
Richmond Park fait d’une pierre deux coups en achetant Olympia
En fin de semaine dernière, Olympia, l’un des vétérans de l’industrie alternative française, a perdu son indépendance: le fonds Sagard Private Equity Partners (détenteur de 45%), les collaborateurs et les dirigeants ont cédé l’intégralité de leurs participations à Richmond Park, société financière britannique. Olympia en sera une filiale à 100%, en attendant qu’un plan d’actionnariat soit mis en place destiné aux professionnels du gérant français.
S’il n’y a pas eu d’appel d’offres à proprement parler (aucune banque d’affaires mandatée), la transaction a été longue (plus d’un an) et compliquée à mener: «C’était une opération hors norme du fait de la nature de la cible: une société gérant des fonds de fonds, souligne un proche de l’opération. Dans ces cas-là, les candidats sont également susceptibles de gérer des fonds dans lesquels a investi Olympia, d’où des conflits d’intérêts potentiels qui inquiètent toujours les autres investisseurs. Par ailleurs, accéder au dossier peut être l’occasion de recueillir des informations stratégiques. Donner accès aux livres de la société est alors très délicat». Certains grands investisseurs institutionnels auraient ainsi été écartés du dossier pour ces raisons.
Restaient donc les acteurs à la culture plus entrepreneuriale, à laquelle Richmond Park correspond. Cette société s’est développée sur le modèle de la merchant bank britannique: un pied en banque d’affaires, un autre en gestion d’actifs, à l’instar de Perella Weinberg, Banca Leonardo ou, en France, Aforge Finance.
Mais le métier de gestion d’actifs reste balbutiant chez Richmond Park. L’acquisition d’Olympia lui permet d’acquérir une société de gestion de fonds de hedge funds fondée en 1989, et de s’implanter en France dans la perspective de la mise en œuvre de la directive AIFM. «Par son ancienneté, Olympia entretient des relations avec certains fonds historiques les plus performants, où il est souvent difficile d’entrer. La société a en outre développé une plate-forme de sélection et de due diligence très solide», explique une partie prenante.
Ces atouts ont sans doute permis à Sagard de valoriser Olympia davantage que par un simple pourcentage de ses actifs sous gestion (entre 2% et 3% en général). Car comme ses consœurs, la société de gestion a mal vécu la crise: ses encours sont passés de plus de 4 milliards à un peu plus de 1,5 milliards d’euros aujourd’hui.
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Kaboul - Avec leurs lustres imitation cristal et leurs imposants canapés de velours, la vingtaine de cliniques esthétiques de Kaboul proposent d’entrer dans un autre monde: un univers de botox, d’injections et de greffes capillaires, une brèche dans l’austérité imposée par les talibans. Rares dans l’Afghanistan en guerre (2001-2021), ces cliniques ont éclos à la faveur du semblant de stabilité ayant regagné le pays depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021. Des médecins étrangers, turcs notamment, font régulièrement le voyage pour former des Afghans, qui suivent également des stages à Istanbul, tandis que le matériel trouve son chemin depuis l’Asie ou l’Europe. Dans les salles d’attente, une clientèle souvent aisée: des hommes à la chevelure clairsemée, mais surtout des femmes, parfois lourdement maquillées, toujours amplement couvertes, plus rarement en burqa. A 25 ans, Silsila Hamidi se lance dans son second lifting: sa peau, dit-elle pudiquement, souffre des «nombreuses pressions» imposées aux Afghanes. Il y a deux ans déjà, cette stomatologue de formation --diplômée juste avant que les talibans ne bannissent les femmes des universités mais qui aujourd’hui n’exerce pas-- avait fait retoucher le bas de son visage. «Même si les autres ne nous voient pas, nous si: se trouver belles dans le miroir nous donne de l'énergie», témoigne-t-elle, avant de laisser le bistouri rehausser le haut de son visage, qui «commençait à s’affaisser». Depuis 2021, les Afghanes ne peuvent plus exercer de nombreux métiers ou voyager sans chaperon et sont interdites d'étudier après 12 ans, de se balader dans les parcs ou de fréquenter une salle de sport. Coiffeur non, botox oui Et si la chirurgie est tolérée, les salons de coiffure et de beauté leur sont fermés. «S’ils étaient ouverts (...) notre peau ne serait pas dans cet état, on n’aurait pas à se faire opérer», glisse Mme Hamidi. Sollicitées à plusieurs reprises par l’AFP, les autorités talibanes, qui d’ordinaire interdisent de changer ses caractéristiques physiques conformément à la loi islamique, n’ont pas donné leur avis sur la chirurgie esthétique. Des acteurs du secteur indiquent qu’elle est autorisée car considérée comme de la médecine. Le gouvernement ne s’immisce pas dans leur travail, disent-ils à l’AFP, mais s’assure que la non-mixité est respectée: un infirmier pour un patient, une infirmière pour une patiente. Certains affirment que des talibans eux-mêmes sont clients. «Ici, l’absence de cheveux ou de barbe est considérée comme un signe de faiblesse», explique Sajed Zadran, directeur adjoint de la clinique Negin Asia, où la modernité des machines made in China pourrait faire pâlir les hôpitaux, confrontés à une grave crise budgétaire. Depuis que les talibans ont ordonné aux hommes de porter une barbe de la longueur d’un poing --minimum--, la greffe est à la mode, relève Bilal Khan, codirecteur de la clinique EuroAsia, sur le point d’ouvrir un deuxième établissement. Et parce que tous les clients ne sont pas riches, certains «empruntent pour avoir des cheveux avant leur mariage», rapporte-t-il. Effet Instagram Dans la villa de quatre étages transformée en clinique, les méthodes sont les mêmes qu'à l'étranger et ne présentent «aucun risque», assure Abdul Nassim Sadiqi, dermatologue, qui détaille les prix: 37 à 75 euros pour le botox et 225 à 437 euros pour les implants capillaires. Une fortune pour l'écrasante majorité des 48 millions d’Afghans --dont près de la moitié sont pauvres selon la Banque mondiale-- mais une aubaine pour Mohammed Shoaib Yarzada, 39 ans, restaurateur afghan installé à Londres. Echaudé par les milliers de livres demandées en Angleterre pour la même opération, il a profité de sa première visite au pays en 14 ans pour faire regarnir son crâne. Pour attirer de nouveaux clients, chaque clinique inonde ses réseaux sociaux de promesses de beauté: peau lissée, lèvres pulpeuses, cheveux abondants... En Afghanistan, comme ailleurs, on n'échappe pas aux diktats véhiculés par des influenceurs, avance Lucky Khaan, 29 ans, codirectrice de Negin Asia, qui enregistre des dizaines de nouveaux patients chaque jour. «Nombreux viennent sans réels problèmes mais veulent faire de la chirurgie car ils ont vu des tendances sur Instagram», rapporte la docteure Khaan, Russe aux origines afghanes. Alors que selon l’ONU, dix millions d’Afghans souffrent de la faim et qu’un sur trois n’a pas accès aux soins médicaux de base, certains, «qui manquent d’argent pour manger, préfèrent investir dans leur beauté», ajoute la chirurgienne. Claire GOUNON © Agence France-Presse