Pékin tente de faire décoller son marché à terme des obligations souveraines

Malgré des volumes plus forts qu’attendu au premier jour de cotation, l’absence des banques et assureurs pèse sur la liquidité à court terme
Patrick Aussannaire

Le marché à terme des obligations souveraines chinoises attend les grosses institutions pour prendre son envol. Gelés depuis 1995 à la suite d’un scandale de manipulation de cours, les contrats à terme ont été plébiscités pour leur premier jour de cotation sur la place de Shanghai. Un nombre de 34.000 contrats décembre 2013, la maturité la plus traitée, ont ainsi changé de mains vendredi dernier pour un montant total de 23,4 milliards de yuans (2,9 milliards d’euros).

Commercialisés par la Commission chinoise de régulation des marchés comme un moyen pour les institutions financières d’élargir leur gamme d’instruments de couverture et d’optimisation de leur stratégie d’allocation d’actifs, ils ont pour sous-jacent les obligations souveraines chinoises à 5 ans. Un équivalent aux contrats à terme traités sur le «Bobl» allemand qui servent principalement à couvrir les positions des opérateurs. A l’issue de la première journée de cotation, le prix du contrat échéance décembre est resté stable à 94,304 yuans après avoir atteint 94,54 en début de séance. Dans le même temps, sur le marché au comptant, le prix des obligations à 5 ans progressait de 0,06% à 96,9025 yuans, les investisseurs anticipant une progression de la liquidité suite à l’ouverture du marché à terme.

«Il semble qu’un nombre important d’investisseurs non institutionnels aient participé, et les volumes échangés sont plus importants qu’attendu», estime Wang Ming, associé chez Shanghai Yaozhi Asset Management. Pourtant, l’accès du marché reste aujourd’hui limité aux sociétés de courtage, aux fonds communs de placement, aux investisseurs particuliers et à quelques acteurs privés de la gestion d’actifs. Les grands absents de ce marché sont les banques et les assureurs. Or, ils pèsent actuellement près des trois quart des volumes traités sur le marché obligataire.

Dans ce contexte, Deutsche Bank s’attend à ce que les volumes et la liquidité restent faibles, et que la différence entre les prix du marché au comptant et celui du marché à terme persiste tant que les institutions financières seront absentes. «La prochaine étape serait d’autoriser un nombre plus important d’opérateurs, ce qui permettrait au marché à terme des obligations de jouer son rôle d’instrument de couverture, et d’inciter ainsi les investisseurs à s’orienter vers ce marché», ajoute Frances Cheung, stratégiste chez Crédit Agricole CIB.

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