
Négociations à marche forcée sur la résolution

La recapitalisation directe des banques sera l’ultime recours à l’issue de l’évaluation des actifs bancaires que la Banque centrale européenne s’apprête à faire en 2014, d’après une déclaration adoptée par les ministres des finances des Vingt-Huit réunis jeudi et vendredi à Bruxelles. Pour le mécanisme européen de résolution (MES) en place à partir de 2015, les discussions vont s’accélérer d’ici au Conseil européen des 20 et 21 décembre, dans l’attente de la formation du gouvernement allemand.
Globalement, «nous sommes tombés d’accord sur les principaux sujets mais nous devons encore passer du temps sur quelques autres» concernant le MES, a expliqué le ministre des finances lithuanien qui préside le conseil Ecofin jusqu’à fin 2013. L’Allemagne reste le dernier pays à douter de la base juridique retenue par la Commission européenne, qui permettrait d’approuver le dispositif à la majorité des Etats membres. Celle recommandée par Berlin supposerait l’unanimité, donnant de facto un droit de veto aux pays non membres de la zone euro, comme le Royaume-Uni ou la Pologne.
Autre pomme de discorde: le fonds de résolution unique paneuropéen proposé par la Commission et qui serait constitué progressivement entre 2015 et 2025 par des contributions de l’industrie à concurrence de 60 milliards d’euros. «Nous travaillons sur le présupposé d’un fonds unique», a expliqué la présidence lithuanienne à l’issue de la réunion de vendredi, tout en ajoutant qu’il fallait encore décider «comment il peut être construit pendant la période de transition». Le ministre allemand Wolfgang Schäuble assure que la création d’un tel fonds suppose une révision du traité. Le délai prévu laisse le temps d’engager la négociation d’une «constitution» de la zone euro demandée par la chancelière Angela Merkel.
Les discussions sur le MES vont reprendre au niveau technique la semaine prochaine en vue d’une nouvelle réunion ministérielle les 9 et 10 décembre. Elles porteront notamment sur le champ du mécanisme de résolution. On s’oriente vers la possibilité de confier la résolution à une autorité nationale pour les plus petits établissements. L’idée de faire participer le conseil des ministres aux décisions sur les plans de résolution, autre demande allemande, gagne aussi du terrain, alors que la Commission avait proposé de s’arroger seule cette compétence. La semaine dernière Michel Barnier s’est dit «ouvert» à cette possibilité.
Un accord à Vingt-Huit sur le MES d’ici fin 2013 reste plus que jamais suspendu à la formation d’un gouvernement à Berlin. «Il y a des chances pour disposer d’un accord de coalition fin novembre», indiquait vendredi une source diplomatique. Un vote des militants du SPD est pour l’instant planifié pour le 12 décembre et l’élection de la chancelière par le Bundestag pourrait intervenir dès le lendemain.
L’entrée en vigueur du ‘bail-in’, négocié séparément du MES dans le cadre de la directive sur la résolution et le redressement des banques (dite BRRD), sera déterminante. Berlin propose 2015, au lieu de 2018, comme avancé par la Commission, pour permettre la conversion en actions des titres détenus non seulement par les créanciers junior mais aussi par les créanciers senior. Cette concession est jugée «acceptable» par Michel Barnier, «dans le contexte d’un compromis global». La négociation de la BRRD entre le Parlement et le Conseil reprendra mardi.
Plus d'articles du même thème
-
L’inflation de la zone euro n’a quasiment pas augmenté en août
Eurostat a révisé de 2,1% à 2% le taux d’inflation pour la zone euro en rythme annuel en août, et de 0,2% à 0,1% en rythme mensuel. Et a confirmé que la croissance des salaires a encore été tirée par l’Allemagne et les Pays-Bas au deuxième trimestre. -
Patrick Drahi s’apprête à relancer la vente de ses parts dans XpFibre
Un an après une première tentative avortée pour vendre ses 50,01% de parts dans le réseau français d'accès haut débit, l'homme d'affaires relance le processus. Cela pourrait prendre effet dès cette semaine. -
Cyrus Herez ajoute Aliquis Conseil dans son escarcelle
Ses trois associés historiques deviennent associés du groupe Cyrus. -
Verisure veut lever 3,1 milliards d’euros en rejoignant la Bourse de Stockholm
Le spécialiste de la sécurité compte utiliser le produit de cette augmentation de capital pour réduire son endettement et financer l’acquisition d’ADT Mexico. Deux actionnaires devraient participer à l’opération. -
EXCLUSIF
Philipp Freise et Jérôme Nommé (KKR) : «C’est le moment d’investir en Europe et en France !»
Dans une interview exclusive à L’Agefi, le co-responsable du private equity en Europe et le patron des activités françaises dressent le bilan des 20 ans de présence de KKR en France et affichent leurs ambitions pour le futur. -
L’écosystème technologique des métiers du chiffre est en plein essor
La première édition de l’Observatoire des techs de la profession comptable recense 262 entreprises.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Valérie Baudson : «Amundi n'a pas besoin d'acquisition pour croître»
- BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Eric Bertrand va prendre la direction générale d’Ofi Invest AM
Contenu de nos partenaires
-
Népal : à la prison de Katmandou, les évadés d'un jour regagnent leur cellule
Katmandou - «C'était terrible à l’extérieur... alors je rentre». Quelques jours seulement après s'être enfui de sa prison de la capitale népalaise Katmandou, Avinash Rai, 46 ans, s’est représenté à sa porte, le ventre plein d’un bon repas pris en famille. Comme lui, plus de 13.500 détenus ont profité des émeutes meurtrières qui ont renversé, la semaine dernière, le gouvernement népalais pour fausser compagnie à leurs gardiens. Quand il évoque le désordre qui a précipité son évasion, Avinash Rai en tremble encore. «Nos vies étaient en danger», décrit-il, ses deux sacs en bandoulière, avant de rejoindre sa cellule. «C'était fou. Il y avait des milliers de manifestants hors de contrôle qui criaient à l’extérieur et aucun policier nulle part», raconte le détenu. «Il y avait le feu partout, des actes de vandalisme. Et soudain, les portes se sont ouvertes». Il les a franchies sans réfléchir, poussé vers la liberté dans un pays en plein chaos. Les troubles ont éclaté le 8 septembre lorsque la police a ouvert le feu sur des milliers de jeunes manifestants, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Au moins 19 protestataires ont été tués ce jour-là à Katmandou et dans le reste du pays. «Revenez plus tard» Le lendemain, la colère s’est déchaînée dans les rues de la capitale, où les symboles du pouvoir, le parlement en tête, ont été incendiés, détruits ou pillés. Au pouvoir depuis 2024, le Premier ministre KP Sharma Oli a dû démissionner. Au total, 73 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel publié mercredi. «Les autorités de la prison, ou ce qu’il en restait, nous ont dit +partez, et revenez plus tard, quand ce sera plus sûr+", se souvient Avinash Rai. Condamné à vingt-deux mois de prison pour contrebande avec l’Inde, il ne lui en reste plus que deux à purger. Alors il a décidé, sagement, de suivre le conseil de ses geôliers. «C'était fou que tous ces gens aient pu s'évader», s'étonne encore Nagendra Sreshtha, un ami venu le raccompagner. «On lui a dit que c'était dans son intérêt de rentrer en prison de son plein gré». En échange, Avinash Rai espère désormais «un peu de clémence» du gouvernement provisoire mis en place jusqu’aux élections prévues en mars 2026. D’autres que lui ont fait ce pari. Selon le porte-parole de la police, Binod Kharel, environ 5.000 évadés avaient retrouvé mercredi leur cellule, pour la plupart volontairement. Parmi ceux qui se pressent devant la prison de Bakhu, il y a aussi Som Gopali, 40 ans. Condamné à cinq ans pour agression, il revient accomplir les neuf mois qui lui restent. «Pas une évasion» Une dernière étreinte avec son épouse, et il franchit la lourde porte de l'établissement. «Ca a été un choc quand Som m’a téléphoné pour me dire qu’il était dehors. J'étais sidérée», confie sa sœur Preeti Yonyan, 42 ans, qui se pince encore pour croire à sa sortie inattendue. «Il n’aurait pas tenu très longtemps dehors, avec la police à ses trousses», raisonne-t-elle. Noircis par les flammes, recouverts de graffitis à la gloire de la «Génération Z», les hauts murs de la maison d’arrêt de Bakhu ont gardé les traces de l’assaut lancé par les émeutiers. «La structure des bâtiments n’a pas été atteinte mais il n’y a plus de couvertures, de matelas ou d'équipement. Et de la suie partout», témoigne Savyata Bahkati, 22 ans, volontaire pour une association qui intervient en détention. «Ils ont commencé à nettoyer les murs et à les repeindre», poursuit-elle, «mais ça va encore prendre trois ou quatre jours». Les derniers candidats à la réincarcération se pressent devant la prison. «Ce n'était pas une évasion. Mon fils est innocent», répète Suresh Raj Aran, 40 ans, espérant que Sevak, 23 ans, ne soit pas puni pour s'être fait la belle. «Bien sûr, je préfère qu’il soit à la maison», dit-elle, «mais dans le respect de la loi». Bhuvan BAGGA © Agence France-Presse -
Parole parole
Déçu par leur rencontre avec Sébastien Lecornu, le PS envisage la censure « dès la déclaration de politique générale »
Rien de constructif n’est ressorti du premier round de discussion entre le Premier ministre et les socialistes, ce mercredi matin. Le mot de « justice fiscale » a bien été prononcé, mais sans véritable contenu, laissant les cadres du PS sceptiques sur la « rupture » promise par le nouveau locataire de Matignon -
Peut mieux faire
Le conflit avec la Thaïlande pèse sur une économie du Cambodge à la peine
Même si le pays a échappé à des droits de douane américains exorbitants, sa situation économique est fragilisée par les tensions avec son voisin thaïlandais et des pesanteurs intérieures