
Opposition en vue entre eurodéputés et ministres sur l’interopérabilité entre chambres de compensation
Le premier débat au parlement sur le règlement dérivés et chambres de compensation hier à Bruxelles donne la mesure du chemin qui reste à accomplir avant d’arriver à un accord entre députés et ministres pour permettre l’adoption du texte. «J’ai laissé plusieurs sujets ouverts», a reconnu Werner Langen, le député démocrate-chrétien allemand, chargé de préparer la position du Parlement. Le premier point d’achoppement, et non des moindres, concerne le champ d’application. Le Conseil des ministres cherche à étendre ce champ à l’ensemble des dérivés, y compris ceux qui sont négociés sur des marchés organisés. Mais plusieurs élus s’y opposent, tenant à rester sur la ligne du G20 qui consistait à se limiter aux contrats négociés de gré à gré (OTC), qui représentent plus de 90% du marché.
Le rapport Langen ne tranche pas même si son auteur s’est montré hier plus en ligne avec le document d’origine de la Commission. Derrière cette question se pose celle de l’interopérabilité entre chambres de compensation que Langen souhaite limiter. «Il y a trop de questions ouvertes» sur les risques systémiques que pourraient engendrer une interopérabilité. Or, en étendant le champ d’application, comme le recommande pour l’instant la présidence hongroise du Conseil, contre l’avis de la France et de l’Allemagne, cette interopérabilité serait renforcée et étendue, jugent plusieurs experts.
L’AFME qui représente les banques d’investissement a elle aussi regretté l’approche du rapport Langen sur ce point car elle «affecte la liberté de choix pours les acteurs du trading» et elle est contraire à la ligne suivie par la Commission depuis plusieurs années, expliquait hier l’association dans un communiqué.
Autre sujet délicat: les exemptions possibles à l’obligation de recourir à une contrepartie centrale. Les conservateurs britanniques et certains libéraux plaident pour un «carve out» pur et simple au bénéfice des assureurs et des fonds de pension. Werner Langen préconise une option plus douce, consistant à élargir le champ des collatéraux éligibles pour ces acteurs. Son idée d’exempter également les banques de petite taille ou les caisses d’épargne a reçu un accueil mitigé. «Le risque est dans le système, pas dans les établissements», a dit Sharon Bowles, la présidente de la commission ECON du parlement, qui suit le dossier pour les libéraux. La date limite de dépôt des amendements a été fixée au 16 mars.
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Erika Kirk, veuve de Charlie Kirk, transforme son deuil en tribune politique
Washington - Erika Kirk, la veuve de l’influenceur conservateur américain Charlie Kirk, tué en pleine réunion publique la semaine passée, a choisi de vivre son deuil de manière ultramédiatisée, déterminée à porter le combat idéologique que le couple partageait. Agée de 36 ans, mariée depuis 2021 et mère de deux jeunes enfants, sacrée Miss Arizona en 2012 et installée en famille dans cet Etat de l’ouest du pays, la jeune veuve aux yeux bleus perçants et à la longue chevelure blonde, croix autour du cou, défend la vision de Charlie Kirk, chantre d’une Amérique chrétienne et traditionaliste. Deux jours après que le porte-drapeau de la jeunesse trumpiste, à la tête du mouvement conservateur Turning Point USA, a été tué par balle sur un campus universitaire américain, elle a pris la parole sur les réseaux sociaux pour une déclaration aux airs de profession de foi. «Le mouvement que mon mari a construit ne mourra pas», a-t-elle promis, debout à côté du fauteuil depuis lequel il animait son podcast très écouté. «Ceux qui font le mal et sont responsables de l’assassinat de mon mari n’ont aucune idée de ce qu’ils ont fait, a-t-elle martelé. Ils ont tué Charlie parce qu’il prêchait un message de patriotisme, de foi, et d’amour miséricordieux de Dieu.» Foi imprégnée «Vous n’avez aucune idée de ce que vous venez de déclencher. Vous n’avez aucune idée du feu que vous avez allumé à l’intérieur de cette femme. Les larmes de cette veuve vont résonner dans le monde entier comme un cri de guerre», a-t-elle poursuivi, en appelant les jeunes sensibles à son message à rejoindre le mouvement cofondé par son époux et en remerciant personnellement Donald Trump pour son soutien. Le président républicain a annoncé qu’il serait présent à la cérémonie d’hommage organisée dimanche en Arizona, à Glendale, dans un stade de plus de 60.000 places. Les activités d’entrepreneuse et podcasteuse d’Erika Kirk sont imprégnées de sa foi chrétienne revendiquée. Sa ligne de vêtements baptisée «Proclaim» affiche citations de la Bible et imagerie religieuse. Avec «Biblein365», elle propose un accompagnement quotidien pour lire la Bible en un an. Son podcast hebdomadaire ambitionne de «vous permettre de respirer profondément en vous disant Dieu s’en charge ", décrit-elle sur son site internet. Diplômée en droit, et en science politique et relations internationales, elle dit actuellement faire un doctorat en études bibliques dans une université évangélique. Suivie par plus de 5 millions d’abonnés sur Instagram, Erika Kirk y partage son deuil au plus près. Dans un ensemble de photos et de vidéos posté vendredi, elle s’expose tenant et embrassant la main de son mari décédé, penchée sur son cercueil à demi ouvert. Elle se montre aussi courbée de chagrin sur le tarmac d’un aéroport aux côtés de JD Vance et de sa femme Usha, avant que la dépouille de Charlie Kirk ne soit transportée à bord de l’avion du vice-président américain. Couple modèle L’image publique de leur couple a pu être utilisée par Charlie et Erika Kirk comme produit d’appel pour le mouvement conservateur de l’influenceur proche de Donald Trump. A Dallas en juin, elle accompagnait son époux sur scène au plus grand rassemblement de jeunes femmes conservatrices du pays, organisé par Turning Point USA. «Vous ne gâchez pas votre diplôme quand vous élevez vos enfants dans la sagesse, l’amour et la vérité. Je ne veux pas que vous couriez après un salaire», leur avait adressé Erika Kirk, citée par le New York Times, en considérant que se marier «après trente ans» n'était «pas idéal». «Dieu est tellement merveilleux. Quand j’ai rencontré Charlie, avoir une carrière est devenu le cadet de mes soucis», s'était-elle confiée. «Notre combat n’est pas seulement politique, il est avant tout spirituel», a souligné la veuve de Charlie Kirk vendredi, en s’engageant à ce que son mouvement devienne «plus fort, plus sonore, plus ambitieux, et plus grand que jamais». Signe de la résonance de leur cause commune, des millions de dollars de dons ont été accumulés par diverses initiatives de soutien depuis le jour où le populaire influenceur a été tué. Elodie SOINARD © Agence France-Presse -
Corruption et chômage poussent la jeunesse népalaise à l’exode
Pharping - «Il n’y aura bientôt plus de jeunes pour porter nos cercueils», se lamente l'élu d’un village népalais frappé par l’exode de la «Génération Z», qui a manifesté la semaine dernière pour protester contre la corruption et le chômage. «Au moins 25% de nos jeunes sont déjà partis, laissant derrière eux des maisons vides (...) les personnes âgées se retrouvent seules», explique Shyam Bahadur Khatri, 69 ans. A une heure de route de Katmandou, Pharphing concentre les difficultés qui ont conduit la jeunesse népalaise à laisser éclater sa colère. Selon le dernier bilan officiel, la répression des manifestations puis les émeutes qui ont causé la chute, la semaine dernière, du gouvernement se sont soldées par au moins 72 morts. Des nombreuses revendications des protestataires, l’accès à l’emploi arrive en tête. Les dernières estimations de la Banque mondiale révèlent que plus de 20% des 15-24 ans étaient au chômage en 2024. Faute d’usines, les jeunes de Pharping travaillent dans l’agriculture comme saisonniers, guère plus de deux mois par an. «Ils n’ont pas d’autre choix que de s’exiler», résume M. Khatri. Agé de 31 ans, Santosh Sunar a déjà travaillé un temps à Bangalore, dans le sud de l’Inde. Faute d’avoir trouvé un emploi au pays, il sait qu’il devra sûrement repartir à l'étranger. «C’est difficile de vivre loin de ma femme», serveuse à Dubaï, «et ce sera encore plus dur de quitter ma mère et ma fille», anticipe déjà le père de famille. «Mais il n’y a aucune opportunité ici, même après des études», insiste Santosh Sunar, «partir n’est pas un choix mais une question de survie». «Pas d’autre choix» Chaque année, des centaines de milliers de Népalais sont contraints de s’expatrier pour trouver du travail en Inde ou au Moyen-Orient. L’an dernier, ce nombre a atteint 839.000, selon les statistiques du gouvernement népalais. Les transferts de fonds depuis l'étranger sont devenus vitaux pour l'économie du Népal. En 2024, ils ont représenté un tiers de son produit intérieur brut, soit le quatrième taux le plus élevé au monde, selon la Banque mondiale. A la tête du nouveau gouvernement provisoire chargé de mener le pays à des élections en mars prochain, l’ex-cheffe de la Cour suprême, Sushila Karki, s’est engagée à répondre aux revendications des jeunes contestataires. «Je ne suis pas allé à Katmandou (pour manifester) mais je soutiens pleinement leurs revendications», affirme Santosh Sunar. Sa mère, Maiya Sunar, 48 ans, ne cache pas sa tristesse à l’idée de voir son fils repartir. «Je comprends», s’empresse-t-elle d’ajouter, «les jeunes n’ont pas d’autre choix». Kamala Sunar, sa voisine de 40 ans, s’apprête elle aussi à voir sa fille aînée Rakshya, 27 ans, mère célibataire d’une fillette de deux ans, prendre la route de l’exil. Sa cadette, Diksha, 24 ans, vit déjà à Dubaï où elle est femme de ménage. «Elle m’a conseillé de ne pas suivre son exemple car les horaires sont très lourds et les conditions de vie difficiles», explique Rakshya. «Mais quelle vie puis-je offrir à ma fille ici ? Il n’y a rien». «Si je travaille dur quelques années et que j'économise de l’argent pour lui payer des études», veut croire la jeune femme, «elle aura peut-être un avenir meilleur». Bhuvan BAGGA © Agence France-Presse -
A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d'une lignée de pêcheurs
Boulogne-sur-Mer - Ouvert d’un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient «plus trop d’avenir» dans ce métier. Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent «la pêche en bœuf": «le filet est tendu entre les deux bateaux, c’est comme une charrue tirée par deux bœufs», explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy. Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté «l’autoroute du détroit» du Pas-de-Calais en direction du sud. Mi-septembre, l’air est doux et la mer calme. Le premier «coup de chalut» est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français. Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — «énormes par rapport à la petite bretonne», souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante. Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d’un métier «de liberté» qui «remplit l’assiette», affleure une inquiétude profonde. «C’est un métier difficile, trop de contraintes...», glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot. «Trompe-l’oeil» Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, «on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier», dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n’ont «aucune intention» de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n’ont jamais envisagé d’embarquer et Vincent «ne souhaite pas» que ses enfants, encore petits, suivent son exemple. «C’est trop de sacrifices. S’ils veulent être marins, je préfère qu’ils choisissent la marine marchande», sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, «une passion», mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit. Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d’un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques. La bataille a laissé des traces. «Les Anglais, si on les a mis sur une île, c’est qu’il y a une raison», lâche Nicolas Margollé. «On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c’est un trompe-l'œil. Parce qu’en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va», explique le capitaine, qui réalise «30 à 40%» de son chiffre d’affaires dans les eaux britanniques. Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l'équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d’un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). «Un espace de plus fermé à la pêche.» Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. «Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses», jusqu'à 3 km². La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d’un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet. «On l’a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d’affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis», raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans. Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux. Devoir «se justifier» Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d’euros, «aujourd’hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions». L’avenir est «trop plein d’incertitudes» pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères. Alors ils améliorent l’existant, viennent d’installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons. Les marins étaplois sont aussi las de devoir «se justifier": après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond — qui racle les fonds marins — pour chasser l’encornet. «Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien», balaye Nicolas Margollé. La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d’arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu’au retour au port. Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec «22 tonnes de sardines». «Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus.» Sofia BOUDERBALA © Agence France-Presse