Moody’s vante les mérites de la monétisation des dettes publiques

L’agence met implicitement en avant les limites de la politique de la BCE par rapport à la BoE pour justifier la dégradation de la France
Alexandre Garabedian

Parmi les arguments invoqués par Moody’s pour dégrader la France, la plupart sont de facture classique. Manque de compétitivité, rigidité du marché du travail, dérive budgétaire, croissance faible…, le refrain est connu. Mais l’agence de notation américaine a aussi mis en avant un élément beaucoup plus sujet à caution: l’absence de monétisation de la dette publique par la banque centrale.

«Une hausse du service de la dette accroîtrait davantage la pression sur les finances du gouvernement français, qui, contrairement à d’autres pays extérieurs à la zone euro bénéficiant de la même notation, n’a pas accès à une banque centrale nationale qui pourrait lui fournir un financement de sa dette dans le cas d’un dérèglement des marchés», écrit l’agence.

Le fait que Moody’s ne considère pas la Banque centrale européenne (BCE) comme un prêteur en dernier ressort provoque quelques froncements de sourcils chez certains économistes. «L’agence préfère une banque centrale à l’anglo-saxonne, qui peut intervenir et potentiellement monétiser la dette d’un Etat mais éviter un défaut à court terme, aux statuts actuels de la BCE. Ce jugement est très discutable pour une agence qui doit protéger les intérêts des détenteurs obligataires», estime Christian Parisot, responsable de la recherche chez Aurel BGC.

Hors zone euro, le Royaume-Uni a largement bénéficié de sa capacité à déprécier le sterling et de la politique d’achat d’emprunts d’Etat de la Banque d’Angleterre, qui a atteint 375 milliards de livres en novembre. La boucle vient d’être bouclée avec l’annonce du transfert au Trésor des coupons engrangés par la BoE sur son portefeuille. Le pays est toujours noté triple A chez Moody’s, S&P et Fitch et se finançait encore hier à 1,84% à 10 ans (contre 2,14% pour la France), même si l’écart de rendement entre les deux pays s’est réduit de 30 points de base depuis début octobre au bénéfice de Paris. Avec une inflation attendue à 2,7% en fin d’année, la courbe des taux réels britannique est négative jusqu’à 20 ans.

La situation du royaume n’a pourtant rien d’enviable. Dans ses dernières prévisions économiques, l’Union européenne table sur une contraction du PIB de 0,3% cette année et une croissance de 0,9% seulement en 2013. Malgré les efforts d’austérité entrepris, le déficit public du Royaume-Uni atteindrait 7,2% du PIB l’an prochain et encore 5,9% en 2014, selon Bruxelles.

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