
Une journée chez Scala Patrimoine

Dix-huit mois d’existence, et 15 millions d’euros d’encours sous conseil, tel est le premier bilan de Scala Patrimoine, cabinet fondé par Guillaume Lucchini. Le développement s’appuie sur une clientèle pluriforme, composée à 80% de professions libérales et de chefs d’entreprise, et à 20% de sportifs et d’artistes. Satisfait par cette phase de décollage, le fondateur envisage désormais de faire grandir son bureau à Paris, d’ouvrir des succursales en province, et de confier un mandat de gestion pour sa clientèle.
Le cabinet a su croître grâce à un dense réseau d’avocats et de fiscalistes qui ne peuvent pas gérer directement les intérêts patrimoniaux de leurs clients. Pour Scala Patrimoine, les professions juridiques sont donc autant, des clients que des apporteurs d’affaires. « Nous sommes appelés par ces cabinets pour continuer le service qu’ils ont mis en place pour leurs clients mais qu’ils ne peuvent pas poursuivre pour des questions de déontologie », précise Guillaume Lucchini. Cela concerne également les sportifs de haut niveau qui, face à l’internationalisation du marché et la complexification des contrats, font de plus en plus appel aux avocats et aux fiscalistes.
Avec un passé professionnel dans le management de carrière d’artistes puis de gestion de patrimoine de sportifs, Guillaume Lucchini a acquis un carnet d’adresses et une légitimité importante pour être crédible auprès de ces deux populations. « Beaucoup de CGP aimeraient conseiller des artistes ou des sportifs mais peu y parviennent. C’est un métier de relations », estime-t-il. Pour Guillaume Lucchini, le sportif est un client compliqué. « Un joueur moyen de football gagne 30 000 euros par mois en Ligue 1, détaille-t-il. Pourtant, près de la moitié vont faire faillite. Ce taux grimpe jusqu’à 75% dans le football américain ».
Son cabinet est approché par des avocats en relation avec des sportifs professionnels, qui lui confient la gestion du patrimoine de leurs clients. Guillaume Lucchini est rarement en relation directe avec les sportifs professionnels. Sa principale difficulté est de remplacer l’entourage du joueur en matière de gestion, entourage qui peut être fortement nuisible. « Un joueur de football est une entreprise à lui tout seul. Du jour au lendemain, se présente une multitude de nouveaux amis... », ironise Guillaume Lucchini.
Il pointe également du doigt les erreurs des banques qui prêtent des sommes importantes sur de longues durées à de jeunes joueurs, en se basant sur le salaire annuel. Pourtant, elles oublient que ces mêmes joueurs peuvent terminer leur carrière sur blessure ou à cause de mauvais choix sportifs. « Nous approchons les jeunes joueurs dès le centre de formation pour les éduquer, eux et leurs parents, à la capitalisation, explique Guillaume Lucchini. Cela permet également de tisser un lien de confiance ». Au contraire du sportif, il constate que le client artiste est plus sage. « L’artiste a généralement vécu l’intermittence et sait qu’il a besoin de capitaliser, analyse-t-il. Il souhaite donc, avant toute chose, être propriétaire de sa maison ».
Confier un mandat pur actions multi-risques
Pour répondre aux besoins patrimoniaux de ses clients, Guillaume Lucchini utilise une approche qui favorise la liquidité. Les investissements financiers concernent principalement l’assurance-vie, sans comptes-titres, et un peu de PEA pour les clients qui souhaitent conserver une exposition au risque importante. La sélection de gérants s’effectue via les outils Morningstar et Quantalys, et avec une lecture attentive des notes de conjoncture. Une synthèse est ensuite envoyée régulièrement aux clients sous forme de newsletter, nommée « Daily d’initiés ». On retrouve parmi la buy list les principaux gérants de la Place comme la Financière de l’Echiquier, Rothschild & Cie Gestion, ou Carmignac Gestion.
Néanmoins, Guillaume Lucchini envisage de confier à un asset manager la gestion d’un fonds dédié ou d’un mandat pur actions avec plusieurs profils de risque, avec un encours avoisinant les 4 millions d’euros, uniquement pour ses clients. L’idée est encore à l’état de projet et aucun prestataire n’a encore été choisi. Les artistes et les sportifs investissent pour leur part principalement dans l’immobilier afin de garantir une rente lorsque leur carrière sera terminée. Ces investissements sont réalisés avec le levier de l’emprunt, dont le montant doit pouvoir être couvert par les revenus annuels. « Les banques traditionnelles refusent de plus en plus de s’occuper d’artistes car ils n’arrivent pas à déterminer leurs flux de revenus », complète Guillaume Lucchini.
La présence d’un CGP auprès de ce type d’investisseurs immobiliers est également importante en matière de fiscalité. « Quand les impôts arrivent dans la boîte aux lettres, les sportifs n’ont généralement pas provisionnés les montants réclamés, raconte Guillaume Lucchini. De même, lorsqu’ils rentrent en France après plusieurs années passées à l’étranger, ils se retrouvent souvent en contentieux avec le fisc car ils n’ont pas pensé aux impôts ». Un développement basé sur la communication Depuis l’origine, le cabinet compte deux associés, Guillaume Lucchini et Marion Corbel, et fait intervenir différents spécialistes externes regroupés dans le « carré d’experts ».
Aujourd’hui, le fondateur travaille au développement de sa structure, via recrutements internes pour renforcer la masse de conseillers, et partenariats externes pour accroître la visibilité. Au cours du mois de juin, deux banquiers privés juniors vont donc rejoindre la structure. « Mon objectif est d’avoir à terme une quinzaine de collaborateurs à Paris et des bureaux dans les grandes villes de province », précise le fondateur, qui envisage désormais de recruter des profils seniors. «J’ai beaucoup à apprendre de professionnels aguerris, et ceux-ci peuvent profiter de notre maîtrise de la communication et du développement », complète Guillaume Lucchini.
Les deux aspects sont gérés par son associée. D’une part, pour consolider sa proximité avec les professions juridiques, le cabinet sponsorise les Trophées du droit. D’autre part, il noue des partenariats dans des domaines intéressant sa clientèle : galerie d’art, automobile de collection avec la marque Porsche Classic, loge au Parc des Princes… « Nous travaillons beaucoup le marketing car il faut aller chercher la clientèle. Il faut constamment communiquer et apporter une valeur ajoutée », conclut Guillaume Lucchini.
Jean-Loup Thiébaut
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Paris - Près d’une centaine de mairies dirigées par la gauche ont hissé le drapeau palestinien au fronton de leur mairie lundi, jour choisi par Emmanuel Macron pour reconnaître officiellement l’Etat de Palestine, un pavoisement auquel s’est fermement opposé le ministre démissionnaire de l’Intérieur. Le ministère de l’Intérieur, qui avait donné instruction aux préfets de faire cesser tout pavoisement en vertu du principe de neutralité du service public, de non-ingérence dans la politique internationale de la France et du risque de «troubles graves» à l’ordre public, recensait lundi à 17H00 au moins 86 municipalités réfractaires, sur 34.875 communes. Interrogé par l’AFP, l'Élysée n’a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet. Après Nantes, Rennes, Grigny ou Saint-Denis dans la matinée, les mairies écologistes de Besançon et Lyon ont hissé à leur tour le drapeau palestinien sur le fronton de l’hôtel de ville. «Cette reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas une offense faite à Israël (...). L’absence d'État est un terreau fertile pour tous les groupes terroristes, de Daech au Hamas», a estimé le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, cité dans un communiqué. A Tours, le pavoisement était prévu en début de soirée. «Reconnaître l'État de Palestine (...) c’est rappeler que nulle conquête territoriale par la force ne peut être légitimée et qu’aucune paix durable ne saurait naître sans justice et réciprocité», a déclaré le maire écologiste Emmanuel Denis. A Paris, une dizaine d'élus dont David Belliard, candidat écologiste à la mairie de Paris en 2026, ont déployé le drapeau palestinien depuis une fenêtre de l’hôtel de ville peu après 18H00, contre l’avis de la maire PS Anne Hidalgo. La mairie n’a pas souhaité faire de commentaire. Dimanche, l'édile socialiste avait préféré projeter les drapeaux palestinien et israélien côte à côte sur la tour Eiffel, décision qualifiée lundi de «consternante de stupidité» par le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Dans la matinée, les élus de Saint-Denis, première ville de Seine-Saint-Denis, avaient convié la presse pour ériger le drapeau palestinien sur l’hôtel de ville, aux côtés des drapeaux français et européen. «Depuis des années je me bats pour l'émergence d’une solution à deux Etats comme seule solution durable pour espérer une paix au Proche-Orient», avait déclaré le maire PS Mathieu Hanotin. «Arrêtez le feu» A ses côtés, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, à l’origine de l’idée de pavoiser les mairies, a relevé que le drapeau palestinien «n’est pas le drapeau du Hamas». En Seine-Saint-Denis, une douzaine de communes ont érigé lundi le drapeau au triangle rouge et aux bandes horizontales noire, blanche et verte, a précisé à l’AFP le préfet du département, qui a écrit aux maires réfractaires sans pour l’instant saisir la justice. Les conseils départementaux du Lot et de la Gironde ont imité les communes, tandis que la maire écologiste de Poitiers le fera mardi. A Malakoff, la maire communiste qui avait apposé la bannière de la Palestine dès vendredi, restée depuis sur le fronton de l’Hôtel de ville malgré l’injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise de le déposer, s’est vu infliger lundi une astreinte de 150 euros par jour de retard. Elle a annoncé faire appel devant le Conseil d’Etat. A Corbeil-Essonnes, ville jumelée avec Jérusalem-Est, le maire DVG Bruno Piriou avait hissé le drapeau palestinien depuis plusieurs mois et souhaitait distribuer 1.000 drapeaux palestiniens. Deux décisions suspendues par la justice administrative, de même que pour la petite ville de Montataire (Oise). De plus petites villes comme Carhaix (Finistère), Dives-sur-Mer (Calvados) ou Grabels, près de Montpellier, ont emboîté le pas aux grandes. «En mettant ce drapeau, nous disons +arrêtez le feu, arrêtez le génocide+", a déclaré à l’AFP le maire LFI de Grabels, René Revol. A Marseille, le maire DVG Benoît Payan a lui refusé de hisser le drapeau palestinien, préférant annoncer le jumelage de sa ville avec Bethléem, située en Cisjordanie occupée. Ce n’est pas la première fois que le pavoisement des mairies fait polémique. Au décès du pape François, la demande du gouvernement de mettre en berne le drapeau français avait été jugée contraire au principe de laïcité par certains maires. Selon Jean-Paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay, "à chaque fois que les tribunaux ont validé les drapeaux, c'était parce qu’il y avait un mouvement national de solidarité», comme par exemple le drapeau israélien après le 7-octobre ou le drapeau ukrainien. Pour Serge Slama, professeur de droit public à l’Université de Grenoble-Alpes, «un maire ne peut pas, à travers un drapeau, exprimer une opinion politique religieuse ou philosophique». «Mais», poursuit-il, «ériger un drapeau parce que le chef de l'État reconnaît la Palestine comme État ne me semble pas manquer au devoir de neutralité, parce que c’est la position officielle de la France ce jour-là». Madeleine DE BLIC © Agence France-Presse -
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Paris - La Bourse de Paris a terminé en légère baisse lundi, dans une séance sans publication macroéconomique majeure, l’effet positif de la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) la semaine dernière se dissipant. L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a perdu 0,30% sur la séance, soit 23,48 points, pour s'établir à 7.830,11 points. Vendredi, il avait terminé à l'équilibre (-0,01%). «Les marchés sont un peu plus en retrait et cherchent des catalyseurs pour continuer une éventuelle progression», commente Andrea Tueni, responsable de la relation clients et des activités de marchés de Saxo Banque. La semaine dernière, les indices boursiers avaient profité de la baisse des taux directeurs de la Fed d’un quart de point de pourcentage. Mais «l’effet positif que l’on pouvait avoir sur le CAC est un peu retombé» et «ne joue plus sur les actions», poursuit M. Tueni. «L'événement phare de la semaine sera la publication de l’indice préféré de la Fed pour mesurer l’inflation, l’indice PCE», vendredi, relève Neil Wilson, analyste de Saxo Markets. En Europe, ce sont les baromètres d’activité manufacturière (PMI) qui retiendront l’attention mardi. L’automobile en berne «Les constructeurs automobiles ont perdu du terrain sur la séance d’aujourd’hui» en raison d’un «effet de contagion» des mauvaises performances des actions automobiles allemandes, commente Andrea Tueni. Les titres Porsche et Volkswagen ont en effet souffert après des avertissements sur leurs bénéfices. «Les constructeurs français sont également impactés car cela peut laisser présager de mauvaises nouvelles sur le secteur en général», explique M. Tueni. Le titre Stellantis a perdu 2,64% sur la séance, à 8,23 euros, et Renault a reculé de 1,55%, à 34,82 euros. Euronext CAC40 © Agence France-Presse