
Une filiale en liquidation de Natixis risque une sanction de l’AMF
Décidée début 2012, la disparition de Natixis Alternative Assets traîne en longueur. La liquidation définitive d’Icmos France, l’une des filiales de l’ancien pôle de gestion de la BFI de Natixis, reste suspendue à une décision de l’Autorité des marchés financiers (AMF). A la suite d’une enquête ouverte au printemps 2011, le représentant du collège de l’AMF a requis hier une amende de 250.000 euros à l’encontre de la société, dissoute fin 2012.
Le régulateur reproche à Icmos des insuffisances dans ses moyens humains et son dispositif de contrôle des risques de la conformité. Le représentant du collège fustige une «grande désinvoluture» dans l’organisation de son équipe de 16 personnes, tous salariés de Natixis et détachés plus ou moins formellement à son service. Pour certains sous-griefs, l’appréciation du représentant du collège diffère de celle du rapporteur de la commission des sanctions, mais aucun n’a finalement retenu l’insuffisance de l’effectif global au regard du plan d’action présenté par l’entreprise, lors de son agrément en 2008.
Avec des nuances également, tous deux jugent inefficace le dispositif de contrôle des risques et de la conformité. Le représentant du collège se montre en revanche sévère sur le manque d’indépendance d’Icmos vis-à-vis de Natixis. La BFI de la banque était en effet la contrepartie unique des produits structurés de cette société de multigestion alternative, distribués en aval à des particuliers clients des Banques Populaires. Cette pratique n’est pas condamnable en soi, rappelle le rapporteur: pour les OPCVM à formule, l’AMF «recommande» seulement une contrepartie extérieure. Le représentant du collège critique néanmoins le «postulat» d’Icmos selon lequel Natixis lui offrait le meilleur prix.
Les faits reprochés, jugés «fantasques» par la défense, remontent à 2009-2011, avant que Natixis décide de fermer Natixis Alternative Assets dont l’activité était jugée trop petite et trop peu rentable. Les fonds de ses différentes entités ont été fermés ou transférés chez Natixis Asset Management. Icmos, qui affichait 735 millions d’euros d’encours fin 2010 répartis entre 18 fonds, a fait l’objet d’une liquidation à l’amiable dont le dénouement est suspendu à la fin de la procédure de l’AMF. Fin 2013, sa «situation nette» devrait atteindre 24.000 euros, selon son liquidateur, mais «son actionnaire Natixis peut faire face à la sanction», a déclaré le représentant du collège.
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Kaboul - Avec leurs lustres imitation cristal et leurs imposants canapés de velours, la vingtaine de cliniques esthétiques de Kaboul proposent d’entrer dans un autre monde: un univers de botox, d’injections et de greffes capillaires, une brèche dans l’austérité imposée par les talibans. Rares dans l’Afghanistan en guerre (2001-2021), ces cliniques ont éclos à la faveur du semblant de stabilité ayant regagné le pays depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021. Des médecins étrangers, turcs notamment, font régulièrement le voyage pour former des Afghans, qui suivent également des stages à Istanbul, tandis que le matériel trouve son chemin depuis l’Asie ou l’Europe. Dans les salles d’attente, une clientèle souvent aisée: des hommes à la chevelure clairsemée, mais surtout des femmes, parfois lourdement maquillées, toujours amplement couvertes, plus rarement en burqa. A 25 ans, Silsila Hamidi se lance dans son second lifting: sa peau, dit-elle pudiquement, souffre des «nombreuses pressions» imposées aux Afghanes. Il y a deux ans déjà, cette stomatologue de formation --diplômée juste avant que les talibans ne bannissent les femmes des universités mais qui aujourd’hui n’exerce pas-- avait fait retoucher le bas de son visage. «Même si les autres ne nous voient pas, nous si: se trouver belles dans le miroir nous donne de l'énergie», témoigne-t-elle, avant de laisser le bistouri rehausser le haut de son visage, qui «commençait à s’affaisser». Depuis 2021, les Afghanes ne peuvent plus exercer de nombreux métiers ou voyager sans chaperon et sont interdites d'étudier après 12 ans, de se balader dans les parcs ou de fréquenter une salle de sport. Coiffeur non, botox oui Et si la chirurgie est tolérée, les salons de coiffure et de beauté leur sont fermés. «S’ils étaient ouverts (...) notre peau ne serait pas dans cet état, on n’aurait pas à se faire opérer», glisse Mme Hamidi. Sollicitées à plusieurs reprises par l’AFP, les autorités talibanes, qui d’ordinaire interdisent de changer ses caractéristiques physiques conformément à la loi islamique, n’ont pas donné leur avis sur la chirurgie esthétique. Des acteurs du secteur indiquent qu’elle est autorisée car considérée comme de la médecine. Le gouvernement ne s’immisce pas dans leur travail, disent-ils à l’AFP, mais s’assure que la non-mixité est respectée: un infirmier pour un patient, une infirmière pour une patiente. Certains affirment que des talibans eux-mêmes sont clients. «Ici, l’absence de cheveux ou de barbe est considérée comme un signe de faiblesse», explique Sajed Zadran, directeur adjoint de la clinique Negin Asia, où la modernité des machines made in China pourrait faire pâlir les hôpitaux, confrontés à une grave crise budgétaire. Depuis que les talibans ont ordonné aux hommes de porter une barbe de la longueur d’un poing --minimum--, la greffe est à la mode, relève Bilal Khan, codirecteur de la clinique EuroAsia, sur le point d’ouvrir un deuxième établissement. Et parce que tous les clients ne sont pas riches, certains «empruntent pour avoir des cheveux avant leur mariage», rapporte-t-il. Effet Instagram Dans la villa de quatre étages transformée en clinique, les méthodes sont les mêmes qu'à l'étranger et ne présentent «aucun risque», assure Abdul Nassim Sadiqi, dermatologue, qui détaille les prix: 37 à 75 euros pour le botox et 225 à 437 euros pour les implants capillaires. Une fortune pour l'écrasante majorité des 48 millions d’Afghans --dont près de la moitié sont pauvres selon la Banque mondiale-- mais une aubaine pour Mohammed Shoaib Yarzada, 39 ans, restaurateur afghan installé à Londres. Echaudé par les milliers de livres demandées en Angleterre pour la même opération, il a profité de sa première visite au pays en 14 ans pour faire regarnir son crâne. Pour attirer de nouveaux clients, chaque clinique inonde ses réseaux sociaux de promesses de beauté: peau lissée, lèvres pulpeuses, cheveux abondants... En Afghanistan, comme ailleurs, on n'échappe pas aux diktats véhiculés par des influenceurs, avance Lucky Khaan, 29 ans, codirectrice de Negin Asia, qui enregistre des dizaines de nouveaux patients chaque jour. «Nombreux viennent sans réels problèmes mais veulent faire de la chirurgie car ils ont vu des tendances sur Instagram», rapporte la docteure Khaan, Russe aux origines afghanes. Alors que selon l’ONU, dix millions d’Afghans souffrent de la faim et qu’un sur trois n’a pas accès aux soins médicaux de base, certains, «qui manquent d’argent pour manger, préfèrent investir dans leur beauté», ajoute la chirurgienne. Claire GOUNON © Agence France-Presse