Une nouvelle crise politique ternit les efforts d’assouplissement de l’Inde

L’effet de la baisse des taux directeurs a été tempéré par une fracture dans la coalition gouvernementale qui remet en cause le rythme des réformes
Patrick Aussannaire

Les efforts d’assouplissement des autorités indiennes sont une nouvelle fois contrecarrés par une crise politique. Hier, la Banque centrale du pays (RBI) a poursuivi sa politique d’assouplissement monétaire en réduisant son principal taux de refinancement pour la deuxième fois de l’année de 25 points de base (pb), à 7,50%.

Si cette décision était largement attendue par le consensus, les autorités ont en revanche provoqué une mini-déception en laissant le taux des réserves obligatoires inchangé à 4%, alors que les marchés espéraient une baisse d’une ampleur identique.

Le gouvernement, qui pousse depuis des mois pour obtenir un geste de la RBI, prévoit une croissance de 5% en 2013, ce qui serait son plus faible rythme depuis 2003. Sans compter que la RBI a adopté un biais plus restrictif en indiquant dans son communiqué que «la marge de manœuvre pour de nouvelles baisses reste assez limitée».

Compte tenu d’une inflation qui demeure élevée avec une hausse des prix de gros qui a atteint 6,84% en rythme annuel en février, Leif Eskesen, chef économiste chez HSBC estime que «tout nouvel assouplissement sera considéré avec grande précaution». Seule note d’optimisme: l’inflation sous-jacente s’est légèrement réduite à 3,8%.

La RBI, qui conditionne ses interventions à des engagements du gouvernement en termes de réduction des déficits et de libéralisation de l’économie, avait obtenu lundi satisfaction avec l’appel du ministre des finances à un assouplissement des restrictions pesant sur les investissements directs étrangers dans le pays. «De nombreuses barrières peuvent être supprimées ou plus certainement réduites» a indiqué Palaniappan Chidambaram qui estime les besoins du pays en nouveaux capitaux étrangers à plus de 75 milliards de dollars cette année et en 2014 pour financer un déficit courant record.

Si le gouvernement a entamé depuis septembre dernier une réforme du secteur du commerce de détail et de l’aviation, baisser les taxes sur prêts étrangers et relancer les projets en infrastructures, ces efforts se heurtent à une nouvelle crise politique. Le principal allié de la coalition a en effet retiré hier son soutien au gouvernement, à qui il manque à présent 44 sièges pour disposer d’une majorité à l’assemblée. «Cet incident politique implique que les réformes amorcées resteront en sommeil» estime Rajeev Malik, économiste chez CLSA.

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