donc être très attentif à cela.
Et d’un point de vue actionnarial, avez-vous un modèle en tête ? Acquisition à 100 %, participation majoritaire… ?
Nous serons orientés solutions et sur-mesure sur ce type d’approche autant qu’on peut l’être dans la proposition de gamme ! Comme les sociétés de gestion entrepreneuriales sont des créations spécifiques qui tiennent à des expertises particulières et aux personnes qui les incarnent, on ne peut pas imposer un modèle actionnarial. Cela ne peut être que du sur-mesure, pour ne pas perdre l’esprit boutique et détruire de la valeur. D’ailleurs, je pense que dans ce genre d’opération, la motivation du vendeur est essentielle !
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